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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une écriture à la fois limpide et emplie de souffle , de panache et de lyrisme. Réflexion puissante, lucide et éclairée sur le rôle de la force militaire, les caractéristiques du chef de guerre, les relations entre les gouvernants et les militaires, cette oeuvre courte illustre parfaitement la puissance visionnaire de De Gaulle.

Ecrite en 1932, cette analyse n'a pas pris une ride. Et aujourd'hui, en mars 2022, ce passage, parmi d'autres, entre en résonnance avec l'actualité : "Certaine illusion pourrait donner à croire que le rôle des soldats, si vaste fût-il dans le passé, est en voie de disparaître et que l'univers d'à présent peut enfin se passer d'eux. Une telle théorie, répandue dans une génération dont le destin politique, social, économique, moral fut précisément réglé à coups de canon, est, par elle-même, assez singulière. Cependant, elle offre aux masses un bienfaisant réconfort. Mais comment les guerriers s'y laisseraient-ils tromper ?"
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Le commandant Charles de Gaulle s'adresse dans le fil de l'épée aux Français et à leurs dirigeants qui doutent du maintien d'une armée en temps de paix. On peut aisément comprendre que des civiles ayant connu quatorze ans plus tôt une guerre totale ne veuillent pas avoir des réminiscences de celle-ci. Il montre aussi que la détestation des armes, après un tel conflit, se répercute forcément sur les militaires. L'important est bien entendu la manière dont sont utilisées les armes et la fin qu'elles permettent d'obtenir. Les armes ont permis de défendre les artisans et les cultivateurs qui ont fait croître notre pays tout comme elles ont permis des massacres et des tueries.

Alors comment Charles de Gaulle tente-t-il de remettre le militaire sur le devant de la scène ? Son livre se découpe en cinq parties qui tentent tour à tour de nous faire infléchir vers sa position. Tout d'abord, cela fait partie du bon sens, la guerre se prépare en temps de paix. Malheureusement en temps de paix, la nécessité d'avoir un corps armé prêt à combattre apparaît comme un coût compressible pour les dirigeants.

Et d'ailleurs les soldats eux-mêmes, bien qu'ils soient sans doute les personnes les plus concernées et touché par la guerre, peuvent être pressants pour déclarer celle-ci. En effet, la carrière d'un soldat ne décolle qu'en temps de guerre. Seule la guerre peut ramener les honneurs et faire monter en grade. Et c'est pour cela que les militaires et les politiques doivent travailler ensemble, mais jamais empiéter sur le terrain de l'autre. C'est de cette manière que Bismarck et Moltke ont collaboré et ont pu amener la Prusse à la tête de l'Empire allemand. Il nous indique aussi qu'un Etat seulement dirigé par des militaires serait une menace pour ses voisins et susciterait de nombreuses inquiétudes. Je ne sais pas s'il s'imaginait une carrière politique à l'époque mais il fait sans doute référence à une junte militaire au pouvoir et non à un militaire qui accède aux pouvoirs par les élections.

Il est d'ailleurs très dangereux, pour maintenir un commandement de qualité, de rester en temps de paix trop longtemps, car les jeunes gens préféreront se lancer dans d'autres entreprises beaucoup plus intéressantes. En effet, le commandant nous explique qu'après l'épopée napoléonienne les jeunes gens se dirigèrent vers la politique ce qui pourrait expliquer le manque de commandement en 1870. Malgré les guerres d'Italie et de Crimée nous n'eûmes pas matière à former et à voir apparaître de grands commandants. Car ce n'est que sur le terrain que nous pouvons voir apparaître ceux qui ont la fibre pour diriger. le nom de Turenne est souvent cité et c'est l'exemple parfait pour illustrer mon propos. Il devint Maréchal à 32 ans et mena dès ses 14 ans son régiment homonyme pendant la guerre de Trente Ans, c'est l'exemple parfait de qualité de commandement qui naît sur-le-champ de bataille. En 1932, les jeunes gens d'alors se dirigeaient vers les entreprises et les industries pour s'enrichir. On avait déjà troqué l'honneur à l'argent. Et une citation m'a particulièrement marqué sur ce sujet :

"Notre temps est dur pour l'autorité. Les moeurs la battent en brèche, les lois tendent à l'affaiblir. Au foyer comme à l'atelier, dans l'Etat ou dans la rue, c'est l'impatience et la critique qu'elle suscite plutôt que la confiance et la subordination. Heurtée d'en bas chaque fois qu'elle se montre, elle se prend à douter d'elle même, tâtonne, s'exerce à contretemps, ou bien au minimum avec réticences, précautions, excuses, ou bien à l'excès par bourrades, rudesses et formalisme."

On pourra retenir de ce livre qu'il faut des échanges entre l'Armée et la Politique, ce que notre époque ne permet pas ou peu. Nos ministres des Armées ne sont plus des militaires depuis longtemps, ils sont devenus des VRP tentant de vendre des Rafales. Les militaires n'ont aucun droit de parole, on voit d'ailleurs peu de hauts-gradés sortir des livres. Il y avait pourtant après la Première Guerre Mondiale de nombreux militaires à l'Académie française. Il faut aussi noter la culture encyclopédique et l'amour de la France qu'a le commandant, de nombreuses batailles sont cités et de nombreux noms de généraux surtout du XIXème siècle. C'est un livre qui laisse voir un grand avenir pour ce commandant.
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On voit déjà dans ce livre la qualité littéraire de De Gaulle. le style est limpide et puissant pour soutenir sa réflexion sur les qualités nécessaires du chef militaire. Écrit au début des années 1930, De Gaulle nourrit ici une réflexion qui le prédispose à l'appel du 18 juin, où le caractère du chef épousera les circonstances, loin des doctrines dont il se méfie. Une réflexion qui reste d'actualité à bien des égards.
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