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Citations sur Cent ans de solitude (446)

Le monde était si récent que la plupart des objets n'avaient pas de nom et pour les désigner il fallait les montrer du doigt.
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Mais, dans le fond, elle ne pouvait imaginer que le jeune garçon emmené par les gitans fût ce grand escogriffe qui s’empiffrait d’un demi-cochon de lait à déjeuner et dont les vents faisaient se faner les fleurs.
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Parfois, devant une aquarelle de Venise, la nostalgie changeait en doux arômes de fleurs l’odeur de vase et de fruits de mer avariés des canaux.
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Ils furent indignés par les vivantes images que le riche commerçant qu’était devenu don Bruno Crespi projetait dans le théâtre aux guichets en gueules de lion, à cause d’un personnage mort et enterré dans certain film, sur le malheur duquel on versa des larmes amères, et qui reparut bien vivant et métamorphosé en arabe dans le film suivant. Le public, qui payait deux centavos pour partager les retours de fortune des personnages, ne put supporter cette inqualifiable moquerie et brisa tous les sièges. Le maire, cédant aux instances de don Bruno Crespi, dut faire expliquer par l’annonceur public que le cinéma n’était qu’une machine à illusions, laquelle ne méritait pas ces débordements passionnels du public. A la suite de cette décevante explication, beaucoup estimèrent qu’ils avaient été victimes d’une nouvelle et spectaculaire affaire de gitans, si bien qu’ils choisirent de ne plus remettre les pieds au cinéma, considérant qu’ils avaient assez de leurs propres peines pour aller pleurer sur les malheurs d’êtres imaginaires.
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Aureliano les Second ne prit conscience de cette litanie de reproches que le jour suivant, après le petit déjeuner, lorsqu’il se sentit tout étourdi par un bourdonnement qui se faisait encore entendre plus limpide et sur des notes plus hautes que la rumeur de la pluie, et ce n’était rien d’autre que Fernanda qui déambulait dans toute la maison, se plaignant qu’on l’eût éduquée comme une reine pour finir comme une bonniche dans une maison de fous, avec un mari fainéant, idolâtre, libertin, qui se couchait de tout son long en attendant que du ciel le pain lui tombât tout cuit, tandis qu’elle s’esquintait les reins à essayer de maintenir à flot un foyer retenu par des épingles à nourrice, où il y avait tant à faire, tellement de chose à supporter et à redresser, depuis que le bon Dieu faisait naître le jour jusqu’à l’heure de se coucher, qu’elle se mettait au lit les yeux remplis de poudre de verre, et, malgré tout cela, personne ne lui avait dit Bonjour, Fernanda, tu as passé une bonne nuit, Fernanda, et on ne lui avait pas davantage demandé, ne fût-ce que par déférence, pourquoi elle était si pâle et pourquoi elle se réveillait avec des cernes violets, bien qu’elle n’attendît certainement pas cela du reste de la famille qui, en fin de compte, l’avait toujours considérée comme une gêne, comme la guenille servant à prendre la marmite sans se brûler, comme un vulgaire pantin dessiné sur le mur, et qui était toujours en train de déblatérer contre elle dans les coins, la traitant de bigote, la traitant de pharisienne, la traitant de fieffée coquine, et jusqu’à Amaranta, qu’elle repose en paix, qui avait osé dire à haute voix qu’elle était de celles qui confondent leur rectum avec la Semaine Sainte, béni soit Dieu, qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre, et elle avait tout enduré sans rien dire, se pliant à la volonté du Père Eternel, mais n’avait pu en supporter davantage quand ce scélérat de José Arcadio le Second avait prétendu que la perdition de la famille venait de ce qu’on eût laissé entrer à la maison une précieuse ridicule, imaginez un peu, une précieuse qui aurait voulu porter la culotte, mon Dieu on aura tout vu, une précieuse, fille de la mauvaise salive et de la même pâte que ces freluquets envoyés par le gouvernement pour massacrer les travailleurs, non mais dites-moi, et ne se référait ainsi à personne d’autre qu’à elle-même, filleule du duc d’Albe, dame dont le haut lignage donnait des crises de foie aux femmes des présidents, quelqu’un qui appartenait comme elle à la noblesse de sang et qui avait le droit de signer de onze patronymes de la métropole ibérique, et qui était la seule mortelle en ce village de bâtards à ne pas s’emmêler quand elle avait seize couverts différents devant elle, pour s’entendre dire après par son adultère de mari, mort de rire, qu’un si grand nombre de cuillères et de fourchettes et de couteaux et de petites cuillères ne convenait pas aux bons chrétiens mais aux mille-pattes, et la seule aussi à pouvoir dire les yeux fermés quand on devait servir le vin blanc, de quel côté et dans quelle coupe, et quand on devait servir le vin rouge, dans quelle coupe et de quel côté, et non pas comme cette paysanne d’Amaranta, qu’elle repose en paix, qui croyait que