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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans ce roman si "classique" et pourtant si singulier, comme dans le poème (ou presque), tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et ... promesse illusoire de volupté. Mais si cette promesse n'est qu'illusoire, elle n'en est pas moins empreinte de ferveur et d'émois vertigineux. On peut aussi jouir de ce qui aurait pu avoir lieu et Eugène Fromentin, peintre, romancier et écrivain-voyageur, sait nous le faire ressentir grâce à une langue et un art de la narration tout-à-fait remarquables :

« Souvent je m'étais demandé ce qui arriverait si, pour me débarrasser du poids trop lourd qui m'écrasait, très simplement, et comme si mon amie Madeleine pouvait entendre avec indulgence l'aveu des sentiments qui s'adressaient à madame de Nièvres, je disais à Madeleine que je l'aimais. Je mettais en scène cette explication fort grave. Je la supposais seule, en état de m'écouter, et dans une situation qui supprimait tout danger. Je prenais alors la parole, et, sans préambule, sans adresse, sans faux-fuyants, sans phrases, aussi franchement que je l'aurais dite au confident le plus intime de ma jeunesse, je lui racontais l'histoire de mon affection, née d'une amitié d'enfant devenue subitement de l'amour.[...] »

Oui, il y a comme une sorte de plaisir régressif à se plonger dans la lecture de Dominique mais pourquoi diantre se priver de ce plaisir-là ?
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Dominique … Non, Soeur Sourire ne s'est pas inspirée de Fromentin pour truster les charts américains avec son tube à la rime tout de même équivoque… En fait, Dominique repose sur un thème qui a permis à Flaubert, Stendhal, Balzac - et j'en oublie sûrement et d'ailleurs c'est volontaire – de produire des chefs-d'oeuvre que les tempes grises savent apprécier alors que les chères têtes blondes parcourent comme si une médaille du mérite était à gagner … Oui donc, ce thème est celui de l'amour impossible dans le monde bourgeois entre un jeune homme et une jeune femme mariée. Donc on ne va pas détourner nos lectures titanesques pour ce qui pourrait ressembler à un simple écueil glacé et presque oublié de la littérature du XIXème siècle … Non, j'en conviens ! Et pourtant quel régal dans les descriptions des paysages ou des scènes de vie : on ne peut s'empêcher de penser que Fromentin a su transmettre son art de peintre du pinceau à la plume. Quel plaisir aussi de partir pour une longue promenade au rythme du passé simple et de ses accents circonflexes se baladant sur les verbes du second groupe. Que c'est bon quand la virgule et encore plus le point virgule sont usés à bon escient …. Et c'est là que j'ai découvert ma fringale pour relire les classiques du XIX siècle : souvenir d'enfance comme la tarte que Môman sortait du four à l'heure du goûter …
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J'aime comment Fromentin l'écrivain signe son oeuvre littéraire comme il signerait une toile ! La justesse de sa prose, la finesse de son style nous fait carrément "voir" des images de scènes qu'il écrit dans ce roman autobiographique.

Fromentin a cette façon de mélanger les genres, d'abord on retrouve, dans l'intrigue amoureuse centrale qui lie le héros à Madeleine, qui est mariée à un autre homme, des échos des souffrances du jeune Werther, sans compter les descriptions des paysages de la nature, ensuite le récit fait par Dominique n'est pas sans rappeler les aventures des romans picaresques, et finalement cette forme du "roman à tiroirs''. En effet, le récit principal, autobiographique, basé sur les souvenirs de l'auteur, est enchâssé et présenté comme secondaire à celui du narrateur fictif qui arrive aux Trembles et fait la rencontre de M. Dominique alors qu'il est retraité et vit paisiblement dans son domaine à la campagne.

Tous ces éléments font le style absolument original de cet auteur unique et dont le livre Dominique est à mon avis majeur.
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Un beau livre avec un style superbe qui me rappelle un peu Proust :une intrigue ciselée des personnages fouillés et un rebondissement final,bref un bel ouvrage à ne pas manquer !
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Quand on évoque des romans classiques, surtout du 19è siècle, j'ai souvent cette image de littérature rigide, verbeuse, pompeuse et descriptive, qui finit par lasser au bout de quelques pages. Forcé à lire certains romans dans mes années scolaires, je fus dégouté de plusieurs auteurs que je redécouvre petit à petit, sans pression et avec plus de bagages qui me permettent de bien mieux appréhender les concepts de cette période.

C'est donc ainsi que j'en suis venu à lire "Dominique", roman semble-t-il célèbre et célébré dans la littérature française, dont l'exemplaire trainait dans ma PAL depuis de longues années. Bien vite, malgré la tournure vieillotte de certaines phrases et des considérations parfois dépassées par l'âge de cet ouvrage, j'ai pris plaisir à ma lecture et progressivement je me suis laissé entrainer par le récit.

