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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Dans ce récit autobiographique Margaux raconte la relation amoureuse complexe qui l'a marginalisée durant toute son enfance et adolescence, celle qui l'a liée à un homme de quarante ans son aîné.
Elle n'est qu'une petite fille lorsqu'elle rencontre Peter qui tombe follement amoureux d'elle. Déterminé à en faire sa Lolita, il va utiliser tous les stratagèmes pour la persuader de devenir son amour secret et pendant quinze ans l'enfermera dans une relation toxique marquée par des rapports d'abord amicaux puis sexuels.
Le témoignage de Margaux dresse le portrait ambigu d'un prédateur , d'un tigre aussi séduisant que dangereux. Elle présente Peter d'une façon nuancée, le montre autant fragile et vulnérable que pervers et haïssable. Les faits ne sont pas relatés d'un point de vue manichéen, le méchant Peter d'un côté et la pauvre Margaux de l'autre. Non, c'est beaucoup plus compliqué et c'est bien là tout le côté troublant, voire choquant de ce livre car qu'on le veuille ou non, elle a aimé cet homme.
Margaux a été libérée de l'emprise de Peter par la mort de celui-ci mais elle n'aura pas pu profiter bien longtemps de sa nouvelle vie avec son mari et son enfant car elle vient de mourir à l'âge de trente-huit ans.
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Margaux Fragoso, aujourd'hui âgée d'une trentaine d'années, nous livre son témoignage sur la relation tumultueuse et interdite qu'elle a eue 15 ans durant avec un homme de 44 ans son aîné.
Dit ainsi, cela pourrait presque paraître banal de nos jours mais si on ajoute que leur rencontre s'est passée alors qu'elle avait 7 ans et lui 51 ans, on voit tout de suite la nature du problème...

Un livre dont la chronique m'a donné du fil à retordre tant il est complexe et qu'il y aurait de choses à en dire.
Par quel bout l'attaquer, comment arriver à être synthétique avec cette histoire brûlante et même, comment parler objectivement de cette relation malsaine, physiquement et mentalement ?
Vous me pardonnerez d'avance si je n'aborde pas tous les points du récit.

Un homme pervers qui a réussi à rendre amoureux de lui une gamine de 8 ans.
D'emblée, ça fait froid dans le dos.

Margaux n'a pas eu une petite enfance de tout repos, entre un père maniaque, colérique, voire violent, de plus en plus porté sur la bouteille et une mère maniaco-dépressive, régulièrement internée.
Un jour de 1985, alors qu'elle est la piscine municipale de Union City, la ville du New-Jersey où elle réside, elle croise le regard de Peter Curran, un quinquagénaire plutôt séduisant, en train de jouer avec ses deux "beaux-fils".
L'enfant est tout de suite attirée par cet homme et ils se mettent à jouer ensemble.
Ce dernier lie connaissance avec la mère de Margaux, les invite à passer chez lui, et c'est ainsi que commence cette relation.

La jeune Margaux est fascinée par la maison de Peter, lieu merveilleux rempli d'animaux. Et Peter lui-même a su trouver la faille en elle dès le départ, lui accorder une attention de tout instant, la mettre sur un piédestal.
Quelle petite fille n'a jamais rêvé d'être une princesse pour qui tout est possible, rien n'est interdit ?
Avec lui, et chez lui, c'est la liberté, l'évasion.
La relation de confiance s'installe de suite entre la petite fille et l'homme. Il est son ami, son compagnon de jeux, et prend même la place du père. Pas bien compliqué de paraître plus aimant...
Auprès de lui, elle trouve du réconfort, une certaine stabilité et une vie qui l'émerveille.
Peter semble avoir gardé une âme d'enfant. Il joue avec elle, la pousse à inventer des histoires, dont celle du Tigre danger (d'où le titre du livre, je suppose), un tigre ailé qui passe son temps à sauver les gens.

