AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,33

sur 59 notes
Lu juste après le livre de Christine Angot, celui d'Elsa Forttorino relate son viol et sa façon de gérer ce tragique événement. de manière très différente , elle raconte avec beaucoup de réserve et de pudeur cette journée fatale et les années qui ont suivies. La résilience, la discrétion, le désir d'oubli et de se terrer apparaissent ici, mais aussi le besoin de dire pour pouvoir vivre "normalement".
Une autre façon que celle de Christine Angot mais aussi efficace et poignante à lire.
Commenter  J’apprécie          20
Alors qu'elle avait séché une épreuve de français pendant sa première année de classe préparatoire, en 2005, la narratrice, 19 ans, part faire du vélo en forêt de Saint-Germain et elle y est violée. Elle porte plainte mais son agression, ainsi que celle de 11 autres femmes ne sera résolue que douze ans plus tard.
Pendant tout ce temps, elle a enfoui le traumatisme, refusant que les autres ne la réduisent qu'à une victime; elle a un enfant et en attend un deuxième. Elle refuse de témoigner au procès du violeur mais accepte que son témoignage écrit soit lu par son avocate devant une photo d'elle projetée sur un écran dans la salle d'audience. Seule l'écriture lui permet de se libérer, d'expectorer les non-dits, de sortir de la stratégie d'évitement : ce qu'on ne dit pas, n'existe pas.
Ce roman est une auto-fiction qui lui permet probablement de se réapproprier sa vie pendant les 12 ans écoulés, car la jeune fille de 19 ans, c'était elle; encore aujourd'hui, elle ne peut prononcer ou écrire le mot "viol", elle refuse de nommer l'innommable; d'ailleurs, elle ne raconte pas son agression, elle en livre des bribes (peur, sidération mais aussi tentative de garder un certain contrôle en parlant à son agresseur, en essayant d'établir un contact).
Un passage m'a interpelée, celui où elle revoit tous les micro-évènements de cette journée fatidique qui se sont conclus par son agression; et si, un d'entre eux n'avait pas eu lieu? Et si? Et si? La narratrice tente d'insuffler une sorte de rationalité à ce qui n'en a pas. C'est une stratégie de protection qui est familière à certains d'entre nous.
Ce roman, c'est aussi le parcours déshumanisé du dépôt de plainte, des questions intimes, des examens médicaux, de l'obligation de voir et revoir la scène ad nauseam.
Malgré le thème très fort qui m'a touchée, j'ai été perdue dans les temporalités changeantes; l'écriture parfois confuse, qui est probablement la retranscription du maelstrom de sentiments qui ont envahi l'auteure, a fait de ma lecture plus un exercice de compréhension du texte qu'un pur ressenti d'émotions.
Commenter  J’apprécie          90
Elle avait 19 ans, besoin d'air, avait séché les cours. Elle a sauté sur un VTT, pris le chemin de la forêt, il l'a stoppée.
Puis violée.

Il faut construire une vie après cette mort de l'âme. Une vie faite d'un classement sans suite, puis d'une réouverture du dossier, d'un violeur en série, d'un homme qui s'en prend aux petits corps de jeunes filles de 15 à 20 ans.
Elle n'était qu'une parmi la série.

La parole sur le viol se libère parce qu'elle s'écoute enfin. Si ces femmes connues sont si nombreuses à avoir été violées, combien d'anonymes?

J'ai vécu ma vie avec cette peur. J'ai toujours peur. Je ne compte pas les agressions de rue ni les agressions sexuelles que j'ai eu. J'ai toujours fait profil bas pour ne pas être violée. Chacune sa stratégie.

Elsa Fottorino, espérant sauver sa peau, a inondé son violeur de mots.
Aujourd'hui, elle les couche dans ce récit.

Si je n'ai pas été sensible à son style, confus, décousu, j'ai été sensible à sa douleur et sa pudeur. Ni crudité ni pathos, mais tout y est.

