Tu sais, quand on ment, les poils nous poussent sur les fesses.
J'ai supplié et j'ai pleuré. J'ai tout fait pour que ma mère m'envoie à l'école. Rien n'y faisait.
Officiellement, ils cherchaient des filles pour travailler dans une usine alimentaire. Mija avait eu la chance car la limite d'âge était fixée à dix-neuf ans.
Mija ne savait rien des "détails". C'est comme ça que l'on s'est connues.
- On est où, là ?
- En enfer.
- Qu'est-ce qu'on fait ici ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
- On doit vendre notre corps.
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Des dix doigts, quel que soit celui que l'on mord... la douleur est la même.
Je n'aurais jamais dû accepter. Je ne savais pas, alors, qu'il s'agissait d'un aller sans retour, que plus rien ne serait comme avant...
Un hiver long s'en est allé.
Si long que j'en avais presque oublié le soleil.
Mais sans un bruit, tout en douceur,
Le printemps a pris sa place
Dans le Tokyo Nichi Nichi Shimbun parut un article parlant d'un concours de décapitation mené par deux lieutenants japonais [à Nankin].
Le quotidien titrait fièrement "Incroyable record" : Mukai 106 - 105 Noda.
"Les deux lieutenants effectuent une manche supplémentaire". En effet, le score de 105 à 106 ne permettait pas de les départager.
Le concours a poussé jusqu'à 150 décapitations.
Oksun était un otage et les soldats japonais aussi, en quelque sorte, étaient otages du gouvernement impérialiste. Comment des êtres humains pouvaient-ils survivre ? Il faut dans doute puiser quelque part cette force nécessaire.
Et c'est peut-être dans la rencontre avec une autre personne qu'on peut trouver une certaine consolation qui nous fait oublier quelque temps l'enfer tout autour ?