Citations sur Histoire contemporaine, tome 2 : Le mannequin d'osier (35)
Il avait le malheur d'être assez intelligent pour connaitre sa médiocrité qui, par moments, se montrait à lui, sur sa table, entre l'encrier et le classeur, comme une petite personne maigre et sans grâce. Il se reconnaissait et ne s'aimait pas. Il aurait voulu contempler sa propre pensée sous l'aspect d'une nymphe aux belles hanches. Elle lui apparaissait en sa forme véritable, qui était grêle et sans vénusté. Il en souffrait, car il avait de la délicatesse et le goût des idées.
On goûte un plaisir philosophique à considérer que la Révolution à été faite en définitive pour les acquéreurs de biens nationaux et que la Déclaration des droits de l'homme est devenue la charte des propriétaires.
"On goûte un plaisir philosophique à considérer que la Révolution a été faite en définitive pour les acquéreurs de biens nationaux et que la Déclaration des droits de l'homme est devenue la charte des propriétaires." (A. France, Le Mannequin d'osier, p. 59)
Les hommes se déterminent par leur sentiment le plus fort. Chez les soldats, comme dans toutes les foules, le sentiment le plus fort est la peur. Ils vont à l'ennemi comme au moindre danger. Les troupes en ligne sont mises, de part et d'autre, dans l'impossibilité de fuir. C'est tout l'art des batailles. Les armées de la Républiques furent victorieuses, parce qu'on y maintenait avec une extrême rigueur les moeurs de l'ancien régime, qui étaient relâchés dans les camps alliés. Nos généraux de l'an II étaient des sergents de la Ramée qui faisaient fusiller une demi-douzaine de conscrits par jour pour donner du cœur aux autres, comme disait Voltaire, et les animer du grand souffle patriotique.
Je vois surtout à cela un intérêt de parti, répondit M. Bergeret. Et, s'il me fallait mettre d'un parti, c'est dans le vôtre forcément que je me rangerais, puisque c'est le seul que je pourrais servir sans trop d'hypocrisie. Mais par bonheur, je n'en suis pas réduit à cette extrémité, et ne suis nullement tenté de me rogner l'esprit pour entrer dans un compartiment politique. A vrai dire, je demeure indifférent à vos dispute, parce que j'en sens l'inanité.
Et, s'il me fallait mettre d'un parti, c'est dans le vôtre forcément que je me rangerais, puisque c'est le seul que je pourrais servir sans trop d'hypocrisie. Mais, par bonheur, je n'en suis pas réduit à cette extrémité, et ne suis nullement tenté de me rogner l'esprit pour entrer dans un compartiment politique. À vrai dire, je demeure indifférent à vos disputes, parce que j'en sens l'inanité.
Il fut malheureux par sa faute. Car toutes nos misères véritables sont intérieures et causées par nous-mêmes. Nous croyons faussement qu'elles viennent du dehors, mais nous les formons au-dedans de nous de notre propre substance.
Ce Pauquet, qui faisait venir ici les plus belles filles de l'Opéra, n'était pas chevalier de Saint-Louis. Il serait aujourd'hui commandeur de la Légion d'honneur et les ministres des finances viendraient prendre ses ordres. Il avait les jouissances de l'argent ; il en aurait maintenant les honneurs. Car l'argent est devenu honorables. C'est notre unique noblesse. Et nous n'avons détruit les autres que pour mettre à la place cette noblesse, la plus oppressive, la plus insolente et la plus puissante de toutes.
Vous devez savoir que votre Dieu montrait jadis, aux âges bibliques, un goût assez vif pour les sacrifices humains et que l’odeur du sang lui était agréable. Il se réjouissait des massacres et jubilait dans les exterminations. (...) Il immolait les innocents et les coupables, les guerriers et les vierges, plume et poil.
– M. Roux, mon élève, ajouta-t-il, est l’espoir de la métrique latine. Mais, par un étrange contraste, ce jeune humaniste, qui mesure si rigoureusement les vers d’Horace et de Catulle, compose lui-même en français des vers qu’il ne scande pas avec exactitude, et dont je ne puis, je l’avoue, saisir le rythme indéterminé. En un mot, M. Roux fait des vers libres.