Le Bureau des Affaires occultes, tome 1

L'homme au chapeau de paille avait repris sa place sur son pliant. Bien peu auraient su reconnaître, sous l'apparence paisible de ce pêcheur anonyme, le forçat qui s'était évade plusieurs fois des bagnes de Brest et de Toulon, l'ancien chef de la brigade de sûreté qui signait ses notes de service "monsieur V.".
V pour Vidocq

Les criminels, les scélérats, ce sont ceux qui ont confisqué le pouvoir au peuple. Le Duc d’Orléans et toute sa clique. J'étais sur les barricades en juillet. J'ai vu le peuple de Paris se soulever contre l'oppression. Pour y gagner quoi au final ? Juste changer de maitre sur le trône. Ce sont toujours les nantis qui gouvernent !

La République ne saurait se passer de policiers. Autant qu'ils soient savants.

L’automne était de loin sa saison préférée, qui alliait beauté et fragilité et s’accordait si bien aux plis de son âme tourmentée.

Une brise légère lui apportait un agréable parfum de mousse et, agitant la ramée automnale, faisait pleuvoir tout autour de lui les dernières pièces d'or de la saison.

La galerie était si étroite qu'il pouvait en toucher les parois humides rien qu'en écartant les bras. Le sol irrégulier était rendu glissant par les dépôts de mousse et les nombreux ruissellements le long de la roche. Il devait avancer avec d'extrêmes précautions pour ne pas trahir sa présence. Dans ce boyau resserré, le moindre bruit était amplifié et devait s'entendre de loin. D'ailleurs, lui parvenait de l'avant l'écho de multiples clapotis et des gémissements étouffés. Dans cette atmosphère confinée, plongé dans ce noir d'encre, il était difficile d'apprécier les distances avec justesse...

Cette nécropole aux apparences de jardin anglais symbolisait à ses yeux le combat dérisoire et perdu d'avance que les hommes s'entêtaient à livrer pour apprivoiser la mort.

Les personnes que nous chérissons désertent tôt ou tard notre existence. C’est ainsi. Nul ne peut échapper à la malédiction.

Flanchard avait beau tenter de penser à autre chose, sans cesse ses ruminations le ramenaient à l'étrange personnalité de l'inspecteur Verne. Avant de l'accueillir au sein de la Sûreté, il avait pris de nombreux renseignements à son sujet. Il avait consulté des rapports, interrogé des collègues. Les mêmes mots revenaient à chaque fois; un être solitaire, ombrageux, des façons qui ne sont pas de la Maison, un policier pas ordinaire...

Valentin rangea la fiole de strychnine parmi d’autres flacons parfaitement alignés sur la table. Puis il se dirigea vers un secrétaire où il conservait, rangés avec un soin maniaque, tous ses dossiers importants. L’abattant à peine ouvert, il lui suffit d’un seul regard pour constater que les documents n’étaient plus exactement dans la position où ils se trouvaient encore la veille au soir.

Quelqu’un s’était introduit dans la pièce secrète et avait fouillé ses papiers.