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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Mathieu Gabella au scénario, Malatini pour le dessin et le support de deux historiens, Étienne Anheim et Valérie Theis, et cela donne un excellent Philippe Auguste dans la série de bd historiques : Ils ont fait L Histoire.
Juste une touche d'amusement sur l'étonnement que manifeste ici Philippe II à propos de la propension des chroniqueurs qui racontaient sa vie à grandir ses hauts faits et à les nimber de légende. La Philippide de Guillaume le Breton lui a sculpté une statue qui l'apparente à un César ou à un Alexandre.
En réalité, et les auteurs de cette bd ne le cachent pas, Philippe se montra inférieur à Richard Coeur de Lion sur le plan militaire et ne prit de l'importance aux yeux de ses contemporains qu'après la mort de ce roi d'Angleterre, remplacé sur le trône par le piètre Jean Sans Terre.
Évidemment, dans sa jeunesse, il éprouva une vive admiration pour ce valeureux Richard, qui luttait alors avec ses frères contre leur père Henry II Plantagenêt, et cette amitié frôla peut-être la relation homosexuelle (mais on ne s'appesantit pas sur le sujet). L'accession de Richard au trône d'Angleterre desserra naturellement ces liens et leur participation commune à la Croisade qui leur permit de reprendre Saint-Jean-d'Acre ne fut pas faite pour les réconcilier, au contraire, chacun voulant se voir accorder tout l'honneur et le mérite de ce franc succès, mais qui n'était pas si grand qu'il l'aurait été s'ils avaient pu reprendre Jérusalem.
Les images en disent autant que le texte, et l'on voit Philippe, joliment chevelu jusqu'alors, perdre au cours de cette expédition, beaucoup de ses cheveux, et aussi, chose plus ennuyeuse, l'usage d'un oeil.
Le roi nous apparaît sous un jour qui n'est pas toujours à son avantage, comme lorsqu'il profita du fait que Richard était demeuré en Terre Sainte pendant que lui-même regagnait son royaume de France pour mieux agir contre ce même Richard au travers des lieutenants qui agissaient pour lui sur le continent. Philippe le conquérant se révèle à lui-même et à ses contemporains une fois Richard Coeur de Lion tué à Châlus-Chabrol en 1199. Il prend la forteresse de Château-Gaillard qui faisait la fierté de Richard et qui servait de verrou sur la Seine et sur la route de Rouen. Philippe ne cessa plus alors d'étendre son domaine et de repousser les limites du royaume.
Poussé par l'Église à s'investir dans la Croisade contre les Albigeois (ou plutôt contre les protecteurs des Cathares), il refusa de s'engager, mais laissa son fils, le futur Louis VIII le Lion y aller.
À ce fils, il offrit en 1214 de s'illustrer aussi contre le roi d'Angleterre Jean Sans Terre, battu à la Roche aux Moines, tandis que Philippe remportait la bataille de Bouvines sur le reste des localisés, Flamands, Allemands et Boulonais dans une rencontre militaire magnifiée par les chroniques favorables au roi de France. Louis fut encore servi un temps par son père dans sa tentative d'abord encouragée de se saisir de la couronne d'Angleterre, mais la mort de Jean Sans Terre par dysenterie en octobre 1216 mit fin à ce rêve, les barons anglais ralliant alors en nombre Henry III.
Pour finir, de la première à la dernière image, nous surprenons un roi assez craintif de la mort et désireux de mettre son âme en repos par la prière et d'implorer le secours divin : jeune quand il faillit se noyer au franchissement d'un pont en bois en 1198 et quand la camarde vint le chercher le 14 juillet 1223.
Bon équilibre entre spiritualité privée et volonté de l'homme de construire un grand royaume.

François Sarindar
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Dans la collection «ils ont fait l'histoire», un tome consacré à l'un des plus célèbres rois du Moyen-Age, Philippe II dit Auguste.

Cette biographie retraçant le parcours du «grand» roi est fidèle à l'histoire.