Si vous avez le courage…
Commenter  J’apprécie          120
Une jeune femme (l'autrice) est victime d'un viol en 2005. 12 ans plus tard, elle se repenche sur ce choc : comment le vit-elle alors que le présumé violeur est arrêté.
Courts paragraphes, courtes phrases, Elsa Fottorino va à l'essentiel. Alternant les époques, la narratrice est perdue. Elle voit ses proches graviter autour d'elle, tente de se souvenir de certains faits, les a oubliés alors qu'elle se souvient parfaitement de l'avant et du pendant-viol. Gardant cet acte comme un jardin secret qu'elle n'inflige pas au lecteur, l'auteure ne convainc pas totalement. La faute à des ellipses peu nécessaires. Les mots sont bien maniés, mais il manque de l'émotion (ce qui semble incroyablement mauvais à dire). Springora touchait en plein coeur avec son récit le Consentement. Parle tout bas se veut peut-être trop littéraire, pas assez explicatif sur la suite de l'histoire (comment a-t-elle fait sa vie? Elle évoque deux enfants, mais sans entrer dans les détails, se concentrant sur le passage donné du viol et les rencontres avec les professionnels qui en découlent, mais aborder la maternité dans un cas pareil aurait été un atout majeur). Expliquer ses rencontres avec la police s'avèrent être le point essentiel de ce récit où l'auteure passe d'un correspondant à l'autre, passe d'une insensibilité à l'autre. Voilà où Elsa Fottorino touche en plein coeur : dans ses relations avec la justice.
Commenter  J’apprécie          00
Peut-être que je n'aurai pas du le lire juste après celui de C.Angot. Parce que je trouve que le style est assez ressemblant, (surtout au début) avec des phrases très courtes, très descriptives. Des actions qui s'enchaînent à l'instant t, et je me suis ennuyée. Je pense que l'autrice a voulu mettre en relief une certaine résignation, comment la vie perd ses couleurs dans ces cas-là, mais c'est trop inodore. Après, les mots sont bien choisis, je pense que le rapport à la mémoire et l'effacement est intéressant, mais je ne sais pas si c'est suffisant. En fait, comme je disais par rapport au livre d'Angot, à force de publications sur le même thème, il y a trop de redites. Et comme, en parallèle, il n'y a pas vraiment d'histoire, que l'intrigue est très resserrée sur le viol et la reconstruction difficile qui en résulte, je n'ai pas de sentiment de complétude comme pour le voyant d'Etampes ou Feu par exemple. Je pense que c'est le danger des autofictions : c'est trop unidimensionnel. Et donc, difficile, (alors que c'est le livre le plus court de la sélection) pour moi de le terminer. Pourtant, il y a des choses très justes, par exemple quand elle parle du statut de victime : « l'ennui avec ce mot-là c'est qu'il a vite fait de borner l'individu à des représentations négatives et souvent erronées : la soumission, les sanglots, l'abattement, l'hystérie, le charbon de la dépression. Pour certains, la victime n'est qu'une représentation de la femme dans sa traduction hyperbolique ». Les descriptions, passées le premier tiers, quand elles se concentrent sur la nature sont très belles, simples et pourtant poétiques ; c'est pour cette raison que je suis embêtée, je reconnais le talent, et pourtant, je n'ai pas été emportée. J'ai même été tentée d'abandonner, et c'est le premier de la sélection qui me fait cet effet. D'où ma note circonspecte et ma courte chronique. Possible aussi que ce soit la fatigue de lire autant en aussi peu de temps…Peut-être le dernier livre que je lis jusqu'au premier écrémage…
Commenter  J’apprécie          10
Voici les mots si beaux de la chanteuse Barbara Pravi à propos de "Parle tout bas"
l y a tellement de façons de ressentir les déconvenues que la vie nous impose. Autant de façons que d'histoires je crois.
Certain.e.s décident de rester silencieuses, d'autres en parle, certain.e.s ont recours à la justice, d'autres pas. Bref. On a pas trouvé le mode d'emploi unique, le moule dans lequel tous les corps et tous les coeurs se re-formeraient.

