Geneviève de Gaulle-Anthonioz est d'abord un nom.
Celui de la nièce du général
De Gaulle.
Le nom d'une des femmes panthéonisées.
Un membre fondateur d'
ATD Quart Monde et sa Présidente de 1964 à 1998.
C'est aussi une figure de la Résistance.
Une de ces combattantes de "l'armée des ombres", ayant appartenu au Groupe du musée de l'Homme puis au réseau Défense de la France.
Arrêtée par
Pierre Bonny, l'une des deux sinistres figures avec Henry Lafont de la rue Lauriston ( siège de la Gestapo française surnommée la Carlingue ), elle est déportée le 2 février 1944 au camp de Ravensbrück.
Après avoir vécu durant neuf mois la vie de ces camps de la mort ( les kommandos, les appels interminables à 3 heures 30 de la nuit, la faim, l'humiliation, les coups, la (les) maladie, le Revier, les Kapos, les SS, les chiens, la mort de ses camarades, les sélections, les cheminées d'où s'échappait la sinistre fumée des corps brûlés dans les fours, elle est emmenée un jour d'octobre au Bunker.
Le Bunker servait de cachot aux détenues auxquelles les SS, pour des raisons Xou Y, réservaient un sort funeste.
Rares étaient celles ou ceux qui en ressortaient vivant(e)s.
Les déportées enfermées au bunker n'ont en général ni couverture ni paillasse, ont droit à une ration de pain tous les trois jours et un peu de soupe tous les cinq jours.
En outre cette condamnation au bunker " est accompagnée d'une bastonnade : vingt-cinq, cinquante ou soixante-quinze coups auxquels la détenue survit rarement."
Il y a la menace d'une exécution par balles derrière le bunker... pas loin des fours crématoires.
Il y a les sélection pour les cambres à gaz ou pour les " horribles expériences médicales" du professeur Gebhardt...
Geneviève qui ignore la raison de cette mise au cachot s'attend au pire, tremble au moindre bruit.
Face à la mort prochaine, elle se souvient.
Les souvenirs, de son enfance, des siens, de ses études, de son entrée dans la Résistance, de son arrestation jusqu'à sa déportation et à son entrée au camp de Ravensbrück... la vie au camp... tous ces souvenirs vont l'aider à supporter et à surmonter cette épreuve... aidée en cela par une foi inébranlable en Dieu et en l'homme.
Car tout au long de ce bref récit, l'amitié et l'entraide entre déportées sont une constante à laquelle Geneviève se raccroche et fait référence.
Cette expérience du Bunker, et à travers le Bunker... Ravensbrück a été racontée cinquante ans après que Geneviève l'ai vécue.
Souvenirs clairs, précis, lucides, sans concessions, d'une concision où l'émotion n'occulte rien de ce qui fut.
Cet ouvrage, qui fait référence, est un des témoignages qu'il faut connaître, parce que comme celui d'
Odette Abadi, dont j'ai parlé il n'y a pas longtemps, il livre une expérience vécue de l'intérieur dans un des plus sinistres lieux dont ne manquaient pas les camps d'extermination nazis.
Un grand petit livre qui va à l'essentiel.