Amis lecteurs, vous qui vous apprêtez à découvrir ce roman, préparez-vous à vivre la nuit la plus longue de votre vie. Car une fois entamé ce thriller ne vous quittera plus.
Le prologue nous plonge directement au coeur de l'intrigue. Pas question de nous « promener » à travers de longues digressions, de longues introductions.
Karine Giebel nous plonge au coeur même du cauchemar. Imaginez-vous, sortant d'une soirée, rejoignant votre voiture à quelques rues de là quand soudain, dans une rue déserte, vous entendez quelqu'un marcher derrière vous…. Des pas qui résonnent, qui vous suivent. Instinctivement, vous accélérez, vous vous retournez et vous distinguez une ombre. Une ombre qui vous suit.
Juste une ombre. Vous accélérez encore le pas, votre coeur bat de plus en plus fort. Mais l'ombre est toujours là et vous poursuivra sans cesse.
L'usage de la première personne en introduction de ce récit a l'effet d'une bombe. Il nous fait entrer dans la peau du personnage, nous ressentons son angoisse au plus profond de nous-même. Nous nous mettons à la place de la « victime ». Cela ne fait que renforcer notre plongée en eaux troubles.
Par de petites phrases courtes mais directes, par une rythmique du texte, l'auteur nous plonge dans l'enfer de cette rencontre.
Ensuite vient le temps de la construction de la trame, étape par étape, à la troisième personne, pour mieux nous familiariser avec la scène, les personnages. A première vue, ce thriller se construit sur un schéma classique : 2 personnages, 2 vies, 2 histoires bien distinctes. D'un côté, Cloé, une jeune femme ambitieuse et hautaine, est une victime de l'Ombre. de l'autre, Alexandre, commissaire de police déjanté est une victime de la vie, son épouse est gravement malade, il ne lui reste que peu de temps à vivre. Mais la comparaison s'arrête là.
Cloé est-elle folle ? Paranoïaque ? Est-elle manipulée ? Cette ombre existe-t-elle vraiment ou n'est-elle que la création de son subconscient, de son imagination ? Personne ne la croit, ne la soutient. Ses amis lui conseillent de consulter un psychiatre… Cloé se sent traquée et nous allons assister à sa chute, lente et vertigineuse. Mais qui de Cloé ou de son entourage détient la vérité ?
L'intrigue est bien construite, nous faisant douter de nos certitudes. Nous triturant l'esprit. Nous passons par différents stades dans notre approche des personnages. Ceux-ci nous font tour à tour ressentir de la pitié, de la tristesse, de la colère, de l'énervement à leur égard. Nous ressentons la profondeur de leurs sentiments.
Karine Giebel maîtrise parfaitement ses personnages et son sujet. Elle est le maître du jeu. Elle ne laisse rien au hasard.
Ne vous laissez surtout pas effrayer par ses 600 pages. Ce roman va vous happer à un point tel que vous ne pourrez plus le lâcher. Tel une drogue, vous allez y être accro et ce jusqu'à la dernière page. Car ne vous y fiez pas, l'auteur sait y faire et vous tiendra en haleine jusqu'à ce que le livre soit refermé.
Avec ce roman paru aux Editions Fleuve Noir (Mars 2012) et plus récemment chez Pocket (Mai 2013),
Karine Giebel a été deux fois lauréate. Elle a remporté le Prix Marseillais du polar le 29 septembre 2012 ainsi que le Prix POLAR 2012 du Meilleur Roman Français au Festival de Cognac en Octobre.
Adepte de longue date des polars scandinaves, et anglo-saxons, je n'ai découvert que très récemment l'univers des polars francophones. Une lacune que je me devais de combler. Avec
Karine Giebel, je ne me suis pas trompée et j'ai hâte de découvrir ses autres romans dont son dernier opus,
Purgatoire des Innocents, qui vient de paraître chez Fleuve Noir (Mai 2013).