Parle tout bas, c'est l'histoire d'Elsa.
Qu'est ce que j'ai aimé lire son courage, ses choix et sa sincérité.
Qu'est ce que j'admire sa façon de se reconstruire dans la bonté et la tendresse avec le corps tendu vers « devant ».
J'ai aimé lire cette chose inexplicable qui fait qu'on peut aussi s'en sortir sans trop de rage, sans trop de cette douleur qui - selon les codes- devrait nous coller à la peau à vie, et nous suivre comme une ombre même quand il n'y a plus de lumière.
Ici, j'ai lu une immense vague d'humanité et de bienveillance à soi et aux autres.
Alors bien sûr, certains passages m'ont inspirés du dégoût et l'envie de secouer la bêtise des institutions judiciaires comme des fruits pourris pour qu'ils tombent de l'arbre, bien sûr.
Mais j'ai surtout lu l'espoir.
Comme si le coeur immense d'Elsa s'était placé bien au dessus des « il faudrait », des « tu aurais du/ pu », des « et si ». Comme si elle avait compris, quelque chose que tant d'entres nous essayent de comprendre en se débattant. Par la simple force de son humilité.
Ce que j'ai lu finalement, c'est la résilience et l'amour. C'est l'histoire de cette jeune fille, cette femme, cette mère, qui avance toujours droit, et qui me donne furieusement envie d'avancer dans sa ligne.

Il sort demain, le très beau livre d'Elsa Fottorino, et j'espère bien que vous vous ruerez dessus en librairie.
Commenter  J’apprécie          20
Parle tout bas c'est l'histoire d'Elsa. Quel courage et quelle sincérité. c'est un livre admirable d'une beauté rare, rempli d'humanité et de bienveillance. Un livre qui nous bouleverse et qui fera date. On aime son écriture ciselée, intime et si personnelle.
Commenter  J’apprécie          20
Lecture dans le cadre du prix du roman FNAC
Première sélection Goncourt 2021
En 2005, la narratrice, dix-neuf ans, est victime d'un viol dans une forêt. D'abord, classée sans suite, l'affaire ressortira douze ans après les faits, à la faveur d'autres enquêtes. Un suspect est identifié, ainsi il y aura bien un procès, auquel elle ne souhaite pas se rendre.
Aujourd'hui, Elsa Fottorino tente à travers ce court roman d'analyser son passé en décrivant le quotidien des victimes, sa relation aux autres, en particulier ses proches, le déni et ses sentiments parfois contradictoires et leur évolution. Elle tente de dépasser ce drame. Un livre bouleversant qui m'a quelque fois perdue dans sa construction narrative. Un livre très intime
Commenter  J’apprécie          40
Ce roman paru le 19/8 est une claque. Elsa Fottorino nous livre le quotidien des victimes d'un viol. Avec pudeur et humanité, la narratrice nous parle, nous explique la vie pendant et après un viol. Ce roman pas bien épais bouleversant, est écrit avec sensibilité. Au travers des lignes, on y découvre le traumatisme qui impacte la vie de la narratrice sans pour autant qu'elle l'admette. On y découvre les phrases surfaites du juge, des avocats, des policiers, ces mêmes phrases qui sont censées apaiser et faire oublier. Mais peut-on oublier ? Peut-on se reconstruire ? Comment 12 ans plus tard Peut-on être capable de vivre à nouveau l'horreur ? L'autrice aborde avec finesse la façon dont les victimes peuvent surmonter différemment le viol. Seul bémol, le roman alterne des passages du passé et du présent avec parfois une difficulté de s'y retrouver.
Commenter  J’apprécie          100
La narratrice est enceinte d'un garçon et sa première pensée est qu'il risquera moins . Il aura moins de risques de subir ce qu'elle-même a subi lorsqu'elle avait dix-neuf ans. Tous ses souvenirs resurgissent quand la police lui apprend que son violeur va être jugé…

Pas de pathos , mais une écriture sensible, qui montre la difficulté de la parole. Les policiers qui posent trop de questions, les paroles maladroites (vous vous en êtes bien sortie…parce qu'elle a continué à vivre), la violence de mettre un nom sur victime et violeur (« On m'avait transportée dans le langage…comme s'il m'avait possédée une seconde fois. Et voilà qu'on me brandissait aussi le sien, de nom : « Léonard Scarpa, de Reims »)…La narratrice ne parle pas avec colère et envie celle qui extériorise sa rage elle, elle parle tout bas, « comme de la porcelaine félée ». Les phrases sont courtes mais touchent au coeur.
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (130) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1754 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}