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Citations sur La Violence et le Sacré (40)

Pour se convaincre que le sacrifice est une violence sans risque de vengeance, il suffit de constater la place considérable que font à ce thème les rituels. Et de noter le paradoxe parfois un peu comique, de références perpétuelles à la vengeance, d’une véritable obsession de la vengeance dans un contexte où les risques de vengeance sont tout à fait nuls, celui du meurtre d’un mouton, par exemple :
On s’excusait de l’acte qu’on allait accomplir, on gémissait de la mort de la bête, on la pleurait comme un parent. On lui demandait pardon avant de la frapper. On s’adressait au reste de l’espèce à laquelle elle appartenait comme à un vaste clan familial que l’on suppliait de ne pas venger le dommage qui allait lui être causé dans la personne d’un de ses membres. Sous l’influence des mêmes idées, il arrivait que l’auteur du meurtre était puni; on le frappait ou on l’exilait.

C'est l’espèce entière, considérée comme un vaste clan familial, que les sacrificateurs prient de ne pas venger la mort de leur victime. En décrivant dans le sacrifice un meurtre peut-être destiné à être vengé, le rituel nous désigne de façon indirecte la fonction du rite, le genre d’action qu’il est appelé à remplacer et le critère qui préside au choix de la victime. Le désir de violence porte sur les proches, il ne peut pas s’assouvir sur eux sans entraîner toutes sortes de conflits, il faut donc le détourner vers la victime sacrificielle, la seule qu’on puisse frapper sans danger car il n’y aura personne pour épouser sa cause.
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Dans les sociétés primitives, les procédés curatifs restent rudimentaires à nos yeux, nous voyons en eux de simples « tâtonnements » vers le système judiciaire car leur intérêt pragmatique est bien visible : ce n’est pas au coupable qu’on s’intéresse le plus mais aux victimes non vengées; c’est d’elles que vient le péril le plus immédiat; il faut donner à ces victimes une satisfaction strictement mesurée, celle qui apaisera leur désir de vengeance sans l’allumer ailleurs. Il ne s’agit pas de légiférer au sujet du bien et du mal, il ne s’agit pas de faire respecter une justice abstraite, il s’agit de préserver la sécurité du groupe en coupant court à la vengeance, de préférence par une réconciliation fondée sur une composition ou, si la réconciliation est impossible, par une rencontre armée, organisée de telle façon que la violence ne devrait pas se propager aux alentours; cette rencontre se déroulera en champ clos, sous une forme réglée, entre des adversaires bien déterminés ; elle aura lieu une fois pour toutes...
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On dit fréquemment la violence "irrationnelle". Elle ne manque pourtant pas de raisons : elle sait même en trouver de fort bonnes quand elle a envie de se déchaîner. Si bonnes, cependant, que soient ces raisons, elles ne méritent jamais qu'on les prenne au sérieux. La violence elle-même va les oublier pour peu que l'objet initialement visé demeure hors de sa portée et continue à la narguer. La violence inassouvie cherche et finit toujours par trouver une victime de rechange. A la créature qui excitait sa fureur, elle en substitue soudain une autre qui n'a aucun titre particulier à s'attirer les foudres du violent, sinon qu'elle est vulnérable et qu'elle passe à sa portée.
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Les hommes transfèrent sur le bouc émissaire la responsabilité entière du mal, après son sacrifice ils transfèrent sur lui la responsabilité du bien. C’est pourquoi plusieurs mythes racontent l’histoire de boucs émissaires devenant des divinités.
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Avoir un bouc émissaire, c’est ne pas savoir qu’on l’a ; apprendre qu’on en a un, c’est le perdre.
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il est criminel de tuer la victime parce qu’elle est sacrée ; mais la victime ne serait pas sacrée si on ne la tuait pas.
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La rivalité n'est pas le fruit d'une convergence accidentelle des deux désirs sur le même objet. Le sujet désire l'objet parce que le rival lui-même le désire.
En désirant tel ou tel objet, le rival le désigne au sujet comme désirable. Le rival est le modèle du sujet, non pas tant sur le plan superficiel des façons d'être, des idées etc..., que sur le plan plus essentiel du désir.
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Différence entre le primitif qui s’intéresse à la victime et le civilisé qui s’intéresse au coupable : « Si le primitif paraît se détourner du coupable avec une obstination qui passe à nos yeux pour de la stupidité ou de la perversité, c’est parce qu’il redoute de nourrir la vengeance.
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Chacun se prépare contre l’agression probable du voisin et interprète ses préparatifs comme la confirmation de ses tendances agressives.
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Les hommes ne pratiquent pas le culte de la violence au sens de la culture contemporaine, ils adorent la violence en tant qu’elle leur confère la paix dont ils jouissent jamais.
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