Je l'accorde, ce n'est pas de la "grande" littérature, bien qu'il ait pourtant obtenu le prix Nobel en 1998. Mais qu'est-ce que la "grande" littérature? Une prose gracieuse et fuyante? des histoires sentimentales dignes d'intérêts: la passion amoureuse, la haine, le remords? Je crois bien que tout n'est que subjectivité. Oui,
Dario Fo est un bouffon, un clown, un saltimbanque, un guignol, un baratineur de première, il n'est peut-être pas digne des hautes sphères de nos académies, trop éloigné de leurs préoccupations, il nous écrit comme il nous parle, il est avant tout un homme de scène et cela fait un bien fou. Car son style oral si proche de notre langue quotidienne est en adéquation avec les thèmes abordés: le théâtre, l'acteur, la politique, la lutte des classes.
Dario Fo s'adresse à tout le monde, pas seulement à la catégorie des lettrés, qui n'est probablement pas la plus à plaindre. Il joue pour les bannis, les mauvais, les torchons, les gouailleurs, les emmerdeurs, les classes moyennes proches de la relégation qui supportent les injustices quotidiennes infligées par les nantis grâce à un sens aigu de la satire, de la dérision et de la provocation.
Le gai savoir de l'acteur est un livre à part, puisqu'il s'agit d'une conférence-spectacle retranscrite.
Dario Fo et Franca Rame, sa femme, nous y exposent leurs visions du théâtre et du jeu d'acteur. Un livre de chevet pour les apprentis comédiens, mais aussi un vrai plaisir de lecture pour ceux qui on envie de se questionner et se libérer par le rire.