NAPOLÉON BONAPARTE: 1799-1814
De cette rencontre d'un homme et d'un peuple, si brève, mais si éclatante, et si longue à oublier, puiqu'elle va durer presque un siècle, Chateaubriand a écrit le commentaire le plus profond :
" Une expérience journalière fait reconnaître que les Français vont instinctivement au pouvoir : ils n'aiment point la liberté; l'égalité seule est leur idole. Or, l'égalité et le despotisme ont des liaisons secrètes. Sous ces deux rapports, Napoléon avait sa source au cœur des Français, militairement inclinés vers la puissance, démocratiquement amoureux du niveau. Monté au trône, il y fit asseoir le peuple avec lui, roi prolétaire, il humilia les rois et les nobles dans ses antichambres ; il nivela les rangs, non en les abaissant, mais en les élevant : le niveau descendant aurait charmé davantage l'envie plébéienne, le niveau ascendant a plus flatté son orgueil. "
Mais si l'an II tient une place à part dans la longue histoire des classes inférieures, il le doit moins aux masses de la sans-culotterie qu'à son encadrement.
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Beaucoup pensent ce que Robespierre exprime le 25 février : "Je ne dis pas que le peuple soit coupable, je ne dis pas que ses actes soient un attentat ; mais quand le peuple se lève ne doit-il pas avoir un but digne de lui, mais de chétives marchandises vont-elles l'occuper ?"
Et lors de la disette de Ventôse ,un cordonnier conseille de se porter aux prisons pour y égorger les détenus ,les faire rôtir et les manger ,et "qu'ils préfèreraient faire manger des chats aux patriotes,on les mangerait comme des chiens"