» J’ai bientôt passé la moitié de ma vie, et je me demande ce que je vais faire de l’autre. »
» Il est 23h32 quand il a écrit cela. Une heure palindrome. Elle lui parle de sa fascination pour ces nombres renversés. De toutes ces choses qui se vivent dans un sens et dans l’autre, peuvent se concevoir à la fois par leur fin et leur début. Il répond que la fin des choses est toujours contenu dans leur début. »
« Le bonheur, ça se croise, et à cette pioche, tout le monde a sa chance. Ça se croise mais ce n’est pas donné, et si on n’en prend pas soin, ça s’en va ailleurs et on ne sait pas où, chez d’autres, qui ne l’ont pas encore eu, ou qui le méritent mieux. Après, il faut attendre que ça repasse. Parfois ça repasse. Et parfois pas. »
« Le temps perdu, on ne le retrouve pas. Tout ce qui était là, tout ce à quoi Jeanne tenait tant, elle allait le perdre un jour. Elle ressentait ce bonheur particulier, l’émerveillement de vivre ce que l’on a déjà commencé à perdre. »
« Un jour, on relève la tête et on se rend compte que les autres vivent, et que nous, on est arrêtés. C’est pour ça qu’il était parti. Pour rester en mouvement. »
« Elle le sait, il y a les grandes et les petites choses, les grandes modifient profondément nos vies, les petites ne font que les effleurer, mais les petites nous aident à attendre les grandes. Elles nous aident à les atteindre. »
M. Nicolas était revenu à son guichet. Elle a fait glisser la feuille vers lui. Elle 44 lui a tapoté le coude avec son doigt.
— Encore 13 heures et on sera à 3 443 heures d’existence l’un à côté de l’autre. M. Nicolas a haussé les épaules. Elle a insisté. Il y avait des clients. Elle a chuchoté.
— 3443, c’est un palindrome magnifique… Nous y serons dans deux jours.
Elle lui a dit l’heure exacte. C’était comme un rendez-vous. Une fois atteint, ils le dépasseraient. Et un jour, forcément, ils atteindraient les 4 444 heures ! 4 444 !