J’ai appris très tôt la valeur sacrée des images de la féminité.
Les femmes les plus célèbres du monde étaient toutes immobiles entre les pages des magazines. Ou divines à l’écran. Ou encadrées pour l’éternité dans les musées, j’allais le découvrir un peu plus tard.
Moi, je suis devenue une image sans m’en rendre compte. (p. 18)
L'image est une forme absolue, de vérité totale qui se substitue aux mouvements des corps, de la matière, du temps. La photographie peut réinventer les traces qu'elle doit préserver.
Devant Le radeau de la Méduse de Géricault, oeuvre plus immense que le Louvre entier dans mon souvenir, j'ai eu l'impression d'un grand coup, puis d'un frisson. [...] Je suis restée là, longtemps, à penser aux miens, en contemplant Le radeau de la Méduse. À notre histoire, racontée en une seule image. Celle-là. Ce groupe à la dérive, en décomposition. Mais qui avance, encore. Sans destination. J'ai senti monter les larmes. Je venais d'éprouver mon premier choc esthétique. ou poétique. Ou philosophique, peut-être.
a création d’images est devenue une nécessité quasi biologique. Une routine. Travailler des formes et des couleurs, un point de vue, inventer chaque jour une gestuelle ; y intégrer un jeu de lumière. Puis recommencer, sans cesse, repousser les limitations, mieux me définir à travers Anouk, toujours nous transformer. Apprendre à dire «je», à travers tous nos différents visages. (p. 179)
Une image, en perpétuel devenir. (p. 185)