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Critique de Tricape


Le Livre de Poche - 2015 (première édition 1978)

Argumentaire assez difficile d'accès (pour moi) visant à considérer que l'humanité est passée de la violence quasi inéluctable attachée aux grands mythes fondateurs dans lesquels la faute du mal-être de la communauté était reportée sur un bouc émissaire chargé de toutes les causes de ce mal-être et qu'il suffisait donc d'éliminer pour repousser le mal. Il s'ensuivit une divinisation de la victime ainsi lynchée, car par son sacrifice, elle avait libéré le groupe auquel elle appartenait (mais qui l'avait quand même accusée puis tuée). "La seule chose qui manque à l'animal pour devenir humain, c'est la victime émissaire".

Dans son analyse assez convaincante de l'originalité du message judéo-chrétien, rené Girard souligne le changement complet de perspective (par rapport aux mythes des autres sociétés humaines) qui consiste à se ranger du côté de la victime, à proclamer l'innocence de cette dernière et, par voie de conséquence, la culpabilité de ses meurtriers. Il souligne les errements auxquels a conduit pendant vingt siècles une lecture "sacrificielle" des Évangiles : ce serait le Père qui aurait "exigé" le sacrifice de son Fils... Selon René Girard, il n'y a rien dans les Évangiles qui autorise le postulat auquel aboutit l'Épître aux Hébreux. Ce postulat (selon lequel le Père aurait demandé non seulement une nouvelle victime, mais la plus précieuse : son fils lui-même) "a plus fait que tout autre chose pour discréditer le christianisme aux yeux des hommes de bonne volonté dans le monde moderne".
Dans un passage particulièrement bien argumenté, René Girard commente le jugement de Salomon et établit un parallèle frappant entre la conduite du Christ et celle de la bonne prostituée "celle qui était non seulement prête à abandonner à jamais son enfant à son ennemie, mais aussi à mourir pour le sauver lui-même de la mort".
Cet essai fait appel à l'anthropologie et à la psychologie. Freud et Levi-Strauss y sont désignés comme étant passés à côté de "choses cachées depuis la fondation du monde" et qui, pourtant, selon René Girard, "crèvent les yeux". Personnellement, je sors de cette lecture non pas aveuglé, mais troublé et quelque peu réconforté.

PS- Je n'ai lu que les deux premiers livres sur les trois dont l'ouvrage est constitué : j'ai décroché devant la "psychologie interdividuelle".
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