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Critique de Foxfire


Je l'avoue, les auteurs russes me font peur. Quand sont évoqués les grands noms de la littérature russe, ce sont les mots austérité et froideur qui me viennent à l'esprit. J'avais bien fait quelques rares tentatives dans mon adolescence, toutes soldées par des échecs. Il faut dire que "souvenir de la maison des morts" de Dostoïevski n'est sans doute pas le choix le plus judicieux pour se familiariser avec cette littérature. Les années passant, j'ai grandi, j'ai mûri. J'ai donc décidé de retenter l'aventure russe. Pour débuter en douceur, mon choix s'est porté sur "nouvelles de Petersbourg" de Nikolai Gogol. D'une part parce que le format cour des nouvelles permet une mise en bouche plus facile et d'autre part parce que Gogol me parait plus accessible que les géants Dostoïevski ou Tolstoï. Cette nouvelle tentative a été un succès. J'ai beaucoup aimé cette lecture.

Si "la calèche" m'est apparue comme très anecdotique et si "Rome" ne m'a pas emballée, j'ai en revanche adoré les autres nouvelles qui composent le recueil. "La perspective Nevski", "le nez", "le portrait", "le manteau" et "les carnets d'un fou" sont de formidables récits bénéficiant du grand talent de Gogol.

On pourrait louer sans fin la justesse de la caractérisation des personnages, la profondeur psychologique de ces hommes et femmes qui en quelques pages prennent vie. On pourrait louer sans fin la finesse de la peinture sociale de ces récits et la qualité des descriptions de la ville. Elles sont d'une telle précision que c'est comme si le lecteur arpentait lui-même ces rues, ces quartiers.

Gogol est surtout et avant tout un formidable conteur. Il parvient à happer le lecteur à partir d'un rien. Et il est à l'aise dans tous les registres. le drame, bien sûr. Comment ne pas être ému par le destin de Piskariov ou de Akakiévitch.
Mais aussi la comédie. Et oui, Gogol est drôle, très drôle même. Même les récits les plus tragiques sont illuminés de petites touches humoristiques savamment distillées ça et là. Que dire de la nouvelle "le nez" ?! C'est tout simplement un bijou d'humour absurde et nonsensique qui aurait presque pu être adapté par les Monty Python. de même la nouvelle "les carnets d'un fou" est très drôle, démarrant de façon assez classique puis évoluant en un crescendo complètement fou.
Gogol tâte aussi du fantastique, par petites touches subtiles et très efficaces dans plusieurs récits. La nouvelle "le portrait" offre même un passage absolument formidable dans lequel un personnage sort d'un tableau. Cette séquence terrifiante est tellement bien racontée que j'en ai eu des frissons. Gogol, maître du suspense et de l'épouvante...

Bref, ces "nouvelles de Petersbourg" m'ont fait ressentir toutes sortes d'émotions, de sensations et surtout m'ont permis de découvrir un auteur dont je ne manquerai pas de lire d'autres oeuvres. Et puis maintenant, j'ai moins peur des russes. Alors, qui sait, peut-être bientôt oserai-je Dostoïevski ou Tolstoï.

Challenge Multi-défis 2017 - 10 (item 27 : un livre d'un auteur russe)
Challenge XIXème siècle 2017 - 2
Challenge ABC 2016-2017 - 15/26
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