Citations sur Rue de Rivoli. Journal, 1966-1972 (9)
Ce lieu d'écriture dont je m'entoure,que je construis,dont je m'enchante de savoir qu'il existe et m'attend lorsque je me trouve ailleurs,le sachant mien,disponible,en attente.Mon royaume.Volupté.
Je ne vis que pour écrire et tout ce qui n'y tend pas me semble mort et coupable.
On lit Aragon, "Les Beaux Quartiers", quand on a seize ans. On décide, persuadée cette fois pour de bon, de franchir la frontière au plus vite et de plus rien avoir en commun, dès que ce sera possible, avec l’opulence dont on est entourée. De repousser tout privilège. De s’en libérer. On décide d’être pauvre. Rien de plus facile ! On se retrouve pauvre, empêtrée dans des problèmes qui entravent la liberté - et on découvre en feuilletant des magazines un Aragon plein aux as, faisant visiter son luxueux moulin aménagé à la mode (très "bourgeoise") du temps. Un Aragon prospère et roi du Tout-Paris.
Comme j'ai besoin de quelqu'un entre le vide et moi,entre l'énigme et moi.Un intercesseur entre la vie,le temps,l'espace et moi.Quelqu'unqui m'abrite,m'aide à supporter ce que j'ignore,ce que je sais.
Proust(J.F,p.815):"C'est que,pas plus que ce n'est le désir de devenir célèbre,mais l'habitude d'être laborieux,qui nous permet de produire une oeuvre."
L'idée du bonheur,si cruelle.
La mémoire preuve de notre absence.
John parlait l'autre matin des génies dont "l'attitude" souvent passive était "géniale" et non l'activité,les actions ou les oeuvres(ermites,saints,vies consacrées).
Ne pas avoir peur de l'image ni de son absence.Ni de l'image d'une absence d'image.