- Mais il disait aussi que mourir sous les balles d'un peloton d'exécution mexicain n'était pas une mauvaise façon de dire ses adieux au monde. Puis il ajoutait avec un sourire : «C'est plutôt mieux que de mourir de vieillesse, de maladie ou d'une chute dans un escalier.»
La conscience errante, vagabonde, se disperse comme du pollen par une journée de printemps ; ce qui la dissémine la sauve. Mais à côté de cette conscience brisée de l'univers, une question fait le voyage de la vie et nous demande : quelle est la raison la plu profonde pour aimer?
«Il est une frontière que nous n'osons franchir que la nuit, avait dit le vieux gringo : la frontière de nos différences avec les autres, de nos combats avec nous-mêmes.»
[…] ne vois-tu pas ma mort comme une partie de ma vie, gringuita?
- Non, répondit-elle, la vie est une chose et la mort en est une autre : ce sont deux choses opposées, ennemies, on ne doit pas les confondre afin de ne pas risquer d'abandonner la vie ou de cesser de la défendre, car la vie est fragile et elle peut cesser d'être à tout moment.
- C'est bien la preuve que la vie contient sa propre mort, lança Arroyo.
- Non, non, protesta vigoureusement Harriet en secouant ses nattes défaites, la vie est encerclée par son ennemie ; nous sommes assiégés par ce qui est la négation même de notre existence : le péché, la mort, le démon, l'Autre…
Elle baissa la tête, puis elle ajouta :
- Mais le salut est possible si l'on pratique la bienfaisance, la vertu personnelle, la sobriété - elle jeta un regard de côté à la toujours présente bouteille de mescal, mais elle s'en voulut aussitôt de son manque de charité - et par la grâce de Dieu, omniprésente et accessible parce que généreuse et c'est pour cela qu'Il est le Seigneur...
Washington n'est pas une ville, c'est un décor, un paysage. Les acteurs principaux changent si souvent.