Ce tome fait suite à New departure, new arrivals (épisodes 1 à 3 de la série "Fantastic Four", et 1 à 3 de la série "FF", relancées dans le cadre de l'opération "Marvel NOW"). Ce tome contient les épisodes 4 à 8 de la série FF, initialement parus en 2013. Tous les scénarios sont de Matt Fraction, les dessins et l'encrage de Mike Allred pour les épisodes 4, 5, 7 et 8. L'épisode 6 est dessiné et encré par
Joe Quinones. La mise en couleurs des 5 épisodes est réalisée par Laura Allred. La série "Fantastic Four" se poursuit dans Road trip (épisodes 4 à 8 et 5AU).
Épisode 4 - le Johnny Storm du futur est apparu pour demander aux FF de mettre un terme à Doom ("End Doom"). Alex Power, ex membre de Power Pack, souhaite que les FF s'y consacrent de manière inventive. Scott Lang estime qu'il convient d'exécuter Doctor Doom froidement. Mais avant, She-Hulk (Jennifer Walters) a accepté de passer une soirée avec Wyatt Wingfoot, au grand dam des moloïds qui sont amoureux d'elle. Mik Korr, Turg et Tong requièrent l'aide de Bentley 27 pour faire capoter cette soirée. Épisode 5 - Medusa intègre Ahura son fils, au FF. Darla Deering recherche un casque pour aller avec sa tenue de Thing. le Johnny Storm du futur perd les pédales et les FF doivent l'arrêter. Épisode 6 - Scott Lang perd confiance en lui et craint de plus en plus que ces tribulations se terminent par le décès brutal d'un des enfants dont il a la charge. le Yancy Street Gang s'en prend à Darla Deering. Épisode 7 - Wizard (Bentley Wittman, à la tête d'une nouvelle itération des Frightful Four) vient récupérer son fils de force. Épisode 8 - Suite à l'épisode précédent, Medusa se soumet à un rite de contestation de nature physique.
Matt Fraction est la fois le scénariste de "Fantastic Four" qu'il consacre à des aventures plus grandes que nature, et de "FF" pour des histoires en décalage avec l'ordinaire des superhéros, à la fois frivoles et indispensables. Ainsi dans l'épisode 4, le lecteur s'intéresse plus au rendez-vous entre She-Hulk (surnommée "The Jen" par les moloïds) et Wyatt Wingfoot, qu'à l'éventuelle menace annoncé par le Johnny Storm du futur. Autour de ce rencard, Matt Fraction alterne les retrouvailles entre les 2 anciens amants, et les tentatives pathétiques des moloïds pour faire capoter cette rencontre. Les 2 points de vue se complètent et se répondent pour créer un contraste qui met d'autant mieux en valeur la sensibilité mature des 2 adultes, et l'amour juvénile des moloïds pour "the Jen" totalement idéalisée. Cet épisode constitue une preuve flagrante de la pertinence de Mike Allred comme artiste et de son talent. L'aspect volontairement rétro de son style, les silhouettes des personnages moins idéalisées que d'habitude pour des superhéros (même les poitrines des superhéroïnes sont assujetties à la gravité), les expressions mesurées des visages (aucun personnage avec la bouche ouverte dans un rictus de rage, ils sourient même de temps à autre), la mise en scène des combats à la fois un peu naïve et maladroite (à l'opposé de la glorification de la violence ou de l'exagération de la force des coups), tout concoure à humaniser les personnages, à les rapprocher du lecteur malgré leur apparence délirante (The Jen est quand même une femme à la peau verte, bodybuildée et mesurant plus de 2 mètres). La narration de Fraction et celle d'Allred se complètent à ce point qu'il pourrait s'agir d'un seul et même artiste. La scène toute simple où Jennifer se met du rose à lèvres et se lisse les cils apparaît aussi banale que surréaliste (une femme verte entourée de 4 êtres jaunâtres dont un réduit à une tête dans un bocal). Cela n'empêche en rien le naturel des gestes, la présence séduisante de Jennifer, la frustration des moloïds voyant l'objet de leur amour platonique se préparer pour un autre prétendant potentiel.
Fraction et Allred réussissent à insuffler autant de vie et de personnalité à Scott Lang (Ant-Man) dans un tout autre registre. Matt Fraction est un scénariste connaissant bien les particularités de la bande dessinée en tant que mode narratif. Pour Scott Lang, il crée un motif visuel (une silhouette en ombre chinoise au pied d'un arbre décharné) qui va revenir à plusieurs reprises dans le récit pour exprimer son angoisse face à ses responsabilités, image qui se révèle des plus poignantes car née de précédentes pertes d'êtres chers (sa femme, puis sa fille). le lecteur a donc le plaisir de rentrer dans une histoire dont le scénariste connaît bien les personnages, qui respecte les codes des superhéros (costumes bariolés, combats homériques à coups de superpouvoirs pyrotechniques) avec des personnages développés, et une distribution (la vingtaine de membres de la FF) aussi originale que copieuse. L'intrigue introduit aussi bien des éléments entretenant le suspense (qui est vraiment ce Johnny Storm avec une grande mèche blanche et un caractère irascible ?) que loufoque (le monstre Blarrgh, the unliving), émouvant (le manque de confiance de Scott Lang), frivole (Darla cherchant le bon couvre-chef) ou très référentiel (les membres du gang de Yancy Street).
Mike Allred réussit à rendre convaincante chaque scène, avec cette légère distanciation générée par ce style un peu suranné. The Jen s'appliquant du rouge à lèvre est crédible et féminine malgré sa carrure de déménageur. le lecteur partage l'hésitation de Darla pour son couvre-chef tout en s'amusant de ses essais. Côté action, le monstre tapi dans l'East River évoque avec justesse les monstres des comics des années 1950/1960. La manière de dessiner les combats présente également cette apparence un peu naïve tout en restant lisible, et en transcrivant bien le caractère chaotique des affrontements où tout le monde n'a pas le temps d'élaborer une stratégie brillante, ou de prendre des poses iconiques pour frapper l'imagination.
Joe Quinones s'applique à dessiner à la manière de Mike Allred, mais ses personnages ont un aspect un peu plus sec et un peu moins habité que ceux d'Allred.
Matt Fraction et
Mike Allred profitent de la liberté qui leur est accordée sur ce titre dérivatif de la série "Fantastic Four' pour s'aventurer sur le terrain de la légèreté, sans rien sacrifier de la consistance de l'intrigue, tout en faisant évoluer des personnages très attachants. Les aventures rocambolesques se poursuivent dans Family freakout (épisodes 9 à 13).