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Critique de Lamifranz


Théophile Gautier pour le grand public c'est surtout « le Capitaine Fracasse » et cette récitation qui vient du fond de nos enfances :
« Mars qui rit parmi les averses
Prépare en secret le printemps… »
(« Premier sourire du printemps »)

En fait, Théophile Gautier, c'est un petit Victor Hugo. Attention, je ne compare ni l'homme ni l'oeuvre : en quantité comme en qualité, Théo ne peut pas lutter avec Totor (qui le pourrait, d'ailleurs, chez les contemporains de Hugo ?) mais à un moment tous deux ont été chefs d'école, et d'autres se sont rangés derrière leur bannière. Souvenez-vous de la dédicace des « Fleurs du mal » :
« Au poète impeccable, au parfait magicien ès langue française, à mon très-cher et très-vénéré maître et ami, Théophile Gautier, avec les sentiments de la plus profonde humilité, je dédie ces fleurs maladives. C. B. »
Et puis l'oeuvre de Théophile Gautier est loin d'être négligeable : son principal recueil de poésies « Emaux et camées » (1852-1872) est un incontournable du XIXème siècle. Ses romans « Mademoiselle de Maupin » (1835), « le Roman de le la momie » (1858), et « le Capitaine Fracasse » (1863) sont devenus des classiques. On ne cesse de redécouvrir ses nouvelles fantastiques, dignes de Hoffmann, et ses chroniques littéraires et artistiques, de premier ordre, sont un document inappréciable sur la vie culturelle à son époque.
Paru en 1863, « le Capitaine Fracasse » vient s'inscrire dans la longue tradition des romans de cape et d'épée qui depuis le « Cinq-Mars » De Vigny (1826), et le « Latréaumont », d'Eugène Sue (1837), a vu fleurir les innombrables succès d'Alexandre Dumas (« Trilogie des Mousquetaires » – 1844-1848), de Paul Féval (« le Bossu » – 1855) ou d'Amédée Achard (« Belle-Rose » – 1847, « Les Coups d'épée de M. de la Guerche » – 1863).
« le Capitaine Fracasse » offre un mélange entre deux genres : le roman d'aventures, historique, de cape et d'épée (choisissez ou prenez le paquet, c'est le même prix) et la « comedia del arte » qui au XVIIème siècle avant que Corneille, Molière et quelques autres n'en fassent un art majeur, était la seule expression théâtrale connue du grand public.
Le baron de Sigognac se morfond dans son château en ruines, avec son chien, son chat, son vieux serviteur. Un soir une troupe de comédiens ambulants s'arrête au château. le baron tombe amoureux de la belle Isabelle et suit la troupe. le Matamore étant mort de froid, le baron le remplace et prend le nom de capitaine Fracasse. Il partage dès lors la vie des comédiens et devient le protecteur n° 1 d'Isabelle, poursuivie et harcelée par un jeune noble le duc de Vallombreuse. Fracasse et le duc s'affronte à plusieurs reprises, avant de s'apercevoir qu'Isabelle est la demi-soeur du duc. Dès lors tout est bien qui finit bien.
Gautier nous livre un bon roman « à l'ancienne » avec duels, chevauchées, trahisons, complots, romance, comme dans les meilleurs Dumas ou Féval. Il y ajoute une bonne part de pittoresque, notamment dans la description de la troupe, qui nous fait penser à la jeunesse du jeune Molière sur les routes de France, la documentation est de premier ordre. Et comme on peut s'y attendre, le style est enjoué, les descriptions suffisamment nombreuses, et suffisamment peu nombreuses, pour qu'on puisse à la fois capter l'action et le décor.
A la rigueur, vous pouvez voir le film de 1961 de Pierre Gaspard-Huit, avec Jean Marais. La même année, à la télévision, dans le cadre du Théâtre de la Jeunesse, un film de François Chatel avec Bernard Woringer (disponible sur le site de l'INA, le téléfilm, pas Bernard Woringer)
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