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Critique de Luniver


La violence est un cercle vicieux bien connu : quiconque en est victime se voit accorder le droit de se venger, et les représailles se transforment en vendetta interminables qui peuvent détruire la stabilité de la société où le premier crime a eu lieu.

La religion primitive aurait alors cette fonction : détourner la colère, la vengeance et le besoin de faire mal de la communauté vers des cibles incapables de répliquer. L'exemple du bouc émissaire est le plus frappant : un animal est chargé de tous les maux de la cité, avant d'être mis à mort par la foule. Les rituels mis en place doivent permettre à chacun d'être convaincu de la culpabilité de la victime et de se sentir impliqué dans le sacrifice (dans les foules de taille réduite, chaque participant doit lancer une pierre, frapper avec un bâton, …)

Pour l'auteur, ce « défouloir » a disparu de nos jours. L'idée de sacrifice existe toujours dans les religions modernes, mais avec une plus grande distanciation, et les participants à ces cérémonies n'ont plus l'exutoire qui existait auparavant. Notre société, incapable de fournir une réponse au besoin de violence, risquerait alors d'imploser.

Les thèses de l'auteur sont intéressantes à suivre, mais il y a quand même un point qui m'a gêné. On sent que l'essai a été écrit par un auteur enfermé dans son bureau, entouré de plein de livres de référence. Rien de mal à ça a priori, mais dans le cadre de disciplines comme l'anthropologie, la psychologie, la sociologie, … rien ne vaut l'expérience du terrain. J'ai déjà vu trop souvent de brillants édifices intellectuels, complexes et cohérents, mais qui ne valent rien, car une fois sur place, on se rend compte qu'ils sont basés sur de fausses suppositions, pour ne pas être méfiant avec ce livre.

Les digressions me laissent aussi assez perplexes. On trouvera un chapitre sur l'éloge de la psychanalyse, et une critique de « Totem et tabou » de Freud. Ça me semble quand même à côté du sujet, et je m'en serais bien passé.
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