Citations sur Pourquoi j'ai choisi d'avoir un chien (et pas un enfa.. (17)
Mais je crois que la plus belle représentation du chien comme membre de la famille, c’est Jean-Louis Aubert qui me l’a donnée, lorsque j’ai eu la chance de passer une belle soirée entre amis à laquelle il assistait également. En plus d’être un musicien et un chanteur hors pair, Jean-Louis Aubert est un amoureux des chiens, il en a toujours eu. Modèle berger allemand essentiellement. Et ce soir-là, il m’a dit cette phrase magnifique : « Toutes les mains d’une famille se rencontrent sur le dos d’un chien. »
C’est à travers les mots de Sylvain Tesson que j’en ai vu la plus belle illustration, comme souvent d’ailleurs. Je l’écoutais au micro d’Isabelle Morizet sur Europe 1 : « Profondément et de façon définitive, vous ne voulez pas d’enfant ? — […] Je trouve qu’il y a parfois, dans cette espèce de réflexe à se propager, à se reproduire, quelque chose qui appartient, me semble-t-il – peut-être que je me trompe –, au contentement de soi-même. Pour aimer avoir des enfants, il faut d’abord beaucoup s’apprécier, et je n’en suis pas encore là. »
Toutes les mains d'une famille se rencontrent sur le dos d'un chien.
Cessons de dire que la disparition d’un animal ne se compare pas avec la disparition d’un proche. C’est absolument faux. Ce n’est pas la qualité de l’être disparu qui conditionne l’intensité du deuil, mais bien le degré d’attachement.
jamais voulu prendre le risque de devenir une autre… Suis-je ensuite incapable de ce fameux « don de soi » dont parle mon ami Matthieu, indissociable de la condition de parent ? Incapable, non, je ne pense pas. Mais je n’en ai pas envie. C’est un choix. Oui, mon épanouissement personnel passe par ma liberté au quotidien et ma liberté dans l’absolu. Or, avoir un enfant est la seule décision qui vous engage pour toute la vie et qui soit irréversible.
Mon chien, c’est un peu la victoire de la nature sur un futur décourageant. À cette pensée, je passe la main dans le pelage de Colonel qui dort, collé à moi. Cette présence est rassurante et cette confiance bouleversante.
Une raison qui nous paraît assez évidente, c’est que nous n’avons pas grandi avec beaucoup de bébés autour de nous. Je ne me souviens que d’un cousin, de neuf ans mon cadet, que j’ai vu poupon. C’est le seul bébé qu’il m’ait été donné de tenir dans mes bras lorsque j’étais enfant. Aucune autre occasion ne s’est présentée. Tout d’abord parce que notre famille élargie est assez rétrécie. Et puis, avec nos parents, nous vivions beaucoup entre nous. Ça ne débordait pas d’une vie sociale très riche et animée dans laquelle nous aurions pu multiplier les occasions de voir des bébés et de jeunes enfants. Je n’ai donc jamais appris ce qu’était un bébé : c’est un être vivant qui m’est resté étranger. Je ne me suis jamais connue avec cet élan attendri, voire mièvre, avec un bébé humain.
Les petits d'hommes sont eux aussi happés de plus en plus précocement par ce monde du numérique, du virtuel et de l'intelligence artificielle, et ils ne sont pas à blâ-mer, la société est ainsi faite. Suis-je une « réac » ? Peut-être un peu. Mais la jeunesse actuelle, ses loisirs et son mode de vie ne me séduisent pas et ne me donnent pas une vision du monde très optimiste. Nous appauvrissons nos êtres et nous nous dépouillons de notre part animale pour nous en remettre à la data et aux algorithmes. Alors je vois l'animal dans nos vies, et mon Colonel, comme un refuge et un garde-fou. Je suis convaincue que c'est ce que ressentent, inconsciemment, beaucoup de propriétaires de chiens et de chats. Nos animaux ne seront jamais pervertis par nos agissements ou l'environnement dans lequel ils évoluent, ni par la technologie, l'argent, la quête de pouvoir. De leur naissance à leur mort, ils restent authentiques et fidèles à ce qu'ils sont. Mon chien, c'est un peu la victoire de la nature sur un futur décourageant. À cette pensée, je passe la main dans le pelage de Colonel qui dort, collé à moi. Cette présence est rassurante et cette confiance bouleversante. Poils durs, « poils de sanglier » comme j'aime à le préciser quand on me fait cette remarque : « il n'est pas très doux à cares-ser. » J'ai une bête à la maison. Et ça fait un bien fou de toucher cette bête et de la respirer. Ça ancre dans le sol, et ça élève tout à la fois ; ça suscite un questionnement sur l'épaisseur (ou la finesse) de la frontière entre les humains et les animaux. Leurs émotions, leurs sentiments, leur personnalité, leur recherche du bonheur et du bien-être, leur vérité nous guident, en tout cas, vers un peu plus d'humilité.
Qui es-tu ? Mon chien, mon compagnon, ma rafale de joie, mon partenaire, mon fils poilu… tout ça à la fois. Toujours est-il que tu as valu qu’un jour j’écrive un livre pour expliquer pourquoi j’avais choisi d’avoir un chien et pas un enfant.
Leurs émotions, leurs sentiments, leur personnalité, leur recherche du bonheur et du bien-être, leur vérité nous guident, en tout cas, vers un peu plus d’humilité.