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Citations sur Les Mots et les choses (134)

Le peintre est légèrement en retrait du tableau. Il jette un coup d’œil sur le modèle; peut-être s’agit-il d’ajouter une dernière touche, mais il se peut aussi que le premier trait encore n’ait pas été posé. Le bras qui tient le pinceau est replié sur la gauche, dans la direction de la palette; il est, pour un instant, immobile entre la toile et les couleurs. Cette main habile est suspendue au regard; et le regard, en retour, repose sur le geste arrêté. Entre la fine pointe du pinceau et l’acier du regard, le spectacle va libérer son volume.
Non sans un système subtil d’esquives. En prenant un peu de distance, le peintre s’est placé a côté de l’ouvrage auquel il travaille. C’est-à-dire que pour le spectateur qui actuellement le regarde, il est a droite de son tableau qui, lui, occupe toute l’extrême gauche. A ce même spectateur, le tableau tourne le dos: on ne peut en percevoir que l’envers, avec l’immense châssis qui le soutient. Le peintre, en revanche, est parfaitement visible dans toute sa stature; en tout cas, il n’est pas masqué par la haute toile qui, peut-être, va l’absorber tout à l’heure, lorsque, faisant un pas vers elle, il se remettra à son travail; sans doute vient-il, à l’instant même, d’apparaître aux yeux du spectateur, surgissant de cette sorte de grande cage virtuelle que projette vers l’ arrière la surface qu’il est en train de peindre. On peut le voir maintenant, en un instant d’arrêt, au centre neutre de cette oscillation. Sa taille sombre, son visage clair sont mitoyens du visible et de l’invisible : sortant de cette toile qui nous échappe, il émerge à nos yeux; mais lorsque bientôt il fera un pas vers la droite, en se dérobant a nos regards, il se trouvera place juste en face de la toile qu’il est en train de peindre; il entrera dans cette région ou son tableau, négligé un instant, va, pour lui, redevenir visible sans ombre ni réticence. Comme si le peintre ne pouvait a la fois être vu sur le tableau ou il est représente et voir celui où il s’emploie à représenter quelque chose. Il règne au seuil de ces deux visibilités incompatibles.
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Tant que la langue avait été définie comme discours, elle ne pouvait avoir d’autre histoire que celle de ses représentations […]. Mais il y a désormais un « mécanisme » intérieur des langues qui détermine non seulement l’individualité de chacune, mais ses ressemblances aussi avec les autres […]. Par lui, l’historicité pourra s’introduire dans l’épaisseur de la parole elle-même.
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A partir d’Adam Smith, le temps de l’économie ne sera plus celui, cyclique, des appauvrissements et des enrichissements ; ce ne sera plus non plus l’accroissement linéaire des politiques habiles qui en augmentant toujours légèrement les espèces en circulation accélèrent la production plus vite qu’ils n’élèvent les prix ; ce sera le temps intérieur d’une organisation qui croît selon sa propre nécessité et se développe selon des lois autochtones -le temps du capital et du régime de production.
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La littérature, ce langage qui ne dit rien et ne se tait jamais.
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C’est […] le même réseau archéologique qui soutient, dans l’analyse des richesses, la théorie de la monnaie-représentation, et dans l’histoire naturelle, la théorie du caractère-représentation.
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Ce livre a son lieu de naissance dans un texte de Borges. Dans le rire qui secoue à sa lecture toutes les familiarités de la pensée - de la nôtre: de celle qui a notre âge et notre géographie -, ébranlant toutes les surfaces ordonnées et tous les plans qui assagissent pour nous le foisonnement des êtres, faisant vaciller et inquiétant pour longtemps notre pratique millénaire du Même et de l'Autre.
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Jusqu’à la fin du 16e siècle, la ressemblance a joué un rôle bâtisseur dans le savoir de la culture occidentale. C’est elle qui a conduit pour une grande part l’exégèse et l’interprétation des textes : c’est elle qui a organisé le jeu des symboles, permis la connaissance des choses visibles et invisibles, guidé l’art de les représenter.
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La vie ne constitue pas un seuil manifeste à partir duquel des formes entièrement nouvelles du savoir sont requises. Elle est une catégorie de classement relative comme toutes les autres aux critères qu’on se fixe.
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Ce qui explique la difficulté des « sciences humaines » […] ce n’est pas le statut métaphysique, ou l’ineffaçable transcendance de cet homme dont elles parlent, mais bien la complexité de la configuration épistémologique où elles se trouvent placées, leur rapport constant aux trois dimensions qui leur donne leur espace.
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La mise en ordre de l’empiricité se trouve ainsi liée à l’ontologie qui caractérise la pensée classique ; celle-ci se trouve en effet d’entrée de jeu à l’intérieur d’une ontologie rendue transparente par le fait que l’être est donné sans rupture à la représentation ; et à l’intérieur d’une représentation illuminée par le fait qu’elle délivre le continu de l’être.
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