Dès leur jeune âge, ils continuent à se laisser prescrire leur idéal par un conformisme de genre qui les enjoint à faire la démonstration de leur puissance et avoir honte de leurs faiblesses.
La maternité est un choix, non un destin. p.139
Théologiens, médecins, philosophes et écrivains, tous mâles par la force des choses, vont alors construire des représentations dans lequelles la femme sera assimilée à une matière inerte, à un simple réceptacle. Au mieux, elle s'apparente à un vase, une barque ou un champ à labourer, comme dans le Coran ou l'hindouisme, au pire à une marmite, comme dans certaines tribus africaines.
La peur de l'inconnu est universelle et "chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage", selon la formule de Montaigne.
Lorsque Donald Trump se dit fier d'être assez célèbre pour s'autoriser à " attraper les femmes par la chatte " , il s'inscrit dans le long héritage d'une fanfaronnade masculine qui assimile pouvoir et prouesse sexuelle.
L'Etat laïc est tenu à la neutralité à l'égard des religions, il n'a pas vocation à soumettre les consciences.
Le régime qui entend uniformiser les pensées, les désirs, les croyances, les goûts, les aspirations et la tenue vestimentaire de ses sujets existe : cela s'appelle le totalitarisme.
L'humanité est une " espèce fabulatrice " , qui ordonne et façonne le monde à l'aide de signes et de fictions propres à orienter les conduites et les aspirations humaines.
« Si naître femme constitue, à bien des égards, un handicap, devenir homme est beaucoup plus difficile que devenir femme. Car la fillette est naturellement femme, puisqu'elle a le même sexe que sa mère, tandis que le garçonnet doit devenir un homme en se différenciant d'elle par un long processus d'intériorisation des codes masculins.
D'ailleurs, les expressions "Sois un homme !" ou "Agis en homme !" n'ont pas d'équivalent féminin, sauf à leur adjoindre un qualificatif. "Comporte-toi en femme" n'a de sens que si l'on ajoute "respectable", "honnête", "vertueuse", "féminine" ou encore "du monde". Mais personne ne songe à prescrire à une fillette d'être simplement une femme. » (p. 200)
« Je propose donc de distinguer six grands axes, lesquels ont en commun de poser la hiérarchie des sexes à la fois comme postulat de départ et comme fin à poursuivre. Il s'agit des dispositifs par lesquels s'est opérée, conceptuellement et empiriquement, la minoration historique de la femme. […]
1) la confiscation de la parenté ; 2) l'appropriation des femmes ; 3) la diabolisation du sexe féminin ; 4) la justification de la violence par la culpabilité féminine ; 5) la légitimation de l'exclusion par l'infériorité féminine ; 6) le partage de l'espace et la division sexuelle du travail. » (p. 52)
Dans Angry White Men, le sociologue américain Michaël Kimmel a recueilli la parole de ces hommes blancs en colère, dont le profond malaise identitaire a conduit à l'élection de Donald Trump. Qu'un phallocrate assumé ait pu accéder aux plus hautes fonctions dans un pays qui avait toujours été à l'avant-garde du phéminisme est, entre autres symptômes, le signe d'un inquiétude masculine grandissante.