Contrairement au «roman national», ici on a une vision beaucoup moins flatteuse de Philippe, mais simplement humaine avec ses qualités, ses défauts, ses victoires et ses défaites, une biographie remarquable.

Seul bémol ( mais il est d'importance), le dessin qui est très classique ne m'a pas emballé, mais c'est souvent le cas pour ce genre de récit.

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Après Philippe le Bel et Saint Louis, la collection « Ils ont fait l'Histoire » revient aux « Rois qui ont fait la France » avec la figure de Philippe Auguste. Evidemment on est loin du roman national des historiens de garde, et une fois de plus les auteurs déconstruisent le mythe pour nous mieux dévoiler un homme et son âme…
Si Louis VII avait été élevé pour consacrer sa vie au Royaume de Dieu, Philippe II a été élevé pour consacrer sa vie au Royaume de France : enfant gâté, adolescent impatient, roi imprudent, le challenger des Plantagenets a eu le temps de changer pour passer du « valet mal peigné » à l'auguste souverain. En divorçant du roi de France pour épouser le roi d'Angleterre une génération avant, Aliénor d'Aquitaine a jeté de l'huile sur le feu des relations franco-anglaises : il soutient Richard, Geoffroy et Jean contre leur père Henri II, puis il soutient Jean contre son frère Richard, puis Arthur contre oncle Jean. Et force est de constater que la confrontation fut longue entre Auguste et Coeur de Lion, le deuxième entraînant le premier dans les aventures des croisades et ce dernier qui a finalement a toujours vécu à l'ombre de sa gloire s'en empresser d'ajouter la honte au déshonneur en le plantant sur place pour conquérir ses terres en son absence…
Le roman national a fait de Philippe Auguste un roi guerrier, un grand réformateur, un fin calculateur et un administrateur hors-pair qui aurait planifié de main de maître le destin de la France. Il en est ici tout autrement car il est impétueux au point de plusieurs fois manquer de tout perdre sur un de ses nombreux coups de tête / coups de sang, en voulant diviser pour régner il est pris au piège de ses propres machinations par retour de bâton (en m'alliant avec la Flandre je déclare la guerre à la Champagne, et en me réconciliant avec la Champagne je déclare la guerre à la Flandre ^^), à de multiples occasions il est obligé de raviser car ses décisions sont improductives voire dangereuses, et il a foutu le gros bordel dans son pays et dans sa famille en répudiant pour des raisons encore inconnues l'épouse qu'il avait mis très longtemps à choisir parmi tous les partis d'Europe (la mystérieuse affaire Ingeburge de Danemark ^^)… Tout aurait pu très mal tourner, mais il survit à son meilleur ennemi, celui qui le remplace brille par son incompétence, les matadors flamands ne cessent de se tirer dans les pattes, et l'empereur allemand est tellement lâche qu'une escarmouche heureuse devient la bataille épique du Dimanche de Bouvines ! C'est le fil conducteur du tome : les chroniqueurs rivalisent d'emphase et d'imagination pour chanter les louanges de la Fille Aînée de l'Eglise et de son royal protecteur. le personnage n'est pas dupe et prend tout cela avec autodérision et deuxième degré, ce qui rend particulièrement plaisant les dialogues de Mathieu Gabella. Il y a ainsi la mise en valeurs de moments clés que le roman national a oublié : le calvaire du Siège d'Acre en 1191 où il perdit ses illusions, ses cheveux et un oeil, le Siège de Gisors en 1198 qui ouvre cet album où dans une fuite éperdue suivant un assaut aussi précipité que mal préparé il faillit se noyer dans une rivière, la chance qui change de camp quand la mort de Jean sans Terre empêche son fils de conquérir l'Angleterre, ou ce passage où il ne prend au sérieux son petit-fils qui affirme haut et fort qu'il fera mieux que lui (il s'agit du futur Saint Louis ^^).