Aller chez Peter deux après-midi par semaine devient peu à peu une drogue.
En totale confiance, la petite ne s'offusque pas, ne prend pas peur quand les premiers baisers arrivent. Elle aime Peter comme un enfant peut aimer un parent et s'embrasser, d'une manière ou d'une autre est le symbole de cet amour.
Après les baisers vont venir les premières caresses, les attouchements.
Ça l'embête un peu parfois, mais que ne ferait pas cette gamine pour faire plaisir à cet homme qui est lui-même source de tant de bonheurs pour elle ?
L'homme l'endoctrine dès le départ en lui expliquant qu'il va falloir se cacher parce que ces gestes sont susceptibles de choquer les autres adultes, qui ne comprennent rien à l'amour pur qui les unit, et peu importe les années qui les séparent. C'est eux seuls contre le monde entier
Et c'est ainsi que la manipulation mentale commence à tracer son chemin...
Par la suite, leurs relations sexuelles seront uniquement faites "de pipes et de branlettes" (ce sont ses mots) pendant des années, agrémentées par le visionnage de cassettes pornos, la lecture de romans sentimentaux mettant en scène des hommes d'âge murs avec des nymphettes (Lolita de Nabokov) et la création constante de L'Histoire, un scénario directement sorti l'imagination de Margaux, mettant en scène des personnages plus ou moins fictifs.

Margaux Fragoso relate toute son histoire de façon très objective.
Elle ne juge pas et dit sa vérité, sa version des faits.
C'est d'une histoire d'amour qu'elle nous parle. Une histoire d'amour entre une enfant, puis une adolescente, et un homme âgé pédophile (c'est du moins comme cela que je l'ai ressenti mais j'ai conscience que tout le monde ne fera pas la même analyse).
Si les abus sexuels que Peter a perpétré sur Margaux sont incontestables quand celle-ci avait 7 ans, ils deviennent plus tendancieux quand elle grandit.
Elle recherche la présence de l'homme, est jalouse, dès toute jeune, quand il prête attention à une autre petite fille (l'homme accueillait régulièrement des enfants en placement).
Petit à petit, c'est une sorte relation de couple qui se met en place.
Compréhensible de la part d'une jeune enfant, en adoration devant un adulte qui semble détenir toutes les clés de son bonheur, surprenant et dérangeant de la part d'un homme plus que mûr, qui est manifestement en réelle adoration devant cette fille qu'il dit être l'amour de sa vie, l'unique, la seule. Il lui voue d'ailleurs un véritable culte en conservant religieusement ses photos. Sans compter les innombrables et longues lettres d'amour qu'il lui a écrites. (Beurk, oui, j'ai fait beurk de toute mon âme).

Fin de la critique sur mon blog, merci
Lien : http://linecesurinternet.blo..
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Bigre bigre !
Je ne sais pas trop combien d'étoiles mettre...
Ce témoignage est terrible et dérangeant
Dérangeant tant Margaux semble dans la majeure partie du livre raconter une "belle" histoire d'amitié/d'amour
Parfois, elle donne même l'impression de raconter l'histoire d'une autre

Et en même temps, son récit prend une autre tournure tandis qu'elle prend de l'âge et semble réaliser l'anormalité de cette relation.

On comprend donc que le récit suit probablement l'évolution du ressenti de Margaux, entre 8 et 22 ans

Le machiavélisme de la relation pédophile et de sa perversité mentale autant que sexuelle est exposé de façon terrifiante

Le sentiment de malaise s'en trouve d'autant plus grand
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À l'âge de 7 ans, lors d'une après-midi à la piscine, Margaux fait la connaissance d'un père de famille qui lui semble idéal, Peter Curran. Très vite, elle le retrouve aussi souvent que possible. Mais la relation dérape…

Tigre, tigre ! n'est pas un témoignage de plus sur la pédophilie par l'une de ses victimes. C'est d'abord un récit à l'écriture très soignée, qui épouse les caprices de la mémoire, entre souvenirs détaillés minutieusement et importantes ellipses. Il nous raconte de manière linéaire la relation entre Margaux et Peter, jusqu'au décès de ce dernier, quinze ans plus tard. Sans tomber dans le pathos ou la vulgarité, l'auteur analyse avec lucidité le système de manipulation et de contrainte mis en place par cet homme qu'elle a pourtant aimé d'une certaine manière, même si cela n'excuse pas son attitude. Traduit avec subtilité par Marie Darieussecq, Tigre, tigre ! n'est pas un ouvrage facile à lire. Mais il met un véritable coup de poing dans la figure de ses lecteurs.

