Je m'étais promis de relire un roman de
Karine Giebel, après une expérience plutôt malheureuse avec
Ce que tu as fait de moi, une virée dans l'enfer des violences faites aux femmes et du harcèlement sexuel. Je me l'étais promis, car le style de l'auteure me paraissait prenant, le rythme maîtrisé, l'ambiance glauque à souhait. Quelle n'est pas ma surprise de découvrir que la violence complaisante, les personnages creux, les rapports
de force brutaux entre hommes et femmes sont en fait monnaie courante chez
Karine Giebel, qui semble véritablement en faire son leitmotiv, sa marque de fabrique. Pourquoi s'acharner autant sur ses personnages ? Quel plaisir trouve-t-elle à haïr à ce point les êtres qu'elle crée de sa plume ? Et pourquoi faire de la protagoniste de
Juste une ombre une femme détestable, hautaine, que tout le monde jalouse ? Pour que le lecteur puisse prendre plaisir à la voir souffrir ? Pour que nous puissions plus facilement traverser ces 500 pages de torture mentale ? Comme c'est tordu, comme c'est petit ! Certes, la littérature n'est pas toujours faite pour nous brosser dans le sens du poil, mais là c'en est trop. En plus, le style de l'auteure, hâché, pétri de phrases courtes, de formules "choc", vire rapidement à l'esbrouffe, au remplissage sensationnaliste. Ne parlons pas des dialogues diablement stéréotypés, par lesquels les hommes ne semblent penser qu'avec leur entrejambe, et les femmes ne se soucier que de leur apparence physique. Où a donc vécu
Karine Giebel ces dernières années pour rester si indifférente aux questions de notre société actuelle, au féminisme, à l'évolution des représentations ? C'est donc avec une grande déception, pire, avec dégoût, que je referme
Juste une ombre, écoeurée par tant d'acharnement et de passéisme. On ne me reprendra plus à lire un
Karine Giebel, vous me trouverez plutôt du côté des auteurs qui aiment leurs personnages et leurs lecteurs !