Pour en rien gâcher les graphismes de Mickael Malatini colorisés par Arancia Studio sont très sympas et collent bien au sujet, avec quelque fulgurances qui laissent entrevoir de belles promesses pour le suite de sa carrière, et les appendices intéressants réalisés conjointement par Etienne Anheim directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales et Valérie Théis professeure d'histoire médiévale à l'Ecole normale supérieure de Paris. Après j'en attendais plus et j'ai eu l'impression qu'il manquait un truc pour être dans le dépassement de fonction, mais pouvait-on faire mieux en 48 pages ?

PS : qu’est-ce que c’est que cette pastille jaune rouge sur la tranche qui indique une œuvre consacrée à l’époque contemporaine au lieu d’un œuvre consacrée à l’époque médiévale ?
Lien : http://www.portesdumultivers..
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La boucle est bouclée. Cet album sur Philippe II "Auguste" termine trilogie sur les trois grands rois capétiens initiée avec l'album sur Philippe IV "Le Bel" et poursuivie avec celui sur Louis IX "Saint Louis".

Cet album entreprend à s'éloigner des images d'Epinal de ce roi célébré pour nous livrer une biographie sans ambages du souverain. Le début commence fort avec la fuite à cheval de Philippe et de son armée après un siège raté ainsi que sa chute dans une rivière qui a bien faillit lui couter la vie. S'en suit un long flashback couvrant sa naissance, son enfance et ses jeunes années ou l'on se rend vite compte que le jeune prince était bien loin d'être un modèle de maturité.

L'album se focalise également sur sa relation avec Richard Coeur de Lion, la bromance entre les deux hommes (avec en sous-texte une potentielle relation homosexuelle) puis la jalousie de Philippe envers Richard qu'il voit pourtant comme un frère, un frère qu'il n'arrive pas à égaler, qui se transformera en haine. Même après la mort du Coeur de Lion, son ombre continue de planer sur le récit et surtout sur Philippe qui se compare souvent à lui. Au fur et à mesure du récit Philippe gagne en intelligence.

On découvre alors un roi rusé, qui n'hésite pas à bousculer les codes de chevaleries et les traditions si cela peut servir son intérêt, et celle du royaume. Car malgré tout ses torts, le monarque semble avoir l'intérêt de la France à coeur et s'emploie à la transformer en Etat centralisé, une première pour l'époque. Mais c'est aussi un roi raisonnablement pieu et dévoué à l'Eglise malgré ses différents avec le pape, au sujet de ses épouses notamment. Ces deux traits de caractères se retrouveront respectivement chez son arrière petit-fils Philippe le Bel et petit fils Saint Louis.

C'est également un roi qui n'aime pas la guerre plus que de raison, malgré l'ardeur dont il fait preuve au combat. La bataille de Bouvines, qui accapare plusieurs pages de l'album est racontée de façon flatteuse pour le roi montre bien que le personnage se comporte en véritable chef d'Etat moderne, véritable maitre de la communication.

Si les dessins sont globalement agréables ils manquent un peu de finesse et souffrent d'êtres assez ternes, même si cela peut s'expliquer par une volonté de réalisme, de s'éloigner d'une vision idéalisée du Moyen-Âge ou tout était propre et brillant.
Le découpage reste classique mais je note quelques fulgurances avec la façon de présenter les différentes factions lors de la bataille de Bouvines et des efforts sur la narration.
Un album satisfaisant, mais dont j'espérais un peu mieux, mais peut-être en attendais-je trop.
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Une biographie de Philippe Auguste en bande dessinée, écrite de façon très intelligente. L'enchaînement des séquences relatant les principaux événements de la vie et du règne de Philippe II n'est pas toujours fluide, mais l'album montre de façon très astucieuse comment la légende du grand roi Philippe Auguste a été forgée par les chroniqueurs capétiens en gommant ses échecs et les imperfections de son caractère, tout en valorisant ses succès (notamment la bataille de Bouvines).
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