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Citations sur Molière (12)

3. Et Poquelin devint Molière (1643-1645)
Le 30 juin 1643, un mois et demi après la mort de Louis XIII, un peu plus de six mois après celle de Richelieu, à l’aube d’un nouveau règne et d’une ère nouvelle, Jean-Baptiste Poquelin, âgé de vingt et un ans, signait un contrat d’association avec dix autres personnes pour légaliser l’existence d’une troupe qu’ils nommèrent l’Illustre Théâtre. L’adjectif était à la mode : il servait à qualifier des hommes au mérite éclatant, et l’on voyait depuis peu dans les romans et les tragi-comédies de grands princes devenus d’« illustres corsaires » ou d’« illustres pirates ». Pour des débutants, quoi de mieux que de se présenter comme déjà illustres ? Le notaire avait apporté le contrat rue de la Perle, chez les Béjart. Les autres signataires étaient Joseph, Madeleine et Geneviève Béjart, Catherine des Urlis, Germain Clérin, Nicolas Bonnenfant, Madeleine Malingre, Denis Beys et Georges Pinel. Apposèrent aussi leur signature, outre le notaire, les garants pour les deux comédiennes encore mineures, Marie Hervé pour sa fille Geneviève Béjart (dix-neuf ans), et la mère de Catherine des Urlis (seize ans). Signa aussi André Mareschal, auteur de théâtre renommé depuis le début des années 1630, présent en outre du fait de sa qualité d’avocat. Jean-Baptiste est déclaré habitant rue de Thorigny, tandis que les trois Béjart sont domiciliés dans la maison de leur mère, rue de la Perle.
La date de ce contrat surprend. C’est trois semaines avant Pâques, au cœur du carême, au moment où toute activité théâtrale devait cesser, que la plupart des comédiens français se retrouvaient à Paris…
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8. La naissance de Sganarelle (1660)
La pochade des Précieuses n’avait pas manqué d’enrichir la troupe. Quand finit la saison, à la mi-mars 1660, la portion des bénéfices revenant à chaque comédien — la « part d’acteur » — frôlait les 3 000 livres, plus du double de la très courte saison précédente, alors que le nombre d’acteurs avait augmenté et que les recettes devaient être désormais divisées en douze parts au lieu de onze. Pour Molière, le bilan était encore meilleur, puisqu’il était aussi auteur : à sa part d’acteur s’ajoutèrent des sommes prélevées à cinq reprises sur les recettes à son intention en décembre et en janvier, pour un total de 1 000 livres. Son revenu annuel avait atteint 4 000 livres : plus de vingt fois le salaire annuel des mieux payés des commis de son père. Sur le plan financier, Molière était en train de réussir au-delà de ce que quiconque de son milieu d’origine pouvait espérer.
Tout serait donc allé pour le mieux si les deuils ne s’étaient enchaînés durant le relâche de Pâques. Ce fut d’abord le vieux Jodelet, qui s’éteignit le Vendredi saint. Il fut enterré le lendemain avec un « convoi de 16 prêtres » à Saint-Germain-l’Auxerrois, preuve qu’il avait eu le temps, comme Joseph Béjart un an plus tôt, d’abjurer son métier de comédien devant un prêtre et de recevoir l’extrême-onction. Ce fut ensuite la mort de Jean Poquelin le jeune, tapissier valet de chambre du roi, le samedi 3 avril. Les liens étaient restés très étroits entre les deux frères.
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6. « La meilleure des troupes de campagne » (1656-1658)
Avec sa brillante adaptation de L’inavertito, Molière était passé au-delà des « raccommodages » et des petites comédies pour devenir un véritable « comédien-auteur ». Une espèce encore peu répandue en France, malgré le précédent de Desfontaines, naguère invité à rejoindre l’Illustre Théâtre pour sa facilité à composer tragédies et tragi-comédies. Rien d’étonnant à ce que Molière ait vite été entraîné à se lancer dans la composition d’une nouvelle grande comédie. Si l’automne-hiver 1655-1656, à Pézenas, la troupe avait été particulièrement sollicitée — et Molière plus encore que ses compagnons auprès du prince de Conti —, les longues semaines passées ensuite dans la petite ville de Narbonne, puis à Bordeaux durant l’été et la plus grande partie de l’automne de 1656, lui permirent d’avancer suffisamment son travail d’écriture pour pouvoir proposer une nouvelle comédie à la session suivante des États du Languedoc. Sachant que les comédiens avaient quitté Bordeaux le 5 décembre et qu’ils jouèrent quelques jours à Agen à compter du 9 décembre, ce dut être vers le 15 décembre 1656 qu’eut lieu à Béziers la création de la nouvelle comédie.
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7. La conquête de Paris et le miracle des Précieuses (1658-1659)
En devenant la « Troupe de Monsieur, Frère Unique du Roi », Molière et ses amis s’installèrent au Petit-Bourbon, un bâtiment royal, gratuit, bien connu du public grâce aux comédiens italiens, et qui jouxtait le Louvre. Difficile de rêver meilleures conditions, dût-on jouer les lundis, mercredis, jeudis et samedis, « jours extraordinaires », du fait du partage de la salle avec les Italiens — qui ne s’étaient peut-être pas réjouis d’apprendre l’arrivée dans leurs murs de ces comédiens de campagne… Les Béjart, Molière et quelques autres se logèrent tout à côté, dans une maison dite « de l’Image Saint-Germain », sise sur le quai de l’École (l’actuel quai du Louvre).
