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Citations sur Le silence des bêtes. La philosophie à l'épreuve de l'anima.. (53)

Le visage se refuse donc à mes pouvoirs de jouissance et de connaissance, puisqu'il relève la profondeur de l'ouverture : "ouverture", mot commun à Heidegger et à Lévinas, et qui désigne cela même qui manque à l'animal. "Ni la destruction des choses, ni la chasse, ni l'extermination des vivants ne visent le visage qui n'est pas du monde. Elles relèvent encore du travail, ont une finalité et répondent à un besoin." C'est l'absence de visage chez l'animal, qui autorise donc - au plus haut niveau, si l'on ose dire - que continue de se perpétuer des mises à mort auxquelles est déniè en toute bonne conscience le statut de meurtre.
p953-954, Visages
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En ce qui concerne les autres hommes, on peut remarquer que leur "culpabilité" quant au crime alimentaire varie selon l'éloignement et les médiations qui existent entre l'abattoir et leur table, et cette mise à distance témoigne encore de l'innocence primitive. On peut, dit Mandeville, faire passer le végétarisme pour une folie, mais "cette folie précède d'une passion réelle, inhérente à notre nature, et elle suffit à démontrer que nous sommes venus au monde avec une répugnance à tuer, et par conséquent à manger les animaux". Il esquisse ici un thème inédit : celui d'un retour du naturel, qui dans l'état de société est perçu comme une folie, non pas seulement par la multitude ou encore par quelques sages, mais constitutivement, en quelque sorte, structurellement.
p672, Des intestins, un estomac innocents.
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Aristote, dans l’Éthique à Eudème, fait de ce fragment une sorte de proverbe : "Ce qui t'amuse me fait mourir". La terrible mise en garde de l'inhumain divertissement de l'homme et du sérieux animal de la mort, cette remarque laconique semble valoir pour tous les jeux cruels que les hommes ont inventés, dans leur histoire, pour faire souffrir et mourir les bêtes les plus inoffensives - chasse à courre, corrida, combats de coqs et de chiens, tir au pigeons -, et elle donne à réfléchir sur ce vivant qui fait mourir d'autres vivants par pur plaisir du meurtre.
p212 - Les soi-disant hommes-chiens
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Le propos de Lucrèce fut de désenchanter le monde, de désensorceler la réalité pour émanciper les hommes des craintes inspirées par la religion, par la prétendue intervention des dieux dans les affaires humaines, par les diverses croyances en l'immortalité des âmes.
p157 - Lucrèce...
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La parenté de la chair qu’on mange (sarx) et de la chair qui constitue la pesanteur d’un corps (sôma) rebelle à l’âme, fait que le goût communique aux autres sens sa démesure honteuse comme en un crescendo de dépravations, une surenchère de sensualité, menant en fin de compte et paradoxalement à l’insensibilité criminelle : il ne serait pas antiplutarquien de nommer cette transgression de toutes les transgressions « péché de chair », en deçà ou par-delà l’acception chrétienne d’un tel syntagme.
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Les animaux de Zarathoustra facilitent, en les allégorisant, les renversements majeurs de la pensée du philosophe. Mais ils pâtissent, comme c’est le cas au reste du ton même de Nietzsche dans cette œuvre, d’une présence latente et obsédante des signifiants évangéliques et plus particulièrement johanniques, que le texte prétend subvertir.
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Mais je me demande seulement quelle manière d'être ensemble - entre hommes, entre hommes et femmes, entre malades et bien-portants, entre morts et vivants, entre enfants et adultes, entre fous et sensés, entre hommes et bêtes, entre bêtes elles-mêmes - pourrait aider à réinscrire l'animal dans une chaîne symbolique qui ne fasse plus bon marché de lui.
p1004, Retour au sacrifice
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C'est à la religion que profite l'opération proprement philosophique qui consiste à faire du vivant une machine, et les raisons que Descartes fait passer pour strictement scientifiques ou philosophiques ne sont en réalité que théologiques.
p635, Sur les ruines du mécanisme
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C'est le souci ésotérique, élitiste de soi-même qui commande de réviser et même d'abolir la tradition logocentriste pour trouver des raisons de ne pas attenter à la vie animale : on est loin de la compassion et du sentiment de solidarité avec tout ce qui respire. Porphyre cite des recommandations d'inspiration végétarienne qui viennent à point renforcer sa thèse prescriptive, mais rien ne dit qu'il les suive, malgré la radicalité de sa propre position. Ne pas manger de viande, cela reste peut-être pour lui en définitive une affaire entre soi et soi, entre la partie rationnelle de l'âme et la partie irrationnelle (...)
p190 - La souillure carnivore
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Les Présocratiques sont pieusement zoophiles, les platoniciens sont nostalgiques de la proche et lointaine plaine de vérité.
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