le vin blanc se servait de jour et le vin rouge le soir, et aussi la seule sur tout le littoral à pouvoir se vanter de n’avoir jamais fait ses besoins ailleurs que dans des pots de chambre en or, pour que le colonel Aureliano Buendia, qu’il repose en paix, ait eu ensuite l’audace de lui demander, avec sa mauvaise bile de franc-maçon, d’où elle avait mérité semblable privilège, si c’était qu’elle ne chiait pas de la merde, mais des fleurs d’astromelia, rendez-vous compte, s’entendre dire des choses pareilles, et pour que Renata, sa propre fille, qui de manière indiscrète l’avait vue faire son gros besoin dans la chambre à coucher, ait pu répondre qu’en vérité le pot était tout en or et en choses héraldiques, mais que ce qu’il y avait dedans était bel et bien de la merde, de la merde organique, et pire encore que les autres parce que c’était de la merde de précieuse ridicule, non mais imaginez, sa propre fille, tant et si bien qu’elle ne s’était jamais fait d’illusion sur le restant de la famille, mais avait droit, de toute façon, d’attendre un peu plus de considération de la part de son époux, puisque pour le meilleur et pour le pire le sacrement du mariage en avait fait son conjoint, son ayant cause, son dépuceleur légal, et qu’il avait pris sur lui, en toute liberté et en toute souveraineté, la grave responsabilité de la faire sortir du vieux manoir paternel où jamais elle ne fut privée ni ne souffrit de rien, où elle tressait des palmes funéraires pour le plaisir de s’occuper, et puisque son parrain lui-même avait envoyé une lettre, avec sa signature et le sceau de sa bague imprimé dans la cire à cacheter, simplement pour dire que le mains de sa filleule n’étaient pas faites pour les besognes de ce bas monde, sauf de jouer du clavecin, et, malgré tout cela, son fou de mari l’avait fait sortir de chez elle avec un tas de reproches et de menaces, et l’avait ramenée jusqu’en ce chaudron d’enfer où régnait une telle chaleur qu’on ne pouvait respirer, et avant même qu’elle n’eût fini d’observer l’abstinence de la Pentecôte il avait déjà filé avec ses malles transhumantes et son accordéon de fêtard, prendre du bon temps dans l’adultère avec une misérable dont il lui suffisait de voir les fesses, tant pis, ce qui est dit est dit, qu’il lui suffisait de voir remuer ses fesses de pouliche pour deviner que c’en était une, que c’était une, une tout le contraire d’elle-même, elle qui savait rester une dame dans son château comme à la porcherie, à table comme au lit, une dame de haute naissance, craignant Dieu, obéissant à ses lois, soumise à ses desseins, et avec laquelle il ne pouvait évidemment pas faire ces parties de jambes en l’air, ni mener cette vie de va-nu-pieds qu’il connaissait avec l’autre, qui sans doute se prêtait à tout, comme les matrones françaises, et pis encore, en y réfléchissant bien, parce que ces dernières avaient du moins l’honnêteté de placer une petite lampe rouge à leur porte, des cochonneries pareilles, imaginez un peu, il ne manquait plus que ça, avec la bien-aimée fille unique de dona Renata Argote et don Fernando del Carpio, et plus particulièrement de celui-ci, ça va de soi, le saint homme, chrétien de la plus haute espèce, chevalier de l’Ordre du Saint-Sépulcre, faisant partie de ceux qui reçoivent directement de Dieu le privilège de se conserver intacts dans leur tombeau, la peu nette et brillante comme le satin d’une robe de fiançailles, les yeux vifs et diaphanes comme des émeraudes.
- Voilà qui n’est pas vrai, l’arrêta Aureliano le Second. Quand on l’a apporté, il empestait déjà.
Il avait eu la patience de l’écouter toute une journée, jusqu’à ce qu’il la prît en faute. Fernanda n’y prêta aucun cas mais baissa la voix.
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Non seulement Gaston était un amant féroce, d’une science et d’une imagination intarissables, mais c’était sans doute le premier homme, dans toute l’histoire de l’espèce, à avoir effectué un atterrissage forcé et failli se tuer avec sa fiancée dans le seul but de faire l’amour au milieu d’un champ de violettes.
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Taciturne, silencieux, insensible au nouveau souffle de vie qui faisait trembler la maison, c'est à peine si le colonel Aureliano Buendia comprit que le secret d'une bonne vieillesse n'était rien d'autre que la conclusion d'un pacte honorable avec la solitude.
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Une seule minute de réconciliation mérite mieux que toute une vie d'amitié.
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C'était un être morose qui n'avait bientôt que la peau sur les os, avec un ventre proéminent et rondelet et une expression d'ange sur le déclin qui était faite de simplicité d'esprit plutôt que de bonté.
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Malgré sa voix également brisée par l'incertitude et ses mains qui paraissaient douter de l'existence des choses, il était clair qu'il venait du monde où les hommes pouvaient encore dormir et se souvenir.
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