Voici la thèse centrale de ce livre : l'écologie politique nous sauvera si nous la prenons au sérieux, si nous réalisons que la fin de notre monde est possible. Pire : probable. Pire encore : certaine si rien ne change. Seule une révolution mentale peut nous sortir de l'impasse individualiste.
Inventer un conflit est inutile : nous sommes déjà en guerre. Contre notre environnement. Donc contre nous-mêmes. Cette guerre, qui peut conduire à la mort du tout et de tous, nous devons enfin l'appréhender. Et en tirer les conséquences.
selon Hegel, la principale raison est ailleurs : tout État a besoin de la guerre pour s'affirmer. Pour exister.
nous avons perdu le sens du tragique. Notre rapport au monde est trop comique pour en appréhender la fin possible.
Le calme est la marque d'une infirmité lorsque la science commande l'inquiétude. La raison exige le vertige, mais nos passions nous enchaînent à nos modes de vie, de pensée, de production, de consommation, comme si une seconde peau mettait à distance le drame qui se joue sous nos yeux pour le ramener dans des proportions acceptables, c'est-à-dire des proportions qui n'ébranlent ni nos habitudes, ni nos convictions.
Et au fond, la mort de l'humanité émeut moins que celle d'une rockstar. Elle est moins palpable, moins personnelle. Trop générale. Trop indéfinie.
Nous sommes tellement habitués au manque de sens que nous ne le voyons plus lorsqu'il nous tend les bras. Le sens est là, devant nous, et nous l'ignorons.
L'habitude, le sentiment de normalité, la certitude que ce qui nous entoure est acquis transforment notre république en coquille vide. La cité qui ne s'interroge plus sur ses origines ne vit plus réellement : elle se laisse vivre, c'est-à-dire qu'elle dépérit.
La "start-up nation" qui entend transformer les préfets en super "managers" en les intéressant financièrement à la réduction des dépenses publiques est l'aboutissement d'une lente transformation des esprits. Elle ne résoudra pas la crise car elle en est le symptôme. Et, plutôt que de chercher à dupliquer en politique les pratiques de Google et d'Uber, il nous faut aujourd'hui à réapprendre qu'une cité n'est pas une entreprise.
je souhaite bien du courage à un candidat à l’Élysée promettant aux Français qu'il va les appauvrir pour enrichir la France. Pourtant, c'est le sens même de la fiscalité républicaine : l’État appauvrit les individus pour enrichir la collectivité.