Un craquement le fit s’arrêter instinctivement. Hors d’haleine, il regarda devant lui en plissant les yeux pour contrer le soleil, ne voyant que des arbres à perte de vue. Il avait pourtant bien entendu quelque chose d’anormal. Son cerveau était en alerte maximale et il n’arrivait plus à prendre une quelconque décision. Reprenant son souffle, il fit quelques pas en avant, l’oreille aux aguets, mais n’entendit pas de nouveau le son sourd qui l’avait alerté. Il tourna la tête et écouta les bruits alentour. Il sursauta quand un oiseau s’envola en poussant des cris apeurés puis essaya de se raisonner. Il l’avait peut-être semé.
Il était dix-huit heures quand elle prit enfin son téléphone, le numéro de l’agent Baker à la main. Elle avait choisi cette heure qu’elle pensait être la moins dérangeante pour lui. Chose rare chez la gent masculine, il l’intimidait, tant par son mental que par sa compétence. Elle l’avait vu mener d’une main de maître l’opération chilienne et avait admiré son courage et sa détermination. Alors que d’autres se laissaient envahir par le stress et commençaient à devenir défaitistes, il n’avait jamais baissé les bras et avait su motiver ses hommes. Elle se tenait debout devant la fenêtre, se balançant légèrement de gauche à droite pour se donner du courage.
— Simon Baker, dit une voix qu’elle ne reconnut pas tout de suite. Il semblait enroué.
— Agent Baker, bonjour, c’est Charleen.
— Oui ?
Elle se trouva bête et eut du mal à continuer la conversation. Elle avait tendance à oublier que pour lui, le projet ARTHEMIS n’avait sûrement été qu’une routine.
— Charleen Brown, de la NASA.
— Je me souviens bien de vous. Vous allez bien ?
Son ton était courtois, mais neutre. Elle avait la désagréable impression qu’il ne prêtait que peu d’attention à elle et trouvait son intonation étrange sans qu’elle puisse dire ce qui la gênait.
— Oui, tout à fait, merci. Mais j’aimerais rentrer chez moi, je voulais savoir ce que vous en pensiez puisque c’est vous qui m’avez fortement suggéré de partir quelque temps, et que vous m’avez envoyé un mail hier pour me dire que la situation était moins tendue.
Un silence se fit de l’autre côté de la ligne.
— D’où m’appelez-vous ?
— Heu, de chez moi, enfin je veux dire chez Cédric Dubois, pourquoi ?
Elle entendit des bruits de voix feutrés à l’autre bout du fil.
— Agent Baker ? demanda-t-elle stressée.
— Oui. Êtes-vous toujours chez votre compagnon à Stockholm ?
— Non, je suis à Pékin… Bien sûr que je suis toujours là, cela fait à peine dix secondes que vous m’avez demandé où j’étais !
— Sortez de l’appartement immédiatement et entrez dans le café Blommor au coin de la première rue, dit-il d’un ton qui n’appelait aucune objection. Et faites venir Cédric avec vous. Je vous recontacterai ensuite.
— Pourquoi, qu’est-ce qu’il se passe encore ? Agent Baker ?
— Sortez, c’est un ordre !