Un vieux proverbe dit : "Si les hyènes sont sur tes talons, jette-leur en pâture le morceau le plus juteux, un agneau qui vient de naître. Tu verras que quand elles ouvriront grand la gueule pour déchiqueter leur proie, il n'est ni hyène ni chacal qui fera attention au reste."
Mieux vaut être fringant tant qu'on est de ce monde que d'être beau une fois dans la tombe !
On raconte qu'à l'époque cette infâme prouesse [le massacre de conjurés] suscita plus d'éloges que d'indignation. La grande ruse de César [Borgia], et la détermination de condottiere avec laquelle il s'était débarrassé de ses rivaux lui valurent l'admiration de tous. Evidemment, certaines atrocités, lorsqu'elles font le jeu des intérêts politiques ou personnels, peuvent être considérés comme des vertus. Ce sont des choses qui arrivent, ou plutôt qui arrivaient au XVIème siècle.
Quel goût y a-t-il à être riche s'il n'y a pas de pauvre à plaindre ?
Le grotesque est le plus sûr moyen d'accéder à la sagesse.
Un mort au déjeuner, un cadavre durant le "palio", un juron au Sanctus, tout cela n'a plus rien d'anormal. Il est étrange qu'ici, dans ce magnifique palais, on ne trouve pas un cercueil habité de cadavres !
Comme chacun sait, on trouve sans peine en Italie, des personnes disposées à monter sur le char du premier envahisseur venu.
Lucrèce commença par écrire le texte d'un "cri", puis elle chargea un nombre important de tambours de ville d'en faire lecture sur les places des marchés et, avec l'agrément de l'évêque, dans les églises pendant les offices. Le texte disait ceci : «Depuis des années sévit dans cette ville un nombre important d'infâmes personnages qui pratiquent l'usure. La peste cause certainement moins de désastres que ces prêts usuraires. Des familles entières se sont vues ruinées par ces criminels, qui proposent des taux à trente pour cent pour ensuite augmenter de manière systématique les intérêts de qui tarde à les rembourser. Grâce à cette nouvelle banque de charité, nous nous substituerons à eux, non pour vous soutirer de l'argent à leur place, mais pour empêcher que ces canailles vous l'arrachent des poches. À Venise, cela fait plusieurs années que les vils prêteurs sont sévèrement punis : mis au pilori, ils sont pendus des jours durant dans une cage à la tour de justice, dépouillés du droit de cité et à tout jamais chassés des murs de la ville. Que ces infâmes soient prévenus : nous appliquerons la même loi à Ferrare. À cette fin, nous avons créé une escouade spéciale qui nous a procuré les noms des malfaiteurs et certains, en ce moment même, sont déjà en prison. Par l'intermédiaire de cette banque nouvellement fondée, nous acceptons les demandes de prêt, ne craignez pas que votre besoin soit jugé indigne, aucun gage ne sera réclamé. En échange, toutefois, vous devrez vous soumettre à des travaux d'intérêt général quelques jours par semaine jusqu'à remboursement de votre dette.»
Pour ce "cri" aussi, Lucrèce s'est probablement inspirée d'une des harangues que saint Bernardin clamait sur les places de Sienne et qui venait d'être réimprimée.
Il est bien connu que quand des gens simples et trop généreux parviennent à abattre les barrières de l'avidité, les "possessores" de tous les privilèges, certains grands prélats en tête, dressent l'oreille et soupçonnent d'hérésie quiconque produit cette solidarité.
...Giovanni se comporte en mari heureux et amoureux. Et comment pourrait-il en être autrement ? Il suffit d’admirer le célèbre portrait de Lucrèce peint par Bartolomeo Veneto, où la jeune fille apparaît auréolée de fins cheveux blonds encadrant un visage pour le moins stupéfiant, pour s’exclamer : « Pas un homme au monde pourrait ne pas succomber aux grâces d’une telle beauté ! »