Il coupa l’alimentation du dernier PC. Juste au moment où l’écran devint noir, la porte du labo s’ouvrit à la volée, et cinq hommes cagoulés firent irruption, suivis par un couple aux allures de touristes, dont les lunettes de soleil mangeaient toute la figure.
— Allez, on se tire d’ici, dit Rick Taylor, son collègue de Yale. Encore une journée de fichue. Il est l’heure de s’en jeter un petit.
Adkins éteignit le dernier ordinateur en songeant que Taylor y allait un peu fort sur la bouteille ces temps-ci. Il est vrai que, jusqu’à présent, leurs recherches n’avaient absolument rien donné. Adkins essayait de garder le moral, mais chaque jour qui passait ne faisait que le renforcer dans l’idée que ce qu’ils cherchaient n’existait tout simplement pas. Il jeta à nouveau un coup d’œil à Su-Lin. Impassible, elle regardait sa montre.
Su-Lin commençait visiblement à s’impatienter, mais pas question de s’en laisser remontrer par la benjamine du trio, même si elle avait rejoint l’équipe sur ordre exprès de leur principal sponsor. Cette Su-Lin était une jolie fille dont il se serait bien fait une tartine, sauf qu’il n’avait pas l’habitude de mélanger le boulot et la bagatelle. C’eût été mettre en péril les liens professionnels étroits que tous les trois avaient tissés depuis qu’ils travaillaient sur ce projet. Et Dieu sait s’ils avaient besoin de se serrer les coudes avec la pression qu’on leur mettait en haut lieu.
Il se tourna vers la rangée d’ordinateurs qui occupait la grande table et commença à les éteindre l’un après l’autre, en s’assurant méthodiquement que toutes les données collectées dans la journée avaient été correctement sauvegardées.
Brad Adkins jeta un coup d’œil circulaire au labo. Il avait du mal à cacher la tension qui l’habitait.
Istanbul, aujourd'hui
Brad Adkins jeta un coup d’œil circulaire au labo. Il avait du mal à cacher la tension qui l’habitait.
Depuis maintenant trois semaines que lui et son équipe avaient commencé les fouilles à Istanbul, ils n’avaient toujours pas trouvé ce qu’ils cherchaient. Et maintenant, le temps pressait. Le labo était à peu près en ordre, songea-t-il tandis que ses deux collègues remisaient les caisses à l’intérieur des placards blancs pour la nuit.
Trop souvent, on se fie à l’aspect extérieur sans se douter de ce qu’il recèle : de la merde.
Les murs de la cité, malgré leur allure imposante, n’étaient pas aussi solides qu’ils en avaient l’air. Ils s’effritaient pour avoir été laissés à l’abandon pendant des siècles. La Grande Cité était réputée imprenable, car placée directement sous la protection de l’archange Gabriel lui-même, mais nous voyions bien que le mortier avait pourri entre les pierres. C’est pourquoi nous plaçâmes de la broussaille imprégnée de naphte dans toutes les cavités qui se présentaient à nous, puis y mîmes le feu pour affaiblir encore un peu plus les murailles.
Puis levant le bras, il lança la tablette de toutes ses forces
On ne pouvait être sûrs de rien, mais notre métier s’apparente à un jeu d’échecs, vous ne croyez pas ? Il faut supputer les déplacements de l’adversaire et prier le ciel pour que tout se passe comme prévu.