Comme le dit, si justement,
Kerry Reichs dans «
L'épopée du perroquet » publié en France en 2012 : « Lire c'est rêver les yeux ouverts ».
Bibliophile depuis ma tendre enfance, je lis pour étancher ma soif de connaissances mais aussi pour m'évader.
Que j'aurais aimé me trouver dans un monde imaginaire à travers «
Marion, 13 ans pour toujours » de Nora Fraisse pareillement à des oeuvres de fictions comme « le miroir de Cassandre » de Bernard Weber, par exemple.
Il y a des livres qui ne devraient pas exister et celui-là en fait partie. Il y a des drames dévastateurs qui font sortir de l'anonymat des personnes qui s'en seraient bien passées. Notre auteure est une d'entre-elle.
Pourquoi avoir choisi cette lecture qui ne s'annonçait comme un périple des plus joyeux ?
Simplement pour comprendre les tenants et aboutissants de cette monstrueuse affaire et rendre hommage à la maman. Je ne suis pas habitée par du voyeurisme mais par un profond respect à son égard.
Le 13 février 2013, la vie de la famille fraisse bascule dans l'horreur et à partir de ce jour, plus rien ne sera comme avant.
En ce mercredi en début d'après-midi, Nora trouve sa fille pendue par un foulard au porte-manteau de sa chambre. Marion, 13 ans, élève de 4ème, qui vient de se suicider a laissé son portable suspendu ainsi qu'une lettre dans laquelle elle explique être la cible de brimades, d'insultes de plusieurs camarades au collège ainsi que sur les réseaux sociaux.
Ses parents, ne se doutant pas du calvaire qu'elle vivait, n'ayant perçu à aucun moment son mal-être, sont choqués, anéantis. Ils ne comprennent pas. Tout un flot de questions se pose désormais à eux. Quel a été ou quels ont été les éléments déclencheurs ? de mauvaises notes avec la peur de décevoir ? Un premier amour déçu ou impossible ? le sentiment d'être jalousée et donc rejetée ?
Se sentant coupables, ces derniers, plus spécifiquement sa mère, espèrent trouver des réponses en remontant la piste du drame. le livre-testament «
Marion, 13 ans pour toujours » est né.
La structure de ce récit bouleversant, très intimiste est basée sur une lettre ouverte dans laquelle l'écrivaine s'adresse à sa fille. Elle lui fait part de son ressenti, de son quotidien malgré l'absence. Elle lui explique surtout les démarches accomplies.
Au fil des mots, des phrases, des lignes on suit son enquête pour démêler les fils enchevêtrés et aboutir à la vérité. On ressent sa rage, son désarroi, sa peine. Je l'ai plaint lors de certains passages.
J'ai apprécié cette partie dans laquelle la force mentale de la maman est révélée. Elle n'abdique pas devant les difficultés. C'est tout à son honneur.
J'ai été choquée par l'attitude ignoble du principal de l'établissement. J'ai détesté sa façon de rejeter la faute sur autrui et de se défausser.
La seconde partie, quant à elle, est plus technique, plus axée sur la législation dédiée au harcèlement.
J'ai moins été impliquée. La lecture m'est apparue comme rébarbative, longue même si j'en conçois l'intérêt.
Cela dit, je trouve que ce récit est construit trop à charge contre le collège, l'administration, les élèves…
Je saisis tout à fait le point de vue de Madame Fraisse, éperdue de chagrin, contrainte à jamais de vivre sans son enfant, mais j'aurais aimé avoir l'autre version pour me faire une idée plus précise. Je ne condamne pas mais il me manque des informations tout simplement.
Ce texte peut émouvoir, certes, mais il n'est pas pathos. Je le qualifierai de juste et de percutant. Percutant dans le sens où Il nous jette « à la figure », si j'ose m'exprimer ainsi, l'impact maléfique que peuvent avoir des actes gratuits, des paroles abjectes, blessantes sur n'importe quel individu et plus particulièrement sur un ou une adolescente vulnérable.
A travers les pages, est mis en lumière un phénomène de société mal connu, souvent à peine effleuré par les médias.
L'écriture est quelquefois confuse mais là n'est pas l'essentiel. Je dirai même que ce n'est qu'une broutille en comparaison à la trame.
En définitive, je conseille ce bouquin aux lectrices ou lecteurs qui sont attirés par les témoignages. Lisez-le pour vous documenter, en apprendre plus sur le harcèlement scolaire.
Ne jugez-pas car cette histoire n'est pas un roman mais bien un fait réel.
Sachez, d'ailleurs, qu'il m'a été difficile d'écrire une chronique et encore plus de la noter.
Je félicite Madame Fraisse d'avoir eu le courage de coucher sur papier cette tragédie afin que cela serve à d'autres enfants.
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