– N’insiste pas, Édouard, Monsieur Basile doit avoir peur de se salir les fesses dans une voiture de collabo !
– Tout juste, mon cher ! On dit déjà que la milice a les mains sales, alors je ne suis pas sûr qu’elle ait le cul propre !
Page 23, Aire libre, 2010.
J’ai suivi la guerre sans y participer. J’ai même assisté à mon enterrement dans la pénible nécessité de mourir. C’est dire à quel point j’ai été épargné...
Page 59, Aire libre, 2010.
– Dis-moi, pourquoi ils l’ont arrêté Monsieur Thomassin ? Il était juif ?
– Non, communiste... Mais je crois qu’il était juif aussi.
– Alors, on n’est pas près de le revoir !
Page 13, Aire libre, 2010.
- Hé, Fernand, tu paies ta tournée ?
- En quel honneur ?
- Je ne sais pas... t'as ta braguette ouverte. Ha, ha, ha.
L'humour de la milice, c'est l'humour des militaires... En plus nuancé.
1943 n'avait fait de cadeaux à personne, sauf à moi peut-être... sans doute même. J'ai suivi la guerre sans y participer. J'ai même assisté à mon enterrement sans la pénible nécessité de mourir. C'est dire à quel point j'ai été épargné.
- Messieurs, messieurs ! Un jour sur deux sans alcool et tous les jours sans politique, c'est la devise de la maison!
- Qu'est-ce que je vous sers, monsieur Basile ?
- N'importe ! Un pastis, tiens !
- Je suis désolée. Aujourd'hui, c'est un jour sans alcool !
- Ah ? Tant pis, ce n'est pas grave. Donne-moi celui de demain !
Ici, c'est un jour sur deux sans alcool et tous les jours sans politique. C'est la devise de la maison !
Les hommes sont tous condamnés à mort avec des sursis indéfinis.
C'est probablement la dernière fois que je suis là derrière les volets du pigeonnier à jeter un ultime regard sur Cambeyrac. J'espère un jour avoir l'occasion d'expliquer à Monsieur Thomassin pourquoi son parquet a subi une érosion particulière, là, juste sous la fenêtre.
- Reviendra-t-il seulement à Cambeyrac, Monsieur Thomassin?
Je lui laisse une petite lettre pour le remercier de son hospitalité.
Ne rien précipiter, c’est la frontière élastique qu’elle a tendue entre nous et que je m’efforce de respecter comme le gentleman que je ne suis pas !