TAPISSERIE
Elle m’apparut
Tout entière dépouillée de ses voiles
Vêtue d’une peau douce et mate
Elle passait son doigt souple sur le songe
Et m’éveillait j’étais dormeur à son côté
Habillé de toute ma chair
Coulé entre ses deux rives
Et l’eau filtrée entre ses doigts
Tombait goutte à goutte en ma bouche
Je la voyais dormeur d’eau trouble qui s’éveille
On ne pouvait mieux l’aimer dépouillée de ses voiles
Si nue que je buvais au travers de son corps
Toute l’eau claire qui la chantait
Mais quand je m’approche pour la vêtir
Je la touche et un peu de sang tombe sur ma main.
DERRIÈRE LA VITRE D'UN TRAIN
Les arbres en marche les herbes qui courent
Le ciel immuable un rêve qui passe
Des hommes perdus sur cette planète
Un appel d'étoiles pour notre désir
Roule le silence en un flot confus
La mer n'est pas loin source de vertiges
Des reflets d'or pur dansent en cadence
Dans l'eau trouble où tremble l'âme du soir.