Citations sur La Tentation de saint Antoine (59)
LA VIEILLE
Faire une chose qui vous égale à Dieu, pense donc !
Il t'a créé, tu vas détruire son oeuvre, toi, par ton courage, librement ! La jouissance d'Erostrate n'était pas supérieure. Et puis, ton corps s'est assez moqué de ton âme pour que tu t'en venges à la fin. Tu ne souffriras pas. Ce sera vite terminé. Que crains-tu ? un large tri=ou noir ! Il est vide, peut-être ?
(P. 219)
LA MORT
Je te découvrirai ce que tu tâchais de saisir, à la lueur des flambeaux, sur la face des morts, - ou quand tu vagabondais au delà des Pyramides, dans ces grands sables composés de debris humains. De temps à autre, un fragment de crâne roulait sous ta sandale. Tu prenais de la poussière, tu la faisais couler entre tes doigts ; et ta pensée, confondue avec elle, s’abîmait dans le néant.
LA LUXURE
Mon gouffre est plus profond ! Des marbres ont inspire d’obscènes amours. On se précipite à des rencontres qui effrayent. On rive des chaines que l'on maudit. D’où vient l'ensorcellement des courtisanes, l'extravagance des rêves, l’immensité de ma tristesse ?
La Mort : Mon ironie dépasse toutes les autres ! Il y a des convulsions de plaisir aux funérailles des rois, à l'extermination d'un peuple; -et on fait la guerre avec de la musique, des panaches, des drapeaux, des harnais d'or, un déploiement des cérémonie pour me rendre plus d'hommages.
Comme l’existence provient de la corruption, la corruption du désir, le désir de la sensation, la sensation du contact, j’ai fui toute action, tout contact ; et – sans plus bouger que la stèle d’un tombeau, exhalant mon haleine par mes deux narines, fixant mon regard sur mon nez, et considérant l’éther dans mon esprit, le monde dans mes membres, la lune dans mon cœur, - je songeais à l’essence de la grande Âme d’où s’échappent continuellement, comme des étincelles de feu, les principes de la vie.
L’homme, étant esprit, doit se retirer des choses mortelles. Toute action le dégrade. Je voudrais ne pas tenir à la terre, — même par la plante de mes pieds !
Le Bouddha : Ayant vaincu le démon, j'ai passé douze ans à me nourrir exclusivement de parfums ; - et comme j'avais acquis les cinq vertus, les cinq facultés, les dix forces, les dix-huit substances, et pénétré dans les quatre sphères du monde invisible, l'Intelligence fut à moi ! Je devins le Bouddha !
D'autres fois, ayant passé la Toucques en bateau, ils cherchaient des coquilles. La marée basse laissait à découvert des oursins, des godefiches, des méduses ; et les enfants couraient, pour saisir des flocons d'écume que le vent emportait. Les flots endormis, en tombant sur le sable se déroulaient le long de la grève ; elle s'étendait à perte de vue, mais du côté de la terre avait pour limite les dunes la séparant du Marais, large prairie en forme d'hippodrome. Quand ils revenaient par là, Trouville, au fond sur la pente du coteau, à chaque pas grandissait, et avec toutes ses maisons inégales semblait s'épanouit dans un désordre gai.
J'ai engendré les poètes, les conquérants, les prophètes; j'ai fait les dieux.
Te rappelles-tu les cris d'amour que tu poussais en m'étreignant sur ta poitrine?
Le pigeon, les ailes cassées, palpitait, suspendu dans les branches d’un troëne.
La persistance de sa vie irrita l’enfant. Il se mit à l’étrangler, et les convulsions de l’oiseau faisaient battre son cœur, l’emplissaient d’une volupté sauvage et tumultueuse. Au dernier raidissement, il se sentit défaillir. [La Légende de saint Julien l’Hospitalier]