AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La Comédie de la mort (7)

LE TROU DU SERPENT.


Au long des murs, quand le soleil y donne,
Pour réchauffer mon vieux sang engourdi ;
Avec les chiens, auprès du lazarrone,
Je vais m’étendre à l’heure de midi.

Je reste là sans rêve et sans pensée,
Comme un prodigue à son dernier écu,
Devant ma vie, aux trois quarts dépensée,
Déjà vieillard et n’ayant pas vécu.

Je n’aime rien parce que rien ne m’aime,
Mon âme usée abandonne mon corps,
Je porte en moi le tombeau de moi-même,
Et suis plus mort que ne sont bien des morts.

Quand le soleil s’est caché sous la nue,
Devers mon trou, je me traîne en rampant,
Et jusqu’au fond de ma peine inconnue,
Je me retire aussi froid qu’un serpent.

p.171-172
Commenter  J’apprécie          130
Absence

Reviens, reviens, ma bien-aimée !
Comme une fleur loin du soleil,
La fleur de ma vie est fermée
Loin de ton sourire vermeil.

Entre nos cœurs tant de distance !
Tant d'espace entre nos baisers !
Ô sort amer ! Ô dure absence !
Ô grands désirs inapaisés !

D'ici là-bas, que de campagnes,
Que de villes et de hameaux,
Que de vallons et de montagnes,
À lasser le pied des chevaux !

Au pays qui me prend ma belle,
Hélas ! Si je pouvais aller ;
Et si mon corps avait une aile
Comme mon âme pour voler !

Par-dessus les vertes collines,
Les montagnes au front d'azur,
Les champs rayés et les ravines,
J'irais d'un vol rapide et sûr.

Le corps ne suit pas la pensée ;
Pour moi, mon âme, va tout droit,
Comme une colombe blessée,
S'abattre au rebord de son toit.

Descends dans sa gorge divine,
Blonde et fauve comme de l'or,
Douce comme un duvet d'hermine,
Sa gorge, mon royal trésor ;

Et dis, mon âme, à cette belle :
« Tu sais bien qu'il compte les jours,
Ô ma colombe ! À tire d'aile
Retourne au nid de nos amours. »
Commenter  J’apprécie          80
NIOBÉ


Sur un quartier de roche, un fantôme de marbre,
Le menton dans la main et le coude au genou,
Les pieds pris dans le sol, ainsi que des pieds d’arbre,
Pleure éternellement sans relever le cou.

Quel chagrin pèse donc sur ta tête abattue ?
À quel puits de douleurs tes yeux puisent-ils l’eau ?
Et que souffres-tu donc dans ton cœur de statue,
Pour que ton sein sculpté soulève ton manteau ?

Tes larmes, en tombant du coin de ta paupière,
Goutte à goutte, sans cesse et sur le même endroit,
Ont fait dans l’épaisseur de ta cuisse de pierre
Un creux où le bouvreuil trempe son aile et boit.

Ô symbole muet de l’humaine misère,
Niobé sans enfants, mère des sept douleurs,
Assise sur l’Athos ou bien sur le Calvaire,
Quel fleuve d’Amérique est plus grand que tes pleurs ?

p.147-148
Commenter  J’apprécie          60
WATTEAU


Devers Paris, un soir, dans la campagne,
J’allais suivant l’ornière d’un chemin,
Seul avec moi, n’ayant d’autre compagne
Que ma douleur qui me donnait la main.

L’aspect des champs était sévère et morne,
En harmonie avec l’aspect des cieux,
Rien n’était vert sur la plaine sans borne,
Hormis un parc planté d’arbres très vieux.

Je regardai bien longtemps par la grille ;
C’était un parc dans le goût de Watteau :
Ormes fluets, ifs noirs, verte charmille,
Sentiers peignés et tirés au cordeau.

Je m’en allai l’âme triste et ravie ;
En regardant, j’avais compris cela :
Que j’étais près du rêve de ma vie,
Que mon bonheur était enfermé là.

p.121-122
Commenter  J’apprécie          30
LE NUAGE.


Dans son jardin la sultane se baigne,
Elle a quitté son dernier vêtement ;
Et délivrés des morsures du peigne
Ses grands cheveux baisent son dos charmant.

Par son vitrail le sultan la regarde,
Et caressant sa barbe avec sa main,
Il dit : L’eunuque en sa tour fait la garde,
Et nul, hors moi, ne la voit dans son bain.

Moi, je la vois, lui répond, chose étrange !
Sur l’arc du ciel un nuage accoudé ;
Je vois son sein vermeil comme l’orange
Et son beau corps de perles inondé.

Ahmed devint blême comme la lune,
Prit son kandjar au manche ciselé,
Et poignarda sa favorite brune…
Quant au nuage, il s’était envolé !

p.85-86
Commenter  J’apprécie          10
Sur un quartier de roche, un fantôme de marbre,
Le menton dans la main et le coude au genou,
Les pieds pris dans le sol, ainsi que des pieds d’arbre,
Pleure éternellement sans relever le cou.
Quel chagrin pèse donc sur ta tête abattue ?
À quel puits de douleurs tes yeux puisent-ils l’eau ?
Et que souffres-tu donc dans ton cœur de statue,
Pour que ton sein sculpté soulève ton manteau ?
Tes larmes, en tombant du coin de ta paupière,
Goutte à goutte, sans cesse et sur le même endroit,
Ont fait dans l’épaisseur de ta cuisse de pierre
Un creux où le bouvreuil trempe son aile et boit.
Ô symbole muet de l’humaine misère,
Niobé sans enfants, mère des sept douleurs,
Assise sur l’Athos ou bien sur le Calvaire,
Quel fleuve d’Amérique est plus grand que tes pleurs ?
Commenter  J’apprécie          00




    Lecteurs (46) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Le pied de momie

    Le narrateur de la nouvelle est :

    un parisien
    un marchand
    un prince

    10 questions
    363 lecteurs ont répondu
    Thème : Le pied de momie et autres récits fantastiques de Théophile GautierCréer un quiz sur ce livre

    {* *}