" Le délire c'est une manière de se jeter dans le vide quand on a peur du vide." (p.92)
Le pire est à venir.Etre heureux est dangereux pour moi, être en colère aussi. L'émotion forte m'est interdite.
La tristesse n’y était pour rien, il fallait juste que l’émotion se pose quelque part, ce fut sur les objets. Ils n’étaient pas beaux, mais j’avais grandi là, et ne s’attacher à rien laisse une trop grande amertume.
« Le délire ne déclenche pas la peinture, et l’inverse n’est pas plus vrai. La création demande de la force. » (p. 97)
« Le délire, c’est une fuite, une peur d’être au monde, alors, on préfère se croire mort, tout-puissant, ou juste un enfant. » (p. 86) Mari
Si je peins armé des textes qui ont irrigué les siècles, fabriqué la pensée de nos aïeux et conditionné la nôtre à notre insu, si je fais de la peinture à l’huile qui fait si bel effet dans les salons bourgeois, c’est pour regarder en nous, révéler notre culture, notre pensée dominante, notre inconscient. Je veux être un ver dans le fruit.
L'artiste le mieux vendu aujourd'hui s'appelle Jeff Koons, il a commencé trader à Wall Street, il a su digérer Duchamp et l'objet comme oeuvre d'art, Warhol et l'immersion de l'art dans la société de consommation, son atelier a tout d'une entreprise et il n'a aucun complexe à dire qu'il s'intéresse plus aux prix de ses oeuvres qu'à ses oeuvres elles-mêmes.
Il est levgagnant d'une époque faible, soûlée de télévision, d'argent et de performances où le métier d'artiste est très prisé. "Chômeur ! devenez artistes contemporains", écrit donc Ben. "L'art c'est l'espace qui existe entre mes doigts de pieds", clame--il aussi. Mais il faudra toujours des gens qui peignent, sculptent, écrivent loin du système, sans détester le passé, la rigueur et les règles de l'art, sans renoncer à la sincérité et à l'émotion que notre époque éteint ou détourne à force de surenchère.
Je suis peintre parce que mes mains ont fait ma force, parce que des toiles puissantes et belles m'ont convaincu qu'il y avait là une voie pour moi. Mais je me méfie de la beauté, c'est du bluff, une manipulation qui peut laisser totalement passif celui qui la regarde. Je préfère lui suggérer une question...
Le fou parle tout seul, il voit des signes et des choses que les autres ne voient pas.
Je veux peindre ce qu'on ne dit pas.
Et si le fou dérange, je veux que le peintre dérape.
Je me tournais vers l'originel plutôt que l'original, tout ce que je découvrais, je voulais l'éprouver jusqu'au bout de moi-même, je voulais savoir ce qu'il y avait à l'intérieur des couleurs, des livres, des autres, de ma tête surtout. Car la personne dont j'avais le plus peur n'était pas mon père, mais moi.
L'avant-garde au musée n'est plus une avant-gade! La provocation n'est plus une provocation si elle est à la mode! .... Comme toujours elle (la France) campe sur son histoire et, d'une révolution cent ans plus tôt, elle a fait un dogme. Tout ça se termine en un circuit où les coteries et la spéculation vont bon train, où l'empire du luxe, avec la connivence de l'Etat, achète et revend des millions d'euros des oeuvres qui ne dérangent personne (p162)