C'est un roman d'amour avant tout, certes, mais j'ai trouvé que le roman parlait aussi d'autres choses : la jeunesse dilettante qui ne sait ce qu'elle veut et espère de la vie, l'opposition entre la campagne Normande et les grandes villes, spécialement Paris, présentée comme le lieu incontournable du monde mais dans laquelle l'humain se perd. J'ai surtout, de part mon parcours personnel, été sensible à cette dernière thématique, que j'ai trouvé assez juste dans le récit. On ressent le déracinement dans le personnage principal, le manque de cette campagne qu'il connait si bien et dans laquelle rien ne semble étranger. Mais où tout est aussi sincère et brut, sans camouflage et artifice. J'ai trouvé que cette volonté marquée est bien retranscrit, Dominique ne restant finalement à Paris que pour voir Madeleine, s'en retirant dès lors que leur histoire est définitivement terminée. On ressent une certaine douceur envers un monde de campagne où il peut vivre, solitaire mais plus apaisé.

Et cela se combine très bien avec une autre thématique : celle du but de notre vie. Ici à travers Dominique qui cherche à écrire un livre, aussi bien qu'il le puisse, pour finir par accepter de n'être qu'un écrivain ayant eu un petit succès qui sera vite oublié, accepte de disparaitre dans le cours du temps et se permets de vivre sans gloire, loin de tout, oublié, car c'est là le destin de la majorité des humains. Cette thématique assez peu développée dans le récit par ailleurs, est assez nouvelle pour des romans de ce siècle où l'on côtoie bien plus souvent des personnages souhaitant une forme d'immortalité dans la pensée de leurs contemporains. Ici, le personnage essaye, tente, puis renonce en comprenant qu'il lui sera impossible de faire parti de plus grands, lui qui ne peut compter sur son unique talent. Cette audace d'écriture, cette lucidité du personnage est brillante. Elle se combine avec son refus d'une capitale, d'un monde de faux-semblants et bruyant, donnant un personnage plus effacé, plus timide ou réservé, qui accepte de faire partie de la masse et de mourir sans gloire et sans posthume. Une vie banale, une mort banale, et un amour ardent qui est ... banal aussi. Par le récit, on construit un personnage qui se veut extraordinaire par la faute des autres et s'accepte finalement comme ce qu'il a toujours voulu être : rien d'important.

Ce message est d'une éclatante modernité, en décalage complet avec tant d'oeuvres qui placent leur héros en singularité, sur un piédestal, au-dessus du nombre ! Ici, c'est la cruelle réalité de nos vies qui réapparait, et les tourments de l'amour me semblent presque devenir une métaphore du cheminement intérieur de ce personnage : il veut devenir quelqu'un, s'accroche à cette idée lorsqu'il la formule, tente de le devenir par plusieurs manières, finit par renoncer et repart vivre heureux (peut-être). Une brillante réalisation, qui, s'il n'est pas le récit d'amour d'une époque, est une bonne lecture dont les sujets m'ont parlés. Une bien belle réalisation, que je comprends mieux après lecture comme une oeuvre a plus forte portée que je ne le pensais. C'est du très bon, et je recommande, pour peu que vous puissiez passer le récit un peu daté dans sa prose.
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Dominique d'Eugène Fromentin est une oeuvre assez méconnue et peu étudiée dans le milieu scolaire. Ce récit publié en 1863 est sans doute l'un des derniers romans romantiques du XIXème siècle et préfigure déjà l'Éducation sentimentale de Flaubert. Basé sur un amour compromis par le mariage de l'être aimée, Dominique est une histoire sensible et psychologique où le héros fait l'apprentissage de lui-même. Dominique est un être attachant dont on suit le renoncement à l'amour avec compassion. Les épisodes se succèdent, sans incident, marque d'un temps qui passe, inévitablement.
Mélancolie, tristesse et désespoir sont les marques de ce roman bien écrit, au style lyrique qui nous emmène dans des descriptions magnifiques. Eugène Fromentin qui était avant tout un peintre transpose par l'écriture des paysages, des portraits comme je n'en avais jamais lu encore. Écriture annonçant Proust par des descriptions synesthésiques qui renvoient aux bruits, odeurs, impressions, ... les paysages s'animent sous nos yeux tandis que les portraits sont saisis d'un regard. On assiste chez Dominique à une véritable fusion avec la nature, autre caractéristique du courant romantique.
Dominique est un roman court mais passionnant, qui ne plonge pas le lecteur dans l'ennui comme on aurait pu le croire. L'histoire rappelle celle de la Nouvelle Héloïse, de Jean-Jacques Rousseau et nous emporte dans un autre siècle, où les sentiments étaient dépeint certes avec retenue mais aussi puissance. Une belle découverte.
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L'argument du livre n'avait rien a priori pour me séduire. Un homme se rend compte qu'il aime une femme alors qu'elle est sur le point de se marier avec un autre. Cet amour est partagé mais las, la belle est honnête et vertueuse. A sa demande, il consent à s'eloigner et retourne sur ses terres, où il vivra en gentleman farmer, bon père et bon époux mais dans l'ombre du souvenir d'un impossible amour. C'est en partie autobiographique mais également largement romancé. Je me suis décidé à le lire après une conférence de Patrick Tudoret sur Fromentin. Et finalement j'ai bien aimé. Certes l'histoire participe d'un romantisme un peu désuet mais l'ecriture est rigoureuse et synesthesique dans la mesure où elle parvient à faire remonter les couleurs, les bruits, les odeurs, les impressions ...comme chez Proust, Renoir ou Sibelius par exemple.
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