Une vie ne suffit pas. Jeanne aurait voulu en avoir plusieurs, pour vivre tous les choix qu'elle n'aura pas faits, toutes les directions qu'elle n'aura pas prises.
Les autres vies permettent peut-être cela .
Comme les chats. Les chats ont sept vies, et au terme de la septième , ils emportent leur maître avec eux .
- Et alors ? Les hématomes, ça passe, alors que la honte, ça suit.
Elle voulait confondre le passé et le présent. Superposer le temps. Voir où elle s'était trompée et comprendre ses erreurs.
Il est 23h32 quand il a écrit cela. Une heure palindrome. Elle lui parle de sa fascination pour ces nombres renversés. De toutes ces choses qui se vivent dans un sens et dans l'autre, peuvent se concevoir à la fois par leur fin et leur début.
Il répond que la fin des choses est toujours contenue dans leur début.
Jeanne aimait les sourires. Bien plus que les visages . Bien plus que les regards. Les sourires disent beaucoup du dedans .
Il a laissé la tasse .
Il est parti.
Elle est restée.
Elle a pris le sucre, encore dans le papier.
Elle a écrit dans son carnet : suivre un homme , s'asseoir avec lui et prendre un thé alors qu'il pleut.
Jeanne était d'une nature heureuse. Tout l'émerveillait . Même les choses les plus simples. Le lever du jour. Le coucher du soleil . La pluie sur les vitres . Une abeille sur une fleur . Le jardin.
Il y a toujours une ligne qui mène là où on veut, mais la ligne n’est pas toujours droite.
C’est pas vrai qu’on recommence à zéro. On ne recommence rien, on continue, comme on peut et du mieux qu’on peut. On peut juste essayer d’être meilleure.
C’est justement parce que certaines choses ne sont pas possibles qu’il faut essayer de les faire.