Vingt-quatre ans plus tard, les rédacteurs de la préface à la grande édition des Œuvres de Monsieur de Molière ne se soucièrent pas des circonstances de l’installation. Seule leur importait la présentation de la troupe au roi, qu’ils datèrent du 24 octobre 1658. Premiers artisans du légendaire moliéresque, ils sublimèrent les débuts parisiens dans une sorte de « récit de fondation » : comme si tout avait découlé d’une rencontre, décisive, entre Molière et Louis XIV, prélude à un tête-à-tête qui allait durer jusqu’à la mort du comédien-auteur.
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4. Naissance d’un chef (1646-1653)
Faut-il parler d’« exil » à propos de cette longue période ouverte en avril 1646 par le départ vers la province de la compagnie de Charles Dufresne, et achevée à l’automne de 1658 par le retour à Paris de la même troupe devenue entre-temps celle de Molière ? Oui, à la condition de préciser. Douze années durant, Molière, Madeleine et leurs camarades jouèrent loin de Paris, eux qui avaient eu le culot, tout juste débutants, de tenter d’abord leur chance dans la capitale. Mais ce fut un exil doré. Après avoir sillonné la riche Guyenne et souvent suivi la vallée de la Garonne, d’Agen à Bordeaux en passant par le somptueux petit château des ducs d’Épernon à Cadillac, ils oscillèrent entre le très riche Languedoc où ils furent invités par d’autres fastueux protecteurs et où l’argent coulait à flots, et l’opulente ville de Lyon où ils séjournèrent si souvent et si longtemps qu’ils passèrent quelquefois pour la troupe de la ville.
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De Jean-Baptiste Poquelin, sieur de Molière, il ne subsiste ni lettre, ni brouillon, ni note, ni manuscrit. A cette époque, on n'attachait nulle importance aux traces écrites des grands hommes et des grands créateurs. Une fois son oeuvre publiée, l'auteur lui-même mettait au feu brouillons et manuscrits.
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5. Naissance d’un auteur (1653-1656)
On perd la trace de la troupe de Molière après le mariage de Du Parc et de Marquise en février 1653 à Lyon, mais il ne fait guère de doute qu’elle fut conviée à Pézenas par le comte du Roure qui présida à l’ouverture de la nouvelle session des États le 17 mars. Il semble que les comédiens soient restés dans le Languedoc après la clôture, puisque au milieu du mois d’août l’un des proches de Conti pensa à eux pour venir égayer le séjour du prince dans sa propriété familiale de La Grange des Prés au nord de Pézenas.
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1. La dynastie des Jean Poquelin (1622-1643)
L’enfant qui allait rendre célèbre le pseudonyme de Molière fut baptisé le 15 janvier 1622 en l’église Saint-Eustache dans le quartier des Halles. Parents et grands-parents vivaient tous dans ce périmètre, alors le centre névralgique de la plus grande ville — 400 000 habitants — du pays le plus peuplé d’Europe — près de 20 millions de Français. Fils de Jean Poquelin et de Marie Cressé, le nouveau-né fut prénommé Jean, comme son père et comme son grand-père paternel : en ce temps-là, le parrain du premier-né, qui lui donnait son prénom, était presque toujours le grand-père paternel et par conséquent les aînés portaient le même nom de génération en génération.
Ses parents s’étaient mariés le 27 avril 1621, moins de neuf mois plus tôt. Le contrat avait été signé le 22 février, mais l’Église catholique interdisait le mariage durant le carême et il fallut attendre jusqu’après les fêtes de Pâques. Ce retardement de deux mois fut cependant en partie compensé par l’ardeur que mit l’enfant à venir au monde : il naquit avec une douzaine de jours d’avance, très certainement le 15 janvier, car l’usage était de baptiser le jour même de la naissance, surtout quand on craignait pour la vie du nouveau-né arrivé avant terme.
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Le théâtre comique espagnol reposait sur une esthétique de l'illusion triomphante, issue de la vision du monde chrétienne selon laquelle la vie est une comédie sous le regard de Dieu, ce qui la rend illusoire puisque la vraie vie est ailleurs - en Dieu. A l'opposé, la comédie italienne mettait en jeu une esthétique liée à une conception de la vie profondément païenne : le monde serait dominée par des forces imprévisibles et malignes, sources de continuels événements inattendus et fâcheux qui font obstacle à l'action humaine et que seules la vertu de discernement et l'ingéniosité de l'esprit - et donc la fourberie - peuvent permettre de surmonter.
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Héritier à la fois de Térence et de Plaute, Molière avait su concilier, aux yeux de La Fontaine, toutes les formes de comique. Mais en même temps, si Molière avait su ainsi succéder aux deux classiques de l'Antiquité, c'est qu'il en était un lui-même. Sa disparition le mettait sur le même plan qu'eux. Il serait désormais à son tour un modèle, digne d'être étudié dans les classes. Le premier classique français.
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