Ce livre qui prétend nous révéler des secrets, va à contre-courant des historiens reconnus, notamment Finkelstein. Paru en 2018, il n'a encore fait l'objet d'aucune critique sur Babelio et je n'en trouve aucun écho sur Internet non plus. Et – mauvais signe - le livre n'a pas été réédité, il est épuisé. L'auteur dit se fonder sur des citations d'auteurs grecs, juifs, romains, arabes et égyptiens, mais on fait dire aux citations ce qu'on veut. Sa thèse centrale est que Moïse, fils d'un dignitaire hébreu (et pas trouvé dans le Nil), a été adopté par Amenhotep III car sa femme était stérile, et qu'après 20 ans naquit un fils. Alors, Moïse appelé Thoutmosis, prince héritier, devint gênant. Ce 2° fils est Thoutmosis IV ou Akhenaton.
Il y a dans ce livre beaucoup d'extraits du livre de
Flavius Josèphe «Contre apion», qui reprend des écrits de Manéthon, prêtre égyptien qui aurait eu accès à des documents secrets cachés dans les temples et que personne d'autre n'a vus.
Flavius Josèphe les relate donc de 3ème main.
Sur une étiquette de jarre de vin découverte dans les ruines du palais de Malqata serait écrit «Domaine du véritable fils du roi Aménophis III». C'est une des preuves de ce que l'auteur affirme sur Moise. Il y aurait aussi un certain Artapan qui, d'après
Eusèbe de Césarée, juif d'environ 3ème siècle avant J.C. aurait écrit «Cette femme qui était stérile, adopta l'enfant d'un Hébreu qu'elle nomma Moïse». Beaucoup de citations de 2ème ou 3ème main donc.
Moïse aurait tenté de monter sur le trône, mais le général Horemheb, sous Toutankhamon l'aurait chassé. Il aurait fui en Nubie et y aurait traversé la mer Rouge car elle y est peu profonde.
Seraient parti avec lui 1/5 d'hébreux et 4/5 de mécontents et d'esclaves de toutes nationalités qui ne sont pas allés à Canaan mais sont rentrés dans leur pays, dit-il. Une grosse partie de noirs éthiopiens ont quitté Moïse au sud de la mer Rouge pour rejoindre l'Ethiopie.
D'après l'auteur, Esdras qui rédigea l'ancien testament a trahi les idées de Moïse. Moïse guidant le peuple fuyant l'Egypte, c'est la liberté, la fuite de la dictature. Ils sont tous égaux. C'est la première fois dans l'histoire que l'esclavage est aboli. 1789 avant la lettre en somme, la Terreur en moins.
L'un des cours universitaires qui me sert toujours de phare aujourd'hui est le cours de
Critique historique de
Léopold Génicot. Je n'ai pas d'idées préconçue sur la thèse de l'auteur, n'étant pas un spécialiste de ces questions, mais un critère de crédibilité est de voir une thèse confirmée par ses pairs, etl'auteur est seul dans ses affirmations. Mauvais signe.
J'en étais là de ma perplexité quand j'ai appris que l'auteur avait créé un site sur la Nubie, région dont il s'affirme spécialiste. Et là, il déraille vraiment. Deux exemples. D'abord, il situe l'Atlantide, décrite comme un continent, dans une île du Nil en Nubie, sans que les archéologues aient rien trouvé à cet endroit, et là aussi, il est seul à affirmer cette thèse. Pour la plupart des historiens, et déjà Strabon et
Aristote, cette histoire est une pure fiction (voir les différentes thèses sur Wikipédia). Mais là où je me suis fait une idée définitive du «sérieux» de l'auteur, c'est quand il situe dans cette même île (à l'indicatif présent, et même pas au conditionnel), le Paradis terrestre d'Adam et Eve sur base de la «ressemblance» entre le Nil et le fleuve décrit par la Genèse ! J'ai lu un autre livre dont l'auteur situait le Paradis terrestre en Flandre sur base aussi des paysages, et conclu, preuve à l'appui que le flamand, langue d'Adam et Eve était la langue d'origine de l'humanité.