Nous sommes les personnages d'un rêve. Notre vie n'est que le fruit de l'imagination de nos rêveurs. Et ces rêveurs, sont des dragons. Voilà la brillante idée à l'origine de
Rêve de Dragon, jeu de rôle médiéval fantastique (onirique fantasie) à la française, sorte de Donjons et Dragons du pays des lumières.
C'est un trésor bien gardé que "
Rêve de dragon". Gardé des regards indiscrets, il ne se laisse plus découvrir que par le bouche-à-oreilles. Et rien qu'à entendre le son de la voix de votre ami et à regarder la lueur dans ses yeux, vous comprenez qu'il est en train de vous parler d'une pépite, d'un livre qu'il a chéri, d'un flot de souvenirs bienheureux.
Car non, à mon grand regret,
Rêve de dragon n'a plus vraiment la côte. Dans les associations, les regroupements de rôlistes, les magasins spécialisés, il est rare de le trouver sur les rayons, dans les bibliothèques, les armoires, ou sur les tables de jeu. Pourtant, si tant est qu'ils aient un certain âge, tous les passionnés du jeu de rôle made in France y auront goûté et devront nécessairement en garder un souvenir impérissable. Une sorte de mélancolie même.
Car on ne reste pas indifférent devant un chef d'oeuvre.
S'il ne devait en rester qu'un, ce serait celui-là. Certes, les tables sont complexes et la magie est dure à appréhender, il faut un certain temps pour maîtriser les ficelles et les règles du jeu (d'où la sortie d'Oniros qui tenta de simplifier les tables et de rendre le tout plus accessible), et à l'heure du tout casual et tout instantané, le moindre effort demandé paraît rédhibitoire. Mais si l'on cherche un jeu de qualité, réfléchi, intelligent, sensible, si l'on souhaite se plonger dans un univers totalement novateur et régi par des mécaniques travaillées, si l'on aspire à tenter une expérience que rien ne pourra jamais effacer, alors on ne peut qu'accepter de se lancer dans le monde tel qu'inventé par
Denis Gerfaud.
Les illustrations de la première version, en partie signées de la main du regretté Bernard Verlhac (alias Tignous), méritent à elles seules l'intérêt du public.
Une perle onirique.