Un récit intéressant mais douloureux. Nécessaire.
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C'est l'histoire vraie de Margaux issue d'une famille à la dérive, qui va croiser à l'âge de 7 ans un homme âgé qui devient pour elle un père et un amant. Quelques scènes un peu difficiles et choquantes quand on sait que l'auteur décrit sa propre vie. Néanmoins on peut être fasciné par cette vie et cette histoire assez incompréhensible quant aux parents qui laissent se dérouler l'inimaginable.
Margaux est en tout cas très courageuse et veut se sauver grâce à l'écriture de ce livre.
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Margaux Fragaso : Tigre, tigre!
traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marie Darrieussecq
A paraître chez Flammarion le 29 août
Cette oeuvre de 400 pages va faire parler d'elle. Pas seulement parce que Marie Darieusecq s'en est emparée pour la traduire. Mais parce qu'en livrant sa propre expérience sous une forme assurément littéraire, Margaux Fragoso accomplit un exploit personnel et nous offre un témoignage irremplaçable sur ténèbres de l'âme humaine.
Disons-le, l'auteur fut abusée, de 7 à 22 ans, par un pédophile de 44 ans son aîné. Dans une prose directe, dénuée de lyrisme mais pesée, attentive à une certaine justesse, Margaux Fragoso nous laisse entrevoir le point de vue quasi inédit de Lolita dans le couple bien connu. Car on a déjà entendu le pédophile avec ses multiples stratégies d'auto justification. Margaux Fragoso ne fait pas oeuvre de psychologue, elle ne démontre rien, dénonce à peine et n'échafaude aucune théorie. Elle restitue son expérience, avec sa candeur des débuts, avec des nuances qu'elle seule peut trouver, avec un réalisme psychologique reconstruit, elle fait émerger la lente compréhension de ce quelque chose qui cloche et qui l'amènera après tant d'années à se détacher d'un homme dont elle est terriblement dépendante.
Le tour de force vient de cette fidélité à l'expérience portée par une prose maladroite, reflet du chaos mental de l'enfant manipulée. Au risque d'être rattrapée par son passé, Margaux Fragoso a revécu son calvaire depuis le commencement pour en tirer une version frontale et qu'on sent honnête. Et la littérature naît dans cet effort considérable pour approcher l'insoutenable vérité.
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Dans ce récit autobiographique, Margaux Fragoso relate la relation qu'elle a vécue pendant plus de dix ans avec Peter, un pédophilie. Elle parvient à écrire l'indicible et à décrire le complexe engrenage dans lequel elle fut prise pendant tant d'années entretenu par le déni et le silence de tous. Terrifiant.
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Margaux rencontre Peter à la piscine municipale. Entre eux débute une relation dévastatrice qui va durer des années. Or il se trouve que Margaux a 7 ans, et Peter... 51.
Comment aborder une telle histoire ? C'est vraiment un livre à part qui me laisse partagée. D'un côté on peut y voir un témoignage salutaire, car en utilisant pour raconter son histoire des mots directs, neutres, sobres, sans tomber dans le larmoiement inévitable ni vouloir provoquer la compassion (même si on en éprouve, forcément), Margaux Fragoso démontre efficacement ce mécanisme pervers qui permet à des détraqués manipulateurs d'attirer leurs victimes entre leurs griffes. Alors qu'elle souffrait du manque d'affection et d'attention d'une mère psychologiquement fragile et d'un père violent, elle s'est progressivement, et presque naturellement, laissée enjôler par un beau parleur fascinant et bienveillant qui lui a dit ce qu'elle rêvait d'entendre, et l'a convaincue qu'il n'y avait à ses yeux personne au monde de plus important qu'elle.
"Sans Peter pour me voir, pour m'adorer, comment pourrais-je exister ?"

