Lorien Legacies, tome 6 : Le destin de dix

- D'après ce qu'a dit John, Sam n'a découvert ses Dons que lorsqu'une piken s'est jetée sur eux, je fais remarquer. Peut-être que tu ne t'es pas encore trouvée dans une situation où ils se seraient révélés.
- Oui, renchérit Marina. Je parle d'expérience, les Dons ont tendance à ne se manifester que quand on a vraiment besoin d'eux.
- Oh, génial, intervient Mark. Donc si on traîne dans le coin pour faire face à une mort certaine, peut-être qu'il existe une chance que je meure avec des super-pouvoirs.
- Ouais. Peut-être.

"Je me demande ce qu'il restera de nous quand tout sera terminé, Six. A quoi on ressemblera.
_ A condition qu'il reste quelque chose de nous. Ce qui paraît très aléatoire, à l'heure qu'il est."

Voici donc la vie que nous avons sauvée - celle d'un gars qui voit la perte d'un oeil comme un nouveau moyen de rangement.

Malgré l'humidité ambiante, il a la main étrangement fraîche et sèche _ il est visiblement calme, comme si tout ça n'avait absolument rien de bizarre, pour lui. Je ne peux m'empêcher de laisser échapper un petit rire.
"Quoi? me chuchote-t-il dans le noir.
_ C'est juste que je n'aurais jamais imaginé qu'un jour je me baladerais main dans la main avec un Mogadorien.
_ Nous sommes alliés. C'est pour le bien de la mission.
_Ouais, merci de préciser. Mais même, ça ne te fait pas un drôle d'effet?"
Il marque une pause. "Non, pas vraiment."

"Quel âge tu as, au fait? demande Daniela.
_ Seize ans.
_ Ouais." Elle hoche la tête comme si elle le savait déjà. "Tu es comme cette fille, sur la vidéo. C'est vrai qu'on sent que tu as beaucoup plus de maturité. Et tu as l'air d'avoir traversé pas mal de merdes. Mais au final..." Mais elle laisse la phrase en suspens, l'air pensif. "Tu devrais être tranquillement en première, en ce moment, mec. Pas en train de sauver le monde."

Bientôt, je repère la lanterne d'Adam qui se balance dans la jungle. Il ne se presse pas, afin que je puisse le rattraper. Il ne m'entend pas arriver. Lorsque je glisse ma main dans la sienne, dans la seconde de battement avant qu'il devienne à son tour invisible, je l'entends retenir son souffle et je sens ses épaules se crisper.
"Je t'ai fait peur?" je murmure. Par la télékinésie, je lui retire sa lampe de l'autre main et reproduis ma petite feinte.
"Tu m'as surpris, c'est tout, répond-il d'une voix calme. Allons-y."

Parfois le progrès doit être douloureux