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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je tiens tout d'abord à remercier Masse Critique – Babelio et les Editions Robert Laffont de m'avoir permis de découvrir ce livre. J' ai apprécié tout particulièrement l'originalité de l'histoire ainsi que la poésie de l écriture.

Dans la tradition orientale, il y a souvent ce que l'on appelle des « contes à tiroirs » : vous écoutez une histoire et à l'intérieur de celle-ci vous en découvrez une autre.

Ce roman est construit de façon similaire : en suivant Suzanne dans sa déambulation à la Royal Academy de Londres, nous découvrons à travers les yeux de sa fille la vie d'un peintre du XVème siècle.

Il s'agit de Siyah Qalam, surnommé » le calame noir ». Issu d'une lignée prestigieuse de scribes, dessinateurs, il fut intégré très jeune au sein de l'Atelier des Miniatures du palais de la ville de Tabriz alors prospère car c'était une étape sur la route de la soie.

Apprécié de son sultan, le calame noir jouissait d'une position un peu particulière : il avait le droit de s'adonner à sa passion : peindre les nomades des steppes. Il était autorisé chaque année à passer plusieurs mois du printemps à l'été dans un camp de nomades.

L'année de ses treize ans, sa fille le supplia de la laisser l'accompagner : » Cette traversée fut un rite de passage entre enfance et adolescence, je laissais mon monde imaginaire et assumais la réalité. La seule présence de mon père suffisait à consolider mon existence. »

C'est pendant cette période que la jeune fille va découvrir la personnalité de son père, bien loin du monde d'hypocrisie et d'intrigues du palais.

» Ici, il n'y a pas grand-chose à voir, ce qui, dit-il, favorise la méditation. Mon père m'explique que le foisonnement n'est pas dans l'excès mais dans la simplicité. Son jardin à lui, c'est cette terre si pauvre. Elle est son lieu d'intimité, d'ascension et d'envol, elle abolit toutes limites, celles du temps et de l'espace. Ici se trouve le centre du monde. »

A leur retour au palais, tout aura changé : le sultan est mort, son fils âgé de 9 ans va lui succéder. Les querelles, les intrigues pour le pouvoir, les meurtres vont se succéder, le chaos va s'installer et le calame noir ne jouira plus ni de respect ni de notoriété.

Sa fille, Aygül, aura bien du mal à survivre à son chagrin après le décès de son père. Ce qui la lie à Suzanne qui, sa vie durant, a souffert d'un cruel manque de repères paternels.

« Seul un père donne une valeur. Toutes ses tentatives sont demeurées infructueuses, tous ses efforts vains : on n'est pas une femme sans la reconnaissance d'un père. Il faut sans cesse réparer les manques, raccommoder cette lourde lacune de la vie. Aimer éperdument donne l'illusion d'une guérison, mais les filles sans père aiment mal car elles aiment trop et imposent parfois à l'être aimé une exigence sans cesse renouvelée d'amour parfait, d'amour idéal, d'amour inconditionnel. »

Les oeuvres de Siyah Qalam ont été sauvées par le sultan ottoman Selim le Terrible qui les a ramenées à Constantinople où elles ont été installées dans le somptueux palais de Topkapi.

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Le lecteur suit Suzanne qui visite une exposition sur l'art turc, au coeur de la Royal Academy de Londres (une exposition qui a réellement eu lieu en 2005). Alors qu'elle déambule dans une des salles, au milieu des oeuvres de l'énigmatique Siyah Qalam, un peintre du XVe siècle, dont la vie est entourée de mystères et dont l'oeuvre ne cesse d'interroger tant elle diffère des diktats de l'époque, elle ressent une forte impression et entend une voix...c'est la voix d'Aygül, la fille du peintre.

Suzanne qui cherche à trouver un sens à sa vie depuis qu'elle a perdu son père, décide de se laisser porter par le récit d'Aygül pour découvrir qui était réellement Siyah Qalam, ce peintre mal aimé et incompris, qui vouait une véritable fascination aux nomades de la steppe...On le surnommait, le calame noir.
Le lecteur découvre la vie imaginée du peintre et de sa fille dans la dynastie des Moutons Blancs. le père appartient à l'Atelier des peintres miniaturistes du palais de la ville de Tabriz, une ville riche située sur la Route de la Soie.
Chaque printemps, le sultan l'autorise à se rendre durant quelques mois dans le campement d'été des nomades des steppes d'Asie Centrale.
Il est le seul à savoir particulièrement bien les représenter de manière très réaliste et vivante et ces représentations plaisent au souverain.
Alors qu'Aygül a 13 ans, son père accepte de l'emmener avec lui dans la steppe, sa mère était elle-même une nomade, après tout. Il parle peu et celle-ci va le découvrir sous un autre jour, à travers ses dessins dans lesquels il exprime toute sa créativité.
Là-bas, elle va découvrir une autre vie, loin des mesquineries du palais et quitter à jamais son enfance.
Le lecteur découvre plus en détails la vie quotidienne de ces nomades, leurs fêtes et cérémonies traditionnelles et en même temps, il entre dans les pensées de ce peintre au style si éloigné des clichés de l'époque.
Mais à la fin de l'été, il leur faut rentrer à Tabriz... Ils découvrent que tout a changé durant leur absence ! le sultan est mort et son fils, son successeur qui n'a que 9 ans, sera très vite lui-même remplacé.
L'art est relégué au second plan : magouilles et luttes de pouvoir seront à présent les seuls objectifs du sultan...

J'ai aimé découvrir cette histoire qui se lit comme un conte.
J'ai aimé lire la vie de ce peintre qui était totalement inconnu pour moi et d'apprendre que quelques-unes de ces oeuvres ont pu être sauvées de l'usure du temps, et conservées au musée de Topkapi, grâce à Selim le Terrible. Elles font toujours aujourd'hui, l'objet d'études approfondies par les historiens d'art islamique.
La passion de l'auteur pour les mondes anciens est palpable et son univers très particulier, empreint de poésie, nous permet d'entrer facilement dans la vie de ses personnages.
L'intervention de Suzanne dans l'histoire qui apparaît presque marginale, devient en fait au fil du récit, essentielle...
Tout d'abord elle permet de faire le lien entre les deux jeunes femmes qui sont toutes deux, à la recherche de leur père disparu, incapable de vivre seules, sans cette relation fusionnelle qu'elles partageaient avec lui. Ensuite, la relation particulièrement pleine de tendresse et de compréhension mutuelle, qu'Aygül entretient avec son père, va aider Suzanne a accepter de vivre enfin, sans le sien.
C'est un pur plaisir que de lire ces passages où, tantôt l'une tantôt l'autre, nous parle de leur père...

Ce récit est donc à la fois un hommage au père mais aussi une plongée dans l'histoire des peuples et des souverains et dans l'histoire de l'art au XVe en Asie Centrale.
Au coeur du livre, quatre pages montrent quelques-unes des oeuvres du peintre.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Très beau livre d'une grande érudition.
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