Qu'est-ce qui ne va pas chez les ados ? Leurs parents, déjà. Quand ils sont trop présents. Ou quand ils sont trop absents.
Rosie n'a pas de parents, ou si peu : sa mère s'est fait la malle à Dubaï avec son nouveau chéri. Et son père est de ces "hommes pressés" qui gagnent beaucoup d'argent mais perdent leurs proches. En plus le pauvre homme a besoin moralement de beaucoup travailler pour oublier le départ de sa femme. Et qu'importe si sa fille de treize ans a besoin d'être entourée, plus que jamais.
Rosie se sent mal, très mal, semelles de plomb, chape sur les épaules, voile gris, certitude de devenir folle : "La trouille au ventre et envahie de mauvaises pensées dont [elle] n'arrive pas à se défaire." (p. 9)
Elle tente timidement de se confier à sa grande amie. Celle-ci ne l'entend pas, trop insouciante ? Ou ne veut pas l'entendre, par crainte d'être contaminée ?
Rosie est seule, Rosie s'ennuie, Rosie se sent vide, Rosie a peur. Elle prend beaucoup de bains, se fourre sous la couette - nids chauds, refuges, enveloppes rassurantes autour du sentiment de vacuité : "Je me sens comme un petit soldat dans sa tranchée. Et je crois que je suis toute seule pour combattre."
Ça ne suffit pas, elle découvre les vertus apaisantes de l'alcool fort, seule, et de la drogue, avec d'autres : "Me donner la sensation d'être vivante pour oublier ce vide insupportable en moi. Rien qu'un peu".
Pas grand chose à ajouter pour parler de cet album, si beau, si doux, si triste.
Tellement plus sensible et subtil que la plupart des autofictions-BD sur le mal-être adolescent et l'engrenage de l'auto-destruction.
On le lit la gorge nouée, on le referme un peu apaisé, sur une lueur d'espoir : l'adolescence est un tunnel dont, fort heureusement, on trouve souvent l'issue.
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J'ai trouvé cet album lors d'un passage en bouquinerie. Je n'avais pas lu depuis longtemps ce qu'on appelle un « roman graphique », comme cet album est désigné par l'éditeur. J'ai l'impression que cette dénomination est souvent utilisée simplement en raison du choix du noir et blanc… Nous sommes en 1988, en Belgique. Rosie subit une situation peu habituelle à son âge. A treize ans, elle doit se débrouiller seule à la maison, sa mère étant partie et son père étant très occupé par son travail. Heureusement, son amie d'enfance Nath est là. Mais bientôt, l'absentéisme et l'alcoolisme naissant de Rosie creusent un fossé entre les deux jeunes filles. Rosie fait la connaissance d'un garçon, un jour où elle broie du noir, seule sur ce muret où elle partageait avant ses secrets avec Nath. Comme elle, Jo est seul, se débrouille. Avec lui, elle connaît l'attention, mais aussi une certaine vie en marge, attirante et dangereuse à la fois. le jeune homme de seize ans l'initie à la musique, aux petits trafics et à l'amour… J'ai beaucoup apprécié dans cet album retrouver les grands aplats de noir que j'aime en matière de BD. le dessin est fin, mobile, expressif. Les auteurs excellent dans la retranscription de la solitude et d'une adolescence à la dérive. le tout est vraiment très réussi, s'ancre dans les années 80, tout en touchant à l'universel par sa mélancolie. le lecteur assiste avec inquiétude au quotidien de Rosie, abandonnée bien trop tôt et en quête d'affection. Quand elle porte une première fois une bouteille d'alcool à sa bouche, on voudrait en éloigner le goulot et la prendre dans ses bras. Une très belle trouvaille de bouquinerie !
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Bon dessin et très bon scénario noir sur la période d'adolescence que trabersent les protagonistes. Je conseille même si J'hésite à faire lire cette Bd à ma fille de 13 ans (donc directement concernée par son âge), mais ça reste quand même hardcore... A suivre donc.
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Formidable BD, aux traits accentués, aux dessins noir et blanc évocateur, ambiance installée, histoire et personnage (Rosie) attendrissants. A découvrir !
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