Antonia, épouse de Giovanni, un ouvrier revient des courses avec Margherita, une amie, qui ne comprend pas comment Antonia a pu s'offrir autant de choses. Cette dernière finit par lui avouer, que la vente sauvage au prix coûtant organisée par des militants a été interrompue par les policiers, et que la foule, de dépit, s'est dirigée vers un supermarché en exigeant de payer les mêmes prix, puis en partant sans payer. Margherita est un peu effrayée, mais accepte de la marchandise volée. Antonia a toutefois peur de son mari : ce dernier, communiste depuis toujours, veut que les ouvriers soient d'une honnêteté sans faille pour se distinguer des patrons. Elle cache donc la marchandise, ne laissant sur la table que de la nourriture pour animaux qu'elle a embarquée par erreur. Suit une scène hilarante, après l'arrivée de Giovanni. Antonia prétend avoir pris la nourriture pour animaux parce que c'est tout ce qu'elle avait les moyens de payer. Margherita ayant caché de la nourriture dans ses vêtements, ce qui lui donne l'allure d'une femme enceinte, ce que Giovanni ne comprend pas, travaillant avec son mari, et l'ayant vu quelques jours auparavant sans aucun ventre. Mais Antonia n'est jamais à court d'explications, au point de lui faire perdre la tête. Après le départ des deux femmes, arrive la police qui perquisitionne dans l'immeuble pour retrouver la marchandise volée. Un policier se laisse abuser par la nourriture pour animaux, et de toutes les façons il semble de tempérament anarchiste. Mais un gendarme qui survient n'a pas le même état d'esprit et il est prêt à découvrir les articles cachés par Antonia. Mais les deux femmes étant revenues, pour fuir la police, il pense Margherita sur le point d'accoucher et appelle une ambulance. D'autres mésaventures vont survenir, jusqu'à faire changer d'avis de Giovanni sur la notion de vol.
La pièce est un mélange étonnant de farce, voire de vaudeville, avec un burlesque très puissant, le personnage d'Antonia jamais à court d'idées pour camoufler ou se sortir d'une situation impossible, est le grand moteur de l'action, et de discours politique.
Dario Fo met sur la scène un certain nombre d'actions organisées surtout par des comités de quartier, dans le cadre de luttes ouvrières, provoquées par les effets de la crise des années 70 en Italie. Des ventes à prix coûtant par les militants en font partie, comme des occupations de logements vides, la désobéissance civile. Certaines de ces formes de lutte ont donné lieu à des affrontements très violents avec la police. La pièce explicite un certain nombre d'actions en les justifiant. Il ne faut pas oublier qu'à cette époque (la pièce date de 1974),
Dario Fo voulait s'adresser à un public populaire, jouant dans les usines et les maisons du peuple, et les personnages présents sur scène, sont ceux devant qui il joue. D'où aussi un langage très simple, tel que ses spectateurs le parlaient entre eux. La pièce a aussi un aspect féministe, les femmes étant les plus touchées par la situation, elles travaillent comme leurs maris, mais doivent en plus gérer les soins de la maison, et essuyer les mauvais humeurs de leurs époux, si elles n'arrivent pas à tout faire fonctionner, alors qu'elles n'en ont tout simplement pas les moyens.
Malheureusement la pièce n'a pas perdu de son actualité quand à son contenu, et peut toujours être sujet de débat dans la situation sociale actuelle. Par ailleurs, son comique est puissant, d'une folle inventivité, et si les acteurs sont à la hauteur elle doit être désopilante à voir.