Le narrateur de ce petit roman est un jeune retraité encore actif. Alors qu'il rend visite régulièrement à sa tante en maison de retraite, il finit par s'attacher à un des résidents, Léo. Aussi un jour lui vient l'idée d'adopter Léo, qui accepte de venir habiter à son domicile.
"Je l'aimerai comme un enfant, sans avoir à l'éduquer"
Léo a 99 ans et est un pensionnaire facile à vivre qui se contente de peu et sait rester immobile pendant des heures. Leur quotidien se déroule sans accroc, chacun trouvant dans l'autre une présence rassurante qui comble leur solitude.
" Certains jours, en après-midi, il n'a envie de rien. Il s'installe alors au salon pour ne plus bouger. Il peut y demeurer pendant des heures. Je glisse un oreiller derrière son dos pour l'aider à tenir. Il attend quelqu'un… Plus tard, devant l'évidence que personne ne viendra, il se remet en route pour sa chambre ou la salle de bains. Voilà, c'est tout. Ça s'appelle vieillir. Jamais on ne raconte ces choses-là, bien sûr. Ça n'intéresse personne."
Jusqu'au jour où Léo fait une chute... Hospitalisé, Léo finira par rentrer mais il ne sera plus jamais vraiment pareil. Léo perdant peu à peu toute sa tête, le narrateur va devoir faire face à la vieillesse et à la dégradation inexorable qui l'accompagne.
" Il a suffi d'une chute et il est devenu vieux".
Voilà un thème original sur un sujet assez peu traité : la vieillesse.
Partant du postulat un peu improbable de l'adoption d'un ainé,
Pierre Gagnon fait un portrait touchant de ces 2 hommes qui trouvent l'un dans l'autre une sorte d'amitié forte. On y trouve de belles pages sur les liens qui se créent, sur leurs silences et leurs non-dits. Pourtant ils se suffisent à eux-même.
Mais c'est également une vision plus difficile de la vieillesse qui est donné : la mémoire qui s'en va par petits bouts, la perte d'autonomie et la folie qui guette. de son côté, le narrateur doit faire face à l'incompréhension des proches, la difficulté "pratique" de s'occuper d'une personne sénile, etc...
"Un soir, je me suis allongé près de lui et j'ai lu, à haute voix, le Vieil Homme et la Mer. "Quand le jour pointa, le vieux avait parcouru plus de chemin qu'il ne l'espérait..." Ensuite, j'ai parlé à mon père décédé. Plus tard, aussi étrange que cela puisse paraître, j'ai eu une pensée pour le bureau, à cette période de ma vie où toute mon équipe appuyait mes décisions. Maintenant, je fais face à la prise de décision la plus difficile de ma vie, et je dois l'affronter seul. Je ne connais presque rien de Léo et j'ai réussi à l'aimer. Je suis fier de moi. Bientôt, il me faudra le rendre. Il me semble que l'on ne fait que ça de notre vivant, abandonner ceux qu'on aime."
Pourtant, hélas, j'ai été un peu déçue par ce roman. Bien trop court, l'auteur ne fait finalement que survoler le sujet. J'aurais souhaité pénétrer au coeur de leurs pensées mais le ressenti de Léo n'est finalement qu'assez peu abordé et celles du narrateur ne sont qu'à peine suggérées.
Si les thèmes sont difficiles, le recul un peu ironique du narrateur permet d'alléger le récit sans pour autant offrir à son texte la force que j'attendais.
Bref, je suis restée sur ma faim...
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