D'un autre côté la forme de son récit est extrêmement dérangeante, d'abord parce qu'elle humanise le pervers, non pas qu'elle lui trouve des excuses mais parce qu'elle le décrit comme un homme bien éduqué, prévenant, normal et surtout absolument sincère dans l'amour qu'il lui porte ; très troublant également comme elle appuie à longueur de pages sur le fait qu'elle ait consenti à ces relations, voire les ait provoqué, alors même qu'elles ont ravagé sa jeunesse et détruit sa part d'innocence. Et que dire de ces parents, tellement aveugles, tellement coupables ?
Et puis, il reste tant de questions : leur relation ne cesse que lorsque Peter se suicide ; Margaux a alors plus de 20 ans, depuis elle s'est mariée, a eu un enfant, écrit cet ouvrage qui participe certainement à un très gros travail de résilience, mais comme le dit l'assistante sociale qui a été à deux doigts de révéler le vrai visage de Peter ("le genre qui opère en douceur") en évoquant le syndrome de Stockholm : "Eh bien, le jour où cette fille se réveillera, je vous plains", je me suis demandé si Margaux s'était jamais réveillée de son cauchemar.
Lien : http://anyuka.canalblog.com/..
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Une lecture compliquée, dérangeante qui traite de sujets graves mais dont je suis restée extérieure.
Cependant ce témoignage met en évidence les techniques et manipulations utilisées par les pédophiles ainsi que les failles du système judiciaire et médical.
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Le moins que l'on puisse dire, c'est que Margaux Fragoso n'a pas été gâtée par la vie. Née dans un foyer peu sain, entre une mère dépressive et un père alcoolique obsédé par son image, son quotidien n'a rien d'enviable. Dans ce contexte, la maison de Peter apparaît comme un véritable oasis et sa compagnie, un réconfort. Sauf que les abus qu'il lui fait subir ont des répercussions physiques et psychologiques sur la petite fille, puis sur l'adolescente qui dépérit à vue d'oeil et qui se retrouve socialement isolée. Néanmoins l'auteure ne fait pas dans le misérabilisme et, si certaines pratiques sexuelles sont clairement racontées, elle n'en fait pas étalage. C'est un témoignage justement dosé.

Malgré tout, on peine à plaindre l'auteure car on la voit assez passive face aux abus que lui fait subir Peter, on aimerait parfois la secouer pour qu'elle réagisse. « Pire », on se rend rapidement compte que, tout en étant consciente que ce qu'il lui fait n'est pas normal, une part d'elle aime profondément Peter. D'ailleurs, tout au long de son témoignage, jamais elle n'émet de jugement sur le pédophile et prend position en faveur de traitements médicamenteux qui seraient disponibles AVANT le passage à l'acte, ce qui n'existe pas aujourd'hui. Cette absence de morale peut rendre la lecture assez dérangeante, mais c'est extrêmement intéressant psychologiquement parlant.

Ceux qui font partie de la vie de l'auteure sont de véritables personnages de romans. Il y a son père, lunatique et frustré par l'existence qu'il mène, sa mère, irresponsable et enfermée dans son propre monde. Il y a Peter et ses deux facettes, l'homme gentil et amoureux face à l'homme violent et sujet aux pulsions sexuelles. Margaux, quant à elle, passe d'une petite fille vive, confiante et innocente à une jeune fille isolée et à la sexualité débridée d'avoir été éveillée trop tôt. Il me semble qu'elle est assez honnête vis-à-vis d'elle-même et qu'elle se montre telle qu'elle est, y compris dans ses mauvais côtés, ce qui est tout à son honneur.

Plus qu'un simple témoignage, ce livre est un véritable ouvrage littéraire, bien mené et bien écrit. Margaux Fragoso a en effet un véritable talent d'écriture qu'elle nous explique avoir travaillé à l'université. Voilà qui nous change de certains premiers romans nombrilistes et brouillons. Certes, elle cherche à exorciser ses démons et à éveiller les consciences, mais elle offre également une oeuvre de littérature.

Ainsi, c'est une lecture que j'ai appréciée, malgré le côté dérangeant et ambivalent que j'ai pu souligner. Je vous conseille volontiers ce livre si la dimension psychologique vous intéresse, si vous souhaitez appréhender un peu mieux la relation complexe entre un pédophile et sa victime. Et ce d'autant plus qu'il est très bien écrit.
Lien : http://romans-entre-deux-mon..
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