Le syndrome de Stockholm décrit l'amour des otages pour leurs geôliers; de même, il devrait y avoir un nom pour ce phénomène qui voit deux êtres rapprochés par une cause commune reléguer leurs différences au second plan, après la priorité. Une même abnégation aphrodisiaque et contagieuse nous submergeait littéralement, tous autant que nous étions.
Mystère à jamais insondable, comment expliquer qu'il y ait plus de miettes que de biscuits?
Se représenter la vie d'un autre est un acte de compassion profondément sacré.
Comment les gens peuvent-ils se sentir en sécurité quand les événements démontrent clairement qu'être ami ou ennemi ne fait aucune différence, quand vous pouvez par un caprice passer d'un statut à l'autre ?
On nous avait donné le plaisant surnom d'"émigrantsia", car nous étions des émigrants cultivés opposants au régime. Les Juifs arrivèrent en masse plus tard. Mais nous n'avions rien de nantis. Tous, nous étions déracinés, dans l'embarras, coupés de notre langue, souvent sans le sou, privés de lecteurs et interdits de travail.
On ne se souvient pas de sa propre douleur. C’est la souffrance des autres qui détruit. (p. 398)
Cette vie immense-la vraie vie, cette vie intérieure dans laquelle nous restions liés aux morts (puisque le rêve passe outre à ces bagatelles que sont le souffle et l'absence)-, cette vie immense nous échappe totalement. Tout ce que nous avons vu,tous ceux que nous avons connus pénètrent en nous et nous constituent, que cela nous plaise ou non; Nous sommes liés les uns aux autres par une trame invisible dont nous ignorons les effets. Un nœud ici, une maille sautée là, une bosse là-bas, et une fois tissée, c'est toute la tapisserie qui change.
Il s'adresse à moi sans rien attendre en retour, comme si le mutisme était une réponse parfaitement appropriée à ce monde.
Le meilleur atout des agents nazis, c'est que personne, ni parmi la police, ni parmi nos amis, ne peut croire une seule seconde que quelqu'un puisse faire ce dont nous avons la preuve qu'ils font.
Être avec dora, c était se décharger du fardeau de moi- même. C est là tout le secret de la création : il faut se trouver dans un état second, un peu comme en amour. À la fois plus vivant et plus soi- même que jamais, et aussi moins certain de ses limites, plus réceptif.