Le quatrième de couverture compare ce roman aux ouvrages d'
Andrea Camilleri. Je suis bien d'accord, non seulement pour le style, mais aussi pour l'humanisme des personnages.
Prenez Alberto Lenzi, le petit juge qui donne son nom au roman. Il est « petit » au tout début du roman. Il mène une vie des plus agréables avec sa dernière conquête en date. Pas question de s'attacher, ou de vivre ensemble, oh non ! Simplement, ils se rencontrent, régulièrement, pour le plaisir, et rien d'autres. Il est divorcé, ne voit pas son fils très souvent, et n'en souffre pas. Il voit ses amis, joue aux cartes avec eux. Les affaires ? Pas la peine de trop se fatiguer. Il est juge mais…ne fait pas de zèle ni de vague. Il n'est pas mauvais, ni corrompu, non, il ne s'investit pas dans son métier.
Seulement, un jour, un événement bouleverse tout : l'assassinat de son meilleur ami. Son tort ? Faire son métier de juge, et c'est tout. Alberto n'est même pas chargé de l'affaire, pas véritablement. Il va cependant tout mettre en oeuvre pour trouver qui a tué son ami, et qui en a donné l'ordre. Une affaire pour révéler qui il est vraiment, pas aux autres, non, à lui-même, et à son fils aussi. Cette enquête, qui ressort tout ce qui peut y avoir de pourri dans le monde contemporain, est aussi pour Alberto l'occasion de faire un examen de conscience. Il n'est ni l'homme idéal, ni un père acceptable, ni même un juge potable. Il n'est guère qu'en amitié qu'il n'a pas failli, et ce n'est pas maintenant qu'il va commencer.
Il faut dire aussi que Giorgio Maremmi n'est que le premier sur une liste de victimes qui s'allonge peu à peu. Nous pourrions même nous croire dans des temps pas si anciens, où les repentances succédaient aux règlements de compte. Les codes du milieu sont respectés, ils le sont tellement que même les vieux de la vieille sentent que cela fait beaucoup, cela fait trop. On pourrait tromper des membres de base de l'organisation, des petits juges. On peut difficilement tromper un vieux renard rusé, et un juge bien décidé à ce que la lumière soit faite, que la justice soit rendue.
Le rythme de ce roman est particulièrement prenant, donnant la parole à beaucoup de personnages sans que jamais l'on ne se perde dans l'intrigue. Tel un choeur antique et goguenard, les sociétaires du cercle culturel Vincenzo Spato et leurs interventions ponctuent l'action quasiment jusqu'à sa conclusion. Et si le « petit juge » a une vie privée, elle ne parasite jamais le récit.Le juge est un homme comme les autres. Et c'est ce qui le fait devenir un juge bien plus pugnace que les autres – jusqu'au final.
Mimmo Gangemi : un nouveau nom à retenir dans la littérature policière italienne.
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