C'est par le théâtre que j'ai abordé il y a quelques années l'oeuvre de
Gabriel Garcia Marquez, grâce à une très belle adaptation de la nouvelle qui donne son nom à ce recueil de sept nouvelles.
L'écriture de l'auteur colombien nobélisé a pour particularité d'intégrer des éléments magiques et des phénomènes surnaturels à des faits véridiques. Il crée ainsi une atmosphère très particulière, entre réalisme dur et onirisme mystérieux. Mais jamais cette touche de magie ou de merveilleux ne vient embellir un quotidien. Ainsi ce vieil ange malade et perdu, trop faible pour se défendre de la cruauté des villageois qui le transforment en bête de foire, ou cette belle odeur de rose venue de la mer qui ne peut être qu'un mauvais présage. Que dire d'Esteban, le noyé le plus beau du monde qui aurait pu apporter cette beauté mais qui confronte les villageois à la petitesse de leur vie et de leur environnement ? Il y a aussi la plus belle fille du monde qui ne saura redonner au vieux sénateur pourri son intégrité perdue à jamais. Quant au vaisseau fantôme le repos lui est interdit dans ce village de bord de mer si désolé qu'il semble impossible de voir dans cette apparition quelque signe de beauté ou d'espoir. Enfin il y a la délicieuse mais cruelle vengeance de Blacaman, le bon marchand de miracle.
Le recueil se termine sur une longue nouvelle, l'histoire de la pauvre Erendira transformée en putain ambulante par sa diabolique grand-mère. La belle et innocente enfant finira-t-elle par trouver le répit et la force de fuir le destin horrible que lui a réservé sa cruelle aïeule ?
Un univers très étrange, très sombre, où même les êtres lumineux ne parviennent pas à éclairer la grisaille de la pauvreté et de la cruauté des hommes. Une ambiance qui avait été parfaitement rendue par la Compagnie Premier Acte de Villeurbanne que je remercie encore pour la découverture sur